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Environnement / Transports - Circulation alternée en Ile-de-France, restrictions en Rhône-Alpes, pics de pollution dans plusieurs autres régions

Pour la quatrième fois en 20 ans, la circulation alternée a été mise en place ce mardi 6 décembre à Paris et dans 22 communes de la petite couronne. Seuls les véhicules dont le numéro sur la plaque d'immatriculation est pair pouvaient circuler.
De nombreux contrevenants n'avaient pas respecté l'interdiction, sachant que les restrictions ne s'appliquaient pas aux voitures utilisées pour le covoiturage et que pas mal d'autres dérogations étaient prévues. De fait, les bouchons ont été massifs en Ile-de-France et ont même dépassé les niveaux qualifiés d'"exceptionnels". Les transports en commun, gratuits ce mardi, ont toutefois connu une forte affluence.
L'interruption du trafic survenue dans les deux sens sur le RER B entre Paris et l'aéroport Roissy-CDG (ligne qui transporte habituellement près de 900.000 voyageurs par jour), à cause d'une rupture de caténaire, ne pouvait tomber à pire moment. Dans un tweet, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a d'ailleurs demandé "une tolérance" au préfet de police vis-à-vis des automobilistes du fait de cette fermeture de la ligne B.
La préfecture de police annonçait dans l'après-midi que le dispositif de circulation alternée serait reconduit pour une deuxième journée, ce mercredi 7 décembre, toujours à Paris et dans les mêmes 22 communes de la petite couronne. Cette fois, seuls les véhicules dont le numéro est impair pourront circuler (hors covoiturage et dérogations). Airparif, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air dans la capitale, prévoyait pour ce mercredi un "possible dépassement du seuil d'alerte pour la pollution aux particules".
Le pic dure depuis une semaine. Le "seuil d'alerte" - une concentration supérieure à 80 microgrammes/m3 de particules fines dans l'air - a déjà été effectivement franchi pendant deux jours de suite la semaine dernière en Ile-de-France.

Lyon : les poids-lourds en question

Mais la région capitale n'est pas la seule concernée. Le pic de pollution qui sévit depuis lundi à Lyon et dans les zones urbanisées des Alpes s'est étendu mardi à la vallée du Rhône et à l'ouest de l'Ain, placés eux aussi en niveau alerte 1. Cet épisode est d'abord lié à l'utilisation accrue de chauffages d'appoint ou à bois face aux froides températures, mais il tient aussi au trafic routier, précise dans un communiqué Air Rhône-Alpes, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air dans la région. L'alerte est maintenue à Lyon et aux alentours, dans les bassins de Chambéry, d'Annecy et dans la Vallée de l'Arve. Mercredi, l'épisode de pollution devrait se poursuivre. Selon la préfecture du Rhône, le taux de particules fines a atteint en région lyonnaise 76 microgrammes par mètre cube d'air lundi et devrait dépasser les 80 µg/m3 mardi.
Dans ces conditions, les autorités recommandent de maîtriser la température de son logement (à 19 degrés maximum) et de limiter les déplacements en voiture.
Par ailleurs, cette alerte s'accompagne d'une série de restrictions / interdictions : interdiction des débroussaillages par le feu, d'utiliser des groupes électrogènes et abaissement de 20 km/h de la vitesse sur les routes et autoroutes.
A Lyon, les écologistes réclament la mise en place de la circulation alternée. Et dans la vallée de Chamonix-Mont-Blanc, la communauté de communes souhaite une "régulation effective de la circulation des poids lourds en transit", très nombreux dans cette vallée transfrontalière. Concernant les poids lourds, la préfecture de Haute-Savoie indique qu'elle pourrait interdire, en concertation avec sa voisine de Savoie, la circulation des camions les plus polluants uniquement si le taux dépassait les 80 µg/m3 sur sa zone. Lundi, le taux avait atteint le 56 µg/m3.

Circulation alternée : une efficacité non avérée

L'épisode de pollution va s'étendre aux régions Hauts-de-France, Normandie, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, a annoncé la direction générale de la Santé, qui appelle à la "vigilance", en particulier pour "les plus fragiles".
Les particules fines (d'un diamètre inférieur à 2,5 microns) sont particulièrement nocives pour la santé. Pénétrant dans les ramifications profondes des voies respiratoires et dans le sang, elles peuvent générer des cancers, de l'asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. Le dioxyde d'azote NO2, que rejettent surtout les moteurs diesel, favorise, lui, l'asthme, voire les affections pulmonaires chez l'enfant.
Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), en Ile-de-France, le trafic routier est responsable des deux tiers des émissions de dioxyde d'azote et de 55% des émissions de particules à Paris. Selon Airparif, 1,6 million de Franciliens, et un Parisien sur deux, sont exposés "à un air qui ne respecte pas la règlementation".
Le dispositif de circulation alternée avait été instauré en région parisienne lors de pics de pollution en octobre 1997, puis reconduit en mars 2014 et en mars 2015. Mais son efficacité est questionnée. La circulation alternée "ne rime à rien car elle ne cible pas les véhicules les plus polluants", tranchait au printemps dernier un rapport parlementaire. La mesure avait eu un effet limité après le pic de pollution de mars 2014, avait constaté Airparif. Son impact aurait été supérieur si, au lieu de cibler les véhicules en fonction de leur plaque d'immatriculation, ils l'avaient été en fonction de leurs niveaux de pollution, relevait-il.
Un nouveau dispositif, basé sur un système de vignettes, doit remplacer la circulation alternée début 2017.