Tourisme - L'hôtellerie n'échappe plus à la crise
Un temps relativement épargnée par le report de la clientèle française se détournant des séjours lointains et par la bonne tenue de la saison touristique d'hier (voir nos articles ci-contre), l'hôtellerie française est désormais entrée à son tour dans la crise économique. Dans sa note de conjoncture hôtelière du mois de mai, la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) - qui a récemment absorbé la direction du tourisme - publie les résultats du premier trimestre 2009. Ceux-ci font apparaître un recul de 13,4% du nombre de nuitées, confirmant ainsi le mouvement amorcé en août dernier et qui s'est fortement accéléré au premier trimestre 2009. Ce net recul est toutefois la résultante de deux évolutions très différentes : les nuitées concernant la clientèle française baissent de 4,3%, mais celles des clients étrangers plongent de 29,4%. Ce dernier chiffre résulte lui-même du net recul du tourisme d'affaires, le premier touché par la crise économique et qui représente, hors saison, la majeure partie de l'activité hôtelière (53,3% des nuitées enregistrées en mars). Conséquence de cette baisse du nombre de nuitées : le taux d'occupation moyen en mars 2009, toutes catégories confondues, recule de 4,7 points par rapport à mars 2008 et s'établit à 53,4%. Compte tenu du poids du tourisme d'affaires, les hôtels 3 et 4 étoiles et 4 étoiles luxe sont les plus touchés.
Dans sa note de conjoncture, la DGCIS conserve toutefois une petite note optimiste, en observant que "les fêtes de Pâques étaient en mars en 2008, alors qu'elles sont en avril cette année, ce qui contribue au recul de fréquentation" observé au premier trimestre. Il est à craindre que cet effet report reste assez limité. Deux autres études montrent en effet que la situation semble être restée médiocre au mois d'avril, malgré les vacances de Pâques. Le "Baromètre de l'activité touristique de la destination Paris Ile-de-France", réalisé chaque mois par le comité régional du tourisme, montre en effet que 61% des professionnels estiment que leur activité a baissé au mois d'avril (par rapport à la même période de 2008), 15% qu'elle est identique et 24% qu'elle est en hausse. Il s'agit toutefois là d'une enquête d'opinion réalisée auprès d'un échantillon de 300 professionnels du tourisme (au-delà de la seule hôtellerie), et non d'une étude statistique. Pour sa part, l'observatoire de la société d'études spécialisée MKG Hospitality a publié, le 11 mai, des résultats montrant "une chute de 10,7% du revenu par chambre disponible en avril 2009 par rapport au mois d'avril 2008". Réalisée à partir des résultats quotidiens recueillis auprès de 2.000 hôtels en France - soit plus de 200.000 chambres -, l'étude montre aussi que les vacances de Pâques n'ont que partiellement réussi à enrayer la baisse, sans pour autant inverser la tendance. Elle rappelle toutefois "qu'en dehors de l'Allemagne, sur le plan européen, la France se maintient bien mieux que ses voisins".
Jean-Noël Escudié / PCA