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Offre de soins - L'accessibilité potentielle localisée : une autre façon de voir l'accès aux soins

Une étude de l'Irdes propose une approche innovante pour refléter la réalité de l'accès aux soins dans un cadre territorial. Avec des résultats sensiblement différents de ceux obtenus par les études de densité médicale traditionnelles.

L'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) publie une étude qui aborde une question traditionnelle sous un angle nouveau. Cette étude propose en effet rien de moins qu'un "indicateur original et enrichi de mesure de l'accessibilité spatiale aux soins, appliqué ici aux médecins généralistes libéraux". Baptisé "accessibilité potentielle localisée" (APL), cet indicateur entend répondre "aux principales critiques faites aux indicateurs usuels d'accessibilité aux soins, tout en restant relativement aisé à calculer dans la mesure où il mobilise des données facilement disponibles".

Une double originalité

Sur le plan méthodologique, cet outil présente une double originalité. D'une part, plutôt que de se contenter d'un simple ratio entre l'effectif de médecins libéraux et celui de la population, il tient compte du niveau d'activité des médecins pour mesurer l'offre et du taux de recours différencié par âge des habitants pour mesurer la demande. D'autre part, il est calculé au niveau de chaque commune, mais prend également en considération l'offre de médecins et la demande des communes avoisinantes.
Cette approche innovante, supposée refléter la réalité de l'accès aux soins dans un cadre territorial, donne des résultats assez nettement différents de ceux obtenus par les études de densité médicale traditionnelles. Ainsi, en 2010, l'accessibilité potentielle localisée (APL) moyenne est, sur la France entière, de 71 équivalents temps plein (ETP) de médecins généralistes libéraux pour 100.000 habitants. Les écarts peuvent être très importants d'une commune à l'autre, mais ils concernent des populations très faibles. Ainsi, 0,20% des habitants seulement (environ 130.000 personnes) ont une accessibilité nulle aux médecins généralistes car vivant à 15 minutes ou plus du cabinet le plus proche. A l'inverse, 0,22% des habitants (140.000 personnes) vivent dans une commune où l'accessibilité est supérieure à 141 ETP de médecins généralistes pour 100.000 habitants, soit le double de la moyenne nationale. En revanche, 90% de la population française vit dans des communes où l'APL est comprise entre 31 et 111 ETP de médecins généralistes pour 100.000 habitants. Les cartes présentées à l'appui de l'étude apparaissent ainsi plus équilibrées que les cartes traditionnelles, même si l'on distingue toujours le traditionnel tropisme littoral. 

Les petites communes rurales isolées ne s'en sortent pas si mal

En termes sociodémographiques, les meilleurs résultats s'observent dans les communes des moyens ou petits pôles (81 ETP de médecins généralistes pour 100.000 habitants), dans les communes des grands pôles urbains (75 ETP) et dans les communes urbaines des couronnes des grands pôles (75 ETP). Les moins bons résultats concernent les communes des couronnes des moyens ou petits pôles (53 ETP) et les communes rurales des couronnes des grands pôles (52 ETP). Pour leur part, les communes isolées hors influence des pôles ne s'en sortent pas trop mal avec 65 ETP. Les communes rurales isolées apparaissent ainsi mieux loties que les communes rurales périurbaines. Si l'on tient compte de l'âge des médecins - et donc des difficultés prévisibles de remplacement -, les jeunes médecins généralistes apparaissent nettement plus accessibles dans les grandes aires urbaines.
Cette approche par l'APL donne ainsi une vision originale et sans doute plus réaliste de l'accès aux médecins généralistes en fonction de la localisation géographique. Seul point faible : les résultats sont extrêmement sensibles au seuil de distance utilisé. Pour son étude, l'Irdes a pris en compte les médecins situés à moins de 15 minutes de la commune de résidence (ce qui correspond à 84% des consultations auprès de généralistes libéraux effectivement réalisées en 2010, 60% de ces consultations s'étant même déroulées à moins de cinq minutes). Au-delà de 15 minutes, l'accessibilité est donc supposée nulle. Mais le choix d'une autre limite que celle des 15 minutes aboutirait à des résultats sans doute sensiblement différents.

 

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