Culture / Développement local - La librairie indépendante, "acteur dans la ville"
Alors que les fêtes approchent et que les commerces commencent à se remplir, le cadeau le plus prisé cette année n'est ni la tablette, ni le drone, mais… le livre (*). Un engouement qui a de quoi réjouir les libraires indépendants. Pour capitaliser sur cette période faste et se donner des armes contre les géants du web et les grands magasins culturels, le Syndicat de la librairie française (SLF) lance une vaste campagne de communication visant à promouvoir les quelque 3.000 librairies indépendantes françaises. Il s'agit de "communiquer pour renforcer l'attractivité du réseau des librairies indépendantes et déclencher le 'réflexe' librairies indépendantes auprès des clients".
"Entrez ailleurs..."
La campagne de fin 2014 repose sur "une identité collective" correspondant à un logo en forme de L "à fort pouvoir d'évocation", un message – "Entrez ailleurs..." – qui invite les visiteurs "à vivre autre chose", à flâner "de livre en livre" et un site internet dédié. Ce dernier propose un outil de géolocalisation répertoriant d'ores et déjà 1.500 librairies et destiné à être complété petit à petit.
Pour fidéliser davantage de lecteurs, les libraires entendent promouvoir leurs spécificités : offre diversifiée et qualité du conseil, mais aussi proximité et dimension sociale et citoyenne. Une librairie crée des emplois – à proportions égales, "deux fois plus que dans les grandes surfaces culturelles, trois fois plus que dans la grande distribution et quinze fois plus que la vente en ligne". Et, "au-delà de son rôle commercial", le libraire est "impliqué dans la vie culturelle de sa ville, de son quartier par des festivals, des invitations d'auteurs, des débats, des actions vis-à-vis des jeunes publics, des coopérations avec les écoles, les bibliothèques, les associations, les universités…" Pour Guillaume Husson, délégué général du SLF s'exprimant sur le site internet du ministère de la Culture, "la librairie est de plus en plus un acteur dans la ville".
Commerce du livre : les librairies sont aujourd'hui le "circuit physique qui résiste le mieux"
Issue d'une concertation menée "auprès de plusieurs dizaines de libraires, de leurs associations et groupements, ainsi qu'auprès de clients", cette campagne est présentée comme "la première étape d'une stratégie de communication qui se poursuivra avec, dès 2015, de nouvelles actions et déclinaisons".
Alors que la France "dispose du réseau le plus dense au monde" de librairies indépendantes, cette mobilisation suffira-t-elle à sauver les plus fragiles d'entre elles ? Le SLF, qui fédère 600 librairies, veut croire à un avenir meilleur. "Malgré une baisse depuis plusieurs années (- 8% entre 2003 et 2012), les librairies indépendantes sont le circuit physique qui résiste le mieux aujourd'hui", peut-on lire dans le dossier de presse de présentation de la campagne. Par ailleurs, une part importante des libraires s'adapte désormais à la concurrence subie, puisque 37% d'entre eux font de la vente en ligne de livres "papier" et la vente en ligne de livres numériques émerge aussi (une centaine de librairies concernée). Mais les librairies ont aussi, comme l'encourage le SLF, tout intérêt à miser sur ce qui les rend uniques – le lieu et l'accueil, le rôle d'animation de la vie locale, le lien avec les habitants. A Chatou (Yvelines), la librairie "Comme un roman", fermée pour cause de difficultés financières, a ré-ouvert ses portes en septembre dernier, avec l'aide de plusieurs de ses clients.
Caroline Megglé
(*) "Pour la première fois", constate Deloitte qui a publié le 13 novembre 2014 la 17e édition de son "étude de Noël", "le livre arrive en première place des cadeaux souhaités et offerts" (étude sur les intentions d'achats des consommateurs européens pour les fêtes de fin d'année).
