La qualité de l'air en amélioration sensible mais quelques points noirs persistent
La qualité de l'air, l'une des principales préoccupations environnementales des Français, ne cesse de s'améliorer depuis vingt ans même s'il reste quelques points noirs comme des dépassements des normes européennes sur les particules fines et les oxydes d'azote dans certaines régions.
"La qualité de l'air s'améliore, mais on a toujours des problématiques importantes sur un certain nombre de polluants : le dioxyde d'azote (NO2), les particules, le benzène et l'ozone", a indiqué ce 19 septembre Frédéric Bouvier, directeur d'Airparif, l'organisme de surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France, au cours d'une conférence de presse. L'amélioration est "sensible", a souligné Eva Leoz, directrice exécutive du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air (LCSQA). Tous deux présentaient les tendances de la qualité de l'air ces 20 dernières années à partir d'un rapport du LCSQA publié à l'occasion de la Journée nationale de l'air qui se déroule ce mercredi 20 septembre.
Sur la période ciblée, 2000-2010, "les concentrations de dioxyde d'azote(NO2) dans l'air ambiant ont baissé de 17,3%", selon le rapport. "Un progrès et une diminution qui s'accentuent au-delà de 2010", relève Eva Leoz, avec "des progrès beaucoup plus notables" dans les grandes agglomérations et l'est de la France. En Ile-de-France par exemple, "en 2006, 4 millions de Franciliens respiraient un air au-delà de la valeur limite européenne", un chiffre tombé à 1,4 million en 2016, indique Frédéric Bouvier. "La problématique majeure est dans le coeur des agglomérations et le long des axes routiers", précise-t-il. Les oxydes d'azote, en particulier le dioxyde d'azote, sont des gaz nocifs pour le système respiratoire, émis notamment par les moteurs diesel. Le NO2 contribue en outre à la formation d'ozone, un autre polluant, lors des journées chaudes et ensoleillées.
"Pression importante" de l'UE
Concernant les particules, ces micro-poussières en suspension dans l'air qui s'infiltrent profondément dans les voies respiratoires, "on observe une diminution importante", note Eva Leoz. Selon le rapport, la concentration de particules PM10 - celles dont le diamètre est inférieur à 10 microns - a baissé de 15,1% entre 2000 et 2010. "Toutes les régions sont concernées par cette amélioration même si, malheureusement, on observe encore quelques niveaux élevés qui donnent lieu à des épisodes de pollution", constate Eva Leoz. Ces particules PM10 proviennent directement des combustions industrielles et domestiques, et des transports (diesel). Selon l'agence Santé Publique France, la pollution aux particules entraîne 48.000 morts prématurées dans le pays.
Les pics d'ozone (O3), quant à eux, "ont été réduits de 3,8%", selon le rapport. Les régions les plus touchées par ce polluant "sont plutôt celles du sud de la France où l'ensoleillement favorise des niveaux élevés d'ozone", relève Frédéric Bouvier, soulignant que cette tendance risque de s'aggraver avec le réchauffement climatique.
Pour les années les plus récentes, "ces tendances à la baisse des niveaux de particules et des pics d'ozone se confirment, voire s'accentuent", selon le rapport. La France reste cependant un mauvais élève en Europe pour les particules et le dioxyde d'azote. De ce fait, elle subit "une pression importante" de l'Union européenne (UE) "avec un contentieux en cours" pour ces deux polluants, rappelle Frédéric Bouvier.
Sommé cet été par le Conseil d'Etat d'agir au plus vite, le gouvernement a jusqu'au 31 mars 2018 pour ramener les concentrations de PM10 et de N02 en dessous des valeurs limites autorisées dans l'UE, dans les zones où elles étaient encore dépassées en 2015. C'était le cas dans douze zones pour le dioxyde d'azote (Paris, Marseille, Grenoble, Lyon, Strasbourg, Toulouse...) et dans trois pour les particules (Rhône-Alpes, Paris, Martinique).
Dès le lendemain de cette injonction, le gouvernement a assuré qu'il prendrait "toutes les mesures qui s'imposent dans les mois à venir".
Les principales mesures existantes concernent les pics de pollution (réduction de vitesse, pastilles de couleur) mais de l'avis des spécialistes, la pollution "de fond", au quotidien et non pas pendant un pic, est la plus problématique.