Culture - L'accès aux librairies, privilège des villes au détriment du périurbain
L'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France (Iaurif) publie une "analyse cartographiée", intitulée "Quelle place pour la librairie sur le territoire francilien ?". Ce travail doit prendre place ultérieurement dans un "Atlas du livre francilien", qui doit être élaboré par l'Iaurif et le MOTif (observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France). Certes, le cas de l'Ile-de-France est particulier, compte tenu de la place historique de Paris dans l'édition et dans la librairie. Mais il n'en est pas moins éclairant sur la situation des territoires en matière d'accès au livre, du moins par le biais des librairies.
Ainsi, l'étude cartographie 1.384 point de vente de livres neufs en Ile-de-France au 31 décembre 2011 : 563 librairies générales et spécialisées, 402 librairies-papeteries et/ou presse, 235 grandes surfaces alimentaires (avec un rayon librairie), 62 grandes surfaces spécialisées culture et 122 grands multispécialistes. Mais, comme l'observent l'Iaurif et le MOTif, ces équipements culturels sont très concentrés. Ainsi, Paris détient 40% des points de vente, l'agglomération 52% et le reste de l'Ile-de-France 8%. Si l'on s'en tient aux seules librairies, Paris concentre près de 50% de l'offre.
Au final, 60% des communes de l'agglomération parisienne disposent d'au moins un point de vente de livres. Mais l'étude dénombre 23 communes de plus de 20 000 habitants - majoritairement en Seine-Saint-Denis et en Essonne - qui n'ont ni librairie, ni librairie-papeterie-presse, ni grande surface culturelle. De même, si toutes les communes de plus de 100.000 habitants comptent au moins une librairie, certaines n'en comptent qu'une seule, ce qui correspond à une offre très faible au regard du nombre d'habitants. C'est notamment le cas à Aubervilliers ou Saint-Denis. Comme le relève l'étude, "sans l'aide des pouvoirs publics, l'implantation de points de vente dans ces communes socialement fragiles semble difficile". Plus on s'éloigne de la capitale, plus le tissu de librairies "se désagrège". Ainsi, dans l'agglomération, 48% des communes n'ont pas de librairie. Ces communes sont toutefois trois fois moins peuplées (1,8 million d'habitants) que celles pourvues d'au moins une librairie (6,4 millions).
L'Iaurif explique ces déséquilibres à la fois par "l'effet de la surabondance de l'offre culturelle parisienne" et par le fait que, dans le périurbain, "la faible densité de population, le caractère rural de certaines zones, la faiblesse du niveau de vie ne favorisent pas l'existence de commerces de livres".