Emploi - La GPEC territoriale résistera-t-elle à l'après-crise ?
Le séminaire organisé par la Direction générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) le 28 mai sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) territoriale a été l'occasion pour le gouvernement de dresser un bilan positif de ces démarches. "La GPEC territoriale, c'est 300 projets environ qui ont permis de toucher directement ou indirectement 80.000 bénéficiaires en 2009, des salariés généralement de premier niveau de qualification et très majoritairement issus de TPE et de PME", a détaillé Bernard Martinot, le délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle. "L'effort financier est important : 21 millions d'euros de la part de l'Etat en 2009, qui ont permis de mobiliser 47 millions d'euros de la part des collectivités territoriales, des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), du Fonds social européen (FSE), ou encore des entreprises", a-t-il précisé.
Pour favoriser l'utilisation de la GPEC à l'échelle des territoires, la DGEFP a mis au point un guide d'action destiné aux collectivités territoriales et aux entreprises et conçu comme un appui à la réflexion pour prendre en charge des actions et conduire des projets. "L'Etat a élaboré plusieurs outils, comme le dispositif Edec (engagements de développement de l'emploi et des compétences), l'Adec (action de développement de l'emploi et des compétences), la politique de revitalisation, le contrat de transition professionnelle ; il y a aussi une prise de conscience des partenaires sociaux et une volonté des collectivités de s'emparer de ces sujets, à travers les maisons de l'emploi notamment", s'est félicité Bernard Martinot, précisant que la crise économique et financière que la France a traversée a "au moins provoqué des réflexes assez sains".
La GPEC résistera-t-elle à l'après-crise ? D'après les participants au séminaire, de nombreuses démarches de GPEC ont été menées en réaction à la crise justement. Ainsi, la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, qui était avant la crise citée en exemple pour son dynamisme, avec seulement 5% de chômage, a subi de plein fouet la crise. Son activité a chuté de 60% en 2008, après 30% d'augmentation en 2007 ! Une situation qui a amené les acteurs locaux à réagir, avec l'aide du commissaire à la réindustrialisation Rhône-Alpes nouvellement nommé, Gérard Gascino. La GPEC est alors utilisée pour faire monter en gamme les offres proposées auparavant par la vallée, principalement spécialisée dans le décolletage et la mécanique de précision.
La question du pilotage et du périmètre
Autre exemple de GPEC provoquée par la crise : la plateforme de sécurisation des parcours mise en place par la maison de l'emploi Amont 78 pour accompagner les salariés précaires alors qu'ils sont encore en emploi. A chaque fois, un même constat : "la crise n'a été qu'un accélérateur pour mettre en évidence des constats déjà faits", a ainsi expliqué Eric Dubois, directeur de la maison de l'emploi Amont 78, et la même difficulté : faire perdurer la démarche de GEPC après la crise.
"La GPEC avant la crise était plutôt considérée comme un luxe sauf pour quelques territoires. La crise est une opportunité de ce côté-là, mais avec l'embellie, on risque de retrouver des pratiques plus habituelles…", explique à Localtis Gérard Gascino, commissaire à la réindustrialisation. La solution, selon lui : être sur une logique de "management territorial par les compétences". Mais reste la question du périmètre à privilégier. "Le territoire, c'est le bassin de vie, déterminé par le projet élaboré par les acteurs appelés à conduire l'action pour le maintien et le développement de l'emploi", a pour sa part estimé Jean-François Robinet, sous-directeur en charge des mutations économiques à la DGEFP. Un territoire à définir, donc, pour chaque projet. Autre problème : le pilotage. "Il est nécessaire d'avoir un leader, une structure porteuse capable de jouer le rôle d'ensemblier, et dans ce domaine, les comités de bassin d'emploi et les maisons de l'emploi peuvent jouer un rôle", a précisé Bernard Martinot, soulignant que dans le cas des maisons de l'emploi, c'est devenu une obligation dans le cadre de leur nouveau cahier des charges.
Pour poursuivre l'élan constaté autour de la GPEC, la DGEFP va lancer des séminaires régionaux et interrégionaux, dont l'organisation est en cours, et compte bien poursuivre son soutien aux démarches de GPEC territoriale.
Emilie Zapalski