Ecole primaire - La gestion du temps à l'école "se complique" selon un rapport des inspections générales de l'Education
"Il devient indispensable de clarifier la ligne de partage de responsabilité entre l'Etat et la commune qui se faisait jusqu'à présent entre le scolaire et le périscolaire", soulignent les deux inspections générales, Igen et IGAENR, dans leur rapport sur "la mise en oeuvre de la réforme de l'école primaire", daté de juillet 2009 et mis en ligne début septembre. L'année scolaire 2008-2009 a été "une année exceptionnelle de réforme de l'enseignement primaire" reconnaissent les auteurs. "Exceptionnelle par le nombre de mesures mises en oeuvre tout au long de l'année et par leur diversité touchant tous les domaines." Le rapport fait le point sur les quatre mesures de cette réforme : la suppression des classes le samedi matin, l'accompagnement éducatif dans les écoles de l'éducation prioritaire, les nouveaux programmes et la mise en œuvre, dans toutes les écoles, de l'aide personnalisée. La gestion du temps à l'école "se complique" constate les rapporteurs : le temps d'ouverture de l'école comporte actuellement des activités sous responsabilité de l'Education nationale et des activités sous responsabilité municipale ou associative, des activités sur temps scolaire (jours de classe) et hors temps scolaire (mercredi et vacances scolaires). La généralisation de la semaine scolaire sur quatre jours a été conduite, "non sans quelques difficultés dans des villes ou des départements qui avaient précédemment opté pour la scolarisation du mercredi", souligne le rapport.
"L'évolution souhaitable de la situation n'est pas dans le retour au samedi matin, que personne ne revendique, mais dans la scolarisation du mercredi matin, en vue d'alléger la journée de travail scolaire dans une semaine rééquilibrée." La mission va plus loin dans son analyse : "On ne peut attendre des conseils d'école qu'ils proposent des calendriers territorialement harmonisés, des maires qu'ils augmentent le budget de fonctionnement des écoles, des conseils généraux qu'ils financent plus de jours de transport scolaire." Le rapport se fait l'écho d'une "stratégie du changement plus nettement formulée : celle-ci relève de l'autorité ministérielle, qui doit fixer le cap, prendre le temps de la concertation avec les collectivités territoriales pour définir les délais nécessaires à la réorganisation des activités et des services".
Un besoin d'évaluation
Concernant les stages de remise à niveau, ils ont été en forte progression pendant la dernière année et leur succès "montre que le service répond à l'attente des familles notamment en milieu rural où l'offre éducative est réduite". Néanmoins la mission d'inspection générale relève que "dans plusieurs communes, on note l'opposition (ou le manque de coopération) du maire au sujet de l'ouverture des écoles, son refus d'accueillir des élèves d'autres communes, etc. Dans quelques cas, l'intervention du sous-préfet a été nécessaire pour débloquer la situation". "Il conviendrait d'évaluer les effets de ces stages avant d'en repenser l'organisation et l'offre", préconisent donc les auteurs.
Quant à l'accompagnement éducatif dont "le démarrage limité aux écoles de l'éducation prioritaire [a été] assez lent", on peut en attendre " l'amélioration de la coordination avec les activités offertes dans le cadre municipal ou associatif". On retrouve ici "la même problématique que sur le temps scolaire", résume le document. Enfin, dans leur chapitre sur la gestion du temps, les auteurs ont bien évidemment abordé la question de la direction de l'école et du rôle du directeur. "Est-il encore acceptable que le directeur d'école ait plusieurs 'employeurs' et souvent au moins deux, l'Etat et le maire, et que, dans cette circonstance, le maire puisse s'opposer à ce que le directeur mette en oeuvre une politique de l'Etat ?", interrogent-ils. "Le rôle du directeur évolue et le système de décharges devient obsolète", poursuivent-ils.
Les deux rédacteurs Philippe Claus et Odile Roze souhaitent que leur étude n'ait pas une diffusion restreinte, au sein même de l'administration centrale à l'instar des précédentes notes de synthèse sur le sujet.
Catherine Ficat