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Accès aux soins - Pas d'inquiétude pour la démographie des sages-femmes

Les collectivités inquiètes de la dégradation de la couverture médicale de leur territoire apprécieront cette lueur d'optimisme : si l'évolution de la démographie des médecins généralistes donne de sérieuses raisons de s'inquiéter, il en va en revanche très différemment pour les sages-femmes. Une publication de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux montre en effet que cette profession connaît une évolution démographique favorable. Cette projection devrait également rassurer les départements, qui comptent parmi les principaux employeurs, avec près de 1.000 sages-femmes dans leurs services de protection maternelle et infantile (voir notre article ci-contre du 20 février 2012).
Au 1er janvier 2011, 18.800 sages-femmes exerçaient ainsi leur activité en métropole et dans les DOM. Le profil de cette population présente plusieurs atouts favorables. Tout s'abord, il s'agit d'une population plutôt jeune et qui a donc encore plusieurs années d'exercice devant elle, la durée moyenne d'activité d'une sage-femme étant d'environ 30 ans. La moitié d'entre elles ont en effet moins de 40 ans (alors que l'âge moyen des médecins généralistes se situe un peu en dessous de 52 ans). Cette situation s'explique par le fait que cette profession a progressé de façon régulière au cours des vingt dernières années (3% par an en moyenne entre 1990 et 2000 et 2% par an depuis 2000), contrairement aux évolutions erratiques provoquées par le numerus clausus chez les étudiants en médecine. Le numerus clausus des étudiantes sages-femmes a connu au contraire des évolutions modérées et à la hausse, progressant chaque année entre 1 et 4%. Qui plus est, le nombre de sages-femmes a augmenté plus rapidement que celui des femmes en âge de procréer, autrement dit que les effectifs de leur clientèle potentielle. Au début de 2011, la France comptait ainsi 126 sages-femmes pour 100.000 femmes de 15 à 49 ans, alors que ce nombre n'était encore que de 77 en 1991.
En termes de mode d'exercice, les établissements de soins restent les principaux employeurs de sages-femmes : 74% d'entre elles sont salariées de tels établissements, dont 58% dans le secteur public et 16% dans le secteur privé. L'exercice libéral représente 18% de la profession - mais ses effectifs ont progressé de 7% par an entre 2000 et 2010 -, tandis que 8% des sages-femmes sont salariées non hospitalières, dont la moitié dans les services de PMI des départements.

Des évolutions favorables à long terme

A ce tableau plutôt positif s'ajoutent des prévisions à moyen et long terme également favorables. Le nombre de sages-femmes devrait continuer de croître, mais à un rythme un peu moins soutenu (environ 1,8% par an). Leur nombre atteindrait ainsi 26.100 en 2030, soit 40% de plus qu'en 2011. Compte tenu de cette progression, l'âge moyen resterait quasi inchangé à cette échéance, autour de 41 ans.
Deux bémols sont toutefois à prendre en compte. D'une part, la diminution du nombre de gynécologues obstétriciens entre 2011 et 2020 va conduire à renforcer le rôle des sages-femmes. Cette évolution a d'ailleurs déjà été anticipée par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009, qui étend les compétences des sages-femmes. La hausse des effectifs et la baisse consécutive du nombre de naissances par sage-femme et par an pourraient donc être en partie absorbées par l'extension des interventions de ces professionnelles de santé. D'autre part, si les sages-femmes salariées d'établissements de santé sont bien réparties sur le territoire, les libérales sont tout autant concernées que les médecins par le tropisme de la Méditerranée et de l'Atlantique, ce qui aboutit à des densités variant de 1 à 12 selon les départements. Un déséquilibre qui pourrait être progressivement - et partiellement - réduit grâce à l'accord de régulation territoriale signé avec l'assurance maladie (voir notre article ci-contre du 17 janvier 2012).