Tourisme - Classement des hôtels : Hervé Novelli lève le voile sur une réforme à dix milliards d'euros
Après la réforme du classement des communes et des stations touristiques (voir notre article ci-contre), le gouvernement entend avancer rapidement sur celle du classement des hôtels. L'objectif est de créer les conditions favorables à la mise en oeuvre du plan "Destination France 2020", qui veut préserver le rang de première destination touristique mondiale et accroître sensiblement les recettes tirées de cette activité, l'un des points faibles traditionnels de l'industrie touristique française. Dans une interview au Journal du Dimanche du 7 septembre, le secrétaire d'Etat chargé du tourisme lève le voile sur l'avancement de la réforme - qui devrait faire l'objet d'un arrêté à la fin du mois de décembre - et apporte plusieurs précisions importantes sur son contenu et sur son coût, reprises à l'occasion d'un déplacement du ministre à Deauville le 8 septembre.
Ainsi, la nouvelle grille utilisée pour le classement des hôtels pourrait comprendre 320 critères au lieu de la centaine actuelle, du moins si le gouvernement reprend intégralement la liste proposée par les syndicats hôteliers. Une vingtaine de critères constitueront le socle minimal et obligatoire pour chaque niveau d'étoile. Cette diversification des critères permettra de prendre notamment en compte des éléments comme le développement durable, l'accessibilité aux personnes handicapées, l'accès à internet... L'innovation la plus spectaculaire reste toutefois la création d'une cinquième étoile, en phase avec les classements internationaux. Celle-ci est destinée aux établissements de luxe offrant, entre autres, une surface des chambres d'au moins 16 m2 pour une personne seule et de 20 m2 pour un couple. Autre originalité : le choix des critères sera soumis à un panel de clients français et étrangers. Un critère sera validé s'il réunit l'agrément des deux tiers du panel (en tenant compte également des exigences des standards internationaux). Le secrétariat d'Etat au Tourisme va lancer prochainement un appel d'offres pour sélectionner un cabinet chargé de mener cette étude.
Hervé Novelli confirme également une petite révolution : tout en continuant ses missions sur l'hygiène et la sécurité, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) va abandonner son rôle en matière de classement au profit d'Odit France, groupement d'intérêt public (GIP) créé en janvier 2005. Ce dernier sélectionnera des organismes d'audit indépendants, qui procéderont aux visites sur place puis enverront leur rapport au préfet du département, qui accordera ou non les étoiles demandées. Cette nouvelle procédure nécessitera de passer par une loi. Celle-ci devrait être présentée en Conseil des ministres avant la fin de l'année, mais Hervé Novelli "ne [peut] pas garantir un vote du Parlement avant le printemps". En attendant, les palaces qui le souhaitent pourront demander leur cinquième étoile sur la base de la procédure actuelle. Le coût du classement - qui n'est pas obligatoire - sera à la charge des hôtels et ce dernier devra être confirmé tous les trois ou cinq ans.
Dernière précision apportée par le secrétaire d'Etat au Tourisme : le coût de la modernisation des établissements s'annonce considérable. Hervé Novelli estime en effet que 85% des 17.877 hôtels aujourd'hui étoilés devront être rénovés. Or, le coût par chambre est estimé de 6 à 10.000 euros pour un simple hôtel une étoile. Le coût total devrait donc s'élever à 10 milliards d'euros, étalé toutefois sur plusieurs années dans la mesure où les hôtels candidats au nouveau classement y entreront progressivement sur la période 2010-2012. Pour aider les établissements à faire face aux investissements nécessaires, le gouvernement travaille avec Oseo et la Caisse des Dépôts (CDC) à la mise en place de financements dédiés. Ceux-ci pourraient prendre la forme de prêts à des conditions avantageuses pour les petits hôtels, tandis que "pour les plus grosses entreprises, la CDC pourrait prendre des participations".
Jean-Noël Escudié / PCA