Accès aux soins - Permanence des soins : la relance de 2011 n'empêche pas les signaux d'alerte
Le Conseil national de l'Ordre des médecins publie les résultats de son enquête annuelle sur l'état des lieux, au 1er janvier 2012, de la permanence des soins (PDS) assurée par les médecins généralistes. Le bon fonctionnement de cette permanence constitue un élément essentiel pour l'accès aux soins, notamment dans les zones à faible densité de population. Après une année 2010 décevante (voir notre article ci-contre du 4 mars 2011) - les agences régionales de santé ayant mis du temps à se saisir du dossier -, 2011 a connu une certaine accélération, avec l'élaboration des cahiers des charges régionaux et leur déclinaison au niveau départemental. Le conseil national observe toutefois que seuls trois cahiers des charges régionaux ont été arrêtés l'an dernier. Il ne manque d'ailleurs pas de souligner que, sur la question de la PDS, "les ARS prennent leur temps". Il n'y voit pourtant pas un échec. D'une part, il n'y a pas à reprocher aux ARS "de prendre le temps de la concertation". D'autre part, "il n'y a pas nécessairement lieu de s'en plaindre : dans une majorité de départements, la permanence des soins au 1er janvier 2012 fonctionne bien et donne satisfaction aussi bien aux patients qu'aux médecins".
De façon générale - et comme de coutume sur le sujet -, le conseil national se veut résolument optimiste sur la PDS : "L'enquête 2012 démontre une nouvelle fois que les médecins continuent à assumer vis-à-vis de la population leurs responsabilités professionnelles sur l'ensemble du territoire national." Le détail des résultats est toutefois plus nuancé. Ainsi, la permanence des soins regroupe 2.267 secteurs au 1er janvier 2012, contre 2.331 un an plus tôt et 3.770 au début de 2003, lors de la première enquête annuelle. De plus, le découpage en secteurs reste toujours aussi disparate, le nombre de secteurs d'un département n'étant pas vraiment lié à sa population ou à la densité de ses médecins généralistes.
Le grand désert de la nuit profonde
L'enquête met également en évidence les chiffres "modestes" de la sur-sectorisation (regroupement de plusieurs secteurs) durant la nuit profonde, autrement dit de 0h à 8h. A ce jour, elle existe dans 27 départements - le plus souvent sur une partie seulement du territoire - et regroupe 333 secteurs. Elle est pratiquée surtout dans les départements urbains. Mais, de façon générale, "dans presque la moitié des secteurs, la permanence des soins assurée par les médecins libéraux s'arrête à minuit" et ce processus "s'étend lentement mais inexorablement sur le territoire". Cette évolution renvoie à la question délicate du relais avec les services hospitaliers, qui "est souvent survolée par les cahiers des charges".
Autre signal d'alerte : si le pourcentage de médecins volontaires pour la PDS reste supérieur à 60% dans plus des deux tiers (71%) des départements, un certain nombre de difficultés continuent de se faire jour. Ainsi, 28% des conseils départementaux déclarent faire face à un déclin du volontariat, pour seulement 10% qui observent une amélioration, le reste faisant état d'une stabilité. De même, 53 conseils départementaux déclarent avoir dû intervenir pour compléter le tableau des gardes, mais seuls 26 indiquent y être parvenus.
La situation semble en revanche plus satisfaisante sur la participation des médecins libéraux à la régulation médicale des urgences. Dans 98 départements, des médecins libéraux participent à cette régulation, ce qui représente au total 2.537 praticiens. Enfin, 83 conseils départementaux déclarent l'existence de sites dédiés à la permanence des soins - à l'image des maisons médicales de garde -, mais ils "restent inquiets sur la fragilité du financement de ces sites".