Tourisme - L'activité de l'hôtellerie a reculé de 9% en 2009
Le résultat n'est pas une surprise (voir nos article ci-contre), mais le chiffre est désormais officiel, avec la publication des études du cabinet spécialisé Protourisme et de KPMG : l'année 2009 restera sans aucun doute parmi les pires qu'ait jamais connue l'hôtellerie française et mondiale. Alors que l'activité touristique française dans son ensemble, sans être épargnée par la crise, en a néanmoins limité l'impact - comme le montrent les résultats de la période de Noël et du jour de l'An dans les stations de montagne (voir notre article ci-contre du 3 février 2010) -, l'hôtellerie apparaît comme le grand perdant du secteur. En 2009, l'hôtellerie française a ainsi vu s'évaporer neuf millions de nuitées, soit une baisse de 5% par rapport à 2008. Le chiffre d'affaires a reculé pour sa part de 9%, ce qui équivaut à une perte d'activité de 1,5 milliard d'euros. L'écart entre la baisse des nuitées et celle du chiffre d'affaires s'explique par la réaction des hôteliers, qui ont dû réduire les prix pour conserver un minimum d'activité. Conséquence : le Revpar (revenu par chambre disponible, qui est l'un des critères économiques clés du secteur) s'est nettement dégradé.
L'effet de la crise économique mondiale se lit également dans la répartition des pertes entre les différentes catégories d'établissements. Les quatre étoiles - très dépendants de la clientèle étrangère et du tourisme d'affaires - représentent, à eux seuls, la moitié des 1,5 milliard d'euros perdus par rapport à 2008 (-15% sur le Revpar). L'an dernier, les nuitées de la clientèle étrangère ont en effet reculé de 7,5 millions d'unités, soit une chute de 11%. Les hôtels trois étoiles sont, eux aussi, durement touchés par la crise, avec un manque à gagner de 500 millions d'euros par rapport à l'exercice précédent (-11% sur le Revpar). L'hôtellerie deux étoiles et celle dite "super économique" (zéro et une étoile) s'en tirent mieux, avec un recul de 300 millions d'euros. La baisse de l'activité y a, en effet, été compensée, pour partie, par une hausse du Revpar (respectivement 2% et 4%).
En termes géographiques, les 22 régions métropolitaines sont toutes orientées à la baisse, avec toutefois des écarts conséquents. L'Ile-de-France, qui représente environ un tiers des nuitées, subit la plus forte chute avec une baisse de fréquentation de 6%, soit une perte de 4 millions de nuitées. Paris s'en tire toutefois mieux que le reste de la région avec la perte de 1,2 million de nuitées (-4%) et réalise la "meilleure" performance de toutes les capitales européennes. Six autres régions connaissent une baisse supérieure à 4% : Rhône-Alpes et Paca (les deux principales zones touristiques derrière l'Ile-de-France), Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne et Bourgogne. A l'inverse, dix régions affichent un recul de fréquentation hôtelière inférieur à 2% : Picardie, Alsace, Pays de la Loire, Bretagne, Limousin, Auvergne, Poitou-Charentes, Basse-Normandie, Aquitaine et Corse.
L'étude de KPMG comporte en outre des "perspectives 2010-2011", qui font état d'une légère reprise à compter du deuxième trimestre 2010. Mais cette reprise restera "contrastée", au bénéfice des établissements deux et trois étoiles (pour ce qui concerne le tourisme d'affaires). Seul point positif : la crise - et le nouveau classement des établissements - vont accélérer le mouvement de modernisation de l'offre hôtelière française. Dans un contexte d'effondrement des investissements hôteliers, la France est en effet devenu l'an dernier - et de très loin - le marché européen le plus actif en la matière.
Jean-Noël Escudié / PCA