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Tourisme - Les investissements dans l'hôtellerie sont en chute libre

Comme on pouvait s'y attendre, les investissements hôteliers suivent la baisse de fréquentation, particulièrement prononcée pour les touristes étrangers, avec un recul du nombre de nuitées de 17,7% en un an (voir notre article ci-contre du 23 juillet 2009). Mais cette tendance à la baisse de l'investissement est particulièrement brutale. Selon une étude de la société CB Richard Ellis, "depuis plusieurs mois, le marché de l'investissement hôtelier est quasiment à l'arrêt". Au cours des six derniers mois, moins de 200 millions d'euros d'engagements ont été enregistrés en France dans ce secteur. Ce chiffre représente une "chute libre" par rapport au premier semestre 2008, qui avait connu un montant d'engagement de 900 millions d'euros. Au second semestre 2008, ce montant était encore de 600 millions d'euros, ce qui montre l'ampleur de la chute depuis le début de l'année.
Le recul de la fréquentation n'est pas la seule cause de ce plongeon. CB Richard Ellis pointe également les restrictions dans l'octroi du crédit, qui avaient déjà contribué au ralentissement des investissements l'an dernier et "sont toujours d'actualité". Selon l'étude, "il est extrêmement difficile de financer des actifs de taille importante". De même, les projets d'extension ou de rénovation d'hôtels existants, jugés trop risqués dans la conjoncture actuelle, sont devenus "quasiment impossibles à monter au vu des exigences des banques (marge de crédit, ration d'equity)", qui rendent aléatoire la rentabilité du projet. Dans un tel contexte, "nombreuses sont les opérations, en Ile-de-France comme en province, à avoir été abandonnées". La crise a également réduit le nombre d'acteurs présents sur le marché, avec en particulier la disparition des fonds d'investissement, seuls les opérateurs spécialisés continuant désormais d'animer le marché. Enfin, la dégradation rapide des résultats opérationnels - en particulier dans le moyen et le haut de gamme - entretient à son tour l'attentisme des acteurs en matière d'investissement hôtelier.
Selon l'étude, le mouvement n'a pas encore atteint son point bas et "la plupart des investisseurs estiment que la spirale baissière des prix n'est pas terminée". Certains attendent donc le bas du cycle pour relancer des opérations, en tablant notamment sur des ventes forcées qui pourraient se produire au second semestre 2009. Ces ventes forcées pourraient concerner les fonds d'investissement ayant acquis des biens hôteliers en haut de cycle, mais aussi des opérateurs hôteliers fragilisés par la crise et par la dégradation de leurs résultats. Seule note positive de l'étude : "L'activité devrait donc quelque peu reprendre dans les mois à venir". Une telle reprise est d'autant plus souhaitable que la chute actuelle se produit au moment où la France cherche à tirer vers le haut son offre hôtelière avec la réforme du classement des établissements et la création de la cinquième étoile.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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