Education - Direction d'école : sept mesures pour sortir de l'impasse
Des négociations sur la direction d'école entre les quatre principaux syndicats d'enseignants de l'école primaire et le ministère de l'Education nationale ont débuté le 10 avril. Le ministère a proposé aux organisations syndicales (Snuipp-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT et Snudi-FO) un protocole comprenant sept mesures sur le dossier "direction et fonctionnement de l'école". Il espère ainsi la fin "complète et immédiate" du mouvement de grève administrative des directeurs d'école, mouvement entamé depuis 2000.
Plus de la moitié des directeurs, selon l'intersyndicale, sont en grève administrative pour réclamer "plus de temps et plus de moyens pour accomplir des missions de plus en plus complexes et nombreuses". Plusieurs réunions entre le cabinet de Gilles de Robien et les syndicats en novembre et décembre 2005 avaient abouti à la constitution de quatre groupes de travail. Cette concertation a porté sur l'évolution des missions des directeurs d'école, les conditions de travail, les écoles en milieu rural et urbain difficile. Un dernier groupe a travaillé sur la place de la direction d'école dans la formation initiale et continue des enseignants. Les négociations entamées le 10 avril poursuivent plus en avant ces réflexions.
Le temps de décharge
Les missions des directeurs sont devenues plus complexes et diversifiées. Un document élaboré en janvier dernier par la direction de l'encadrement scolaire et les syndicats constate que "la gestion du temps et le partage entre les différents champs d'action sont des préoccupations fortes". Le directeur doit, en plus de sa fonction d'enseignant, animer et coordonner l'équipe enseignante, accueillir les parents et être le correspondant entre l'école et ses partenaires. Le directeur est ainsi le principal interlocuteur des autorités locales : le maire de la commune ou le président de l'établissement public de coopération intercommunale. Or "le tissu local apparaît plus difficile à aborder" souligne ce document.
Actuellement, seuls les directeurs d'école de plus de douze classes sont entièrement dispensés de cours. Ils bénéficient de décharge pouvant aller jusqu'à des mi-temps lorsque l'école compte entre cinq et douze classes. A moins de cinq classes, et c'est le cas pour la majorité des 54.000 écoles primaires, les directeurs n'ont aucune décharge.
Sur cette question, le ministère attribuera, dès la rentrée 2006, un quart de décharge aux directeurs des écoles de quatre classes. De plus, une décharge exceptionnelle de "rentrée scolaire" sera attribuée "à tous les directeurs d'école non déchargés, dans les quinze jours qui suivent la date de rentrée des élèves". Les autorités académiques seront chargées de la mise en oeuvre de cette mesure. Elles veilleront en particulier, à "optimiser l'utilisation des moyens de remplacement"à cette période de l'année scolaire.
Aider les directeurs dans leurs fonctions
Les autorités académiques, avec les collectivités territoriales, établiront un plan de modernisation de l'équipement informatique et des branchements internet dont bénéficient les directeurs. Seconde mesure : il est proposé à toutes les écoles le recrutement, dès septembre 2006, d'un emploi vie scolaire (EVS) pour assister le directeur dans l'accomplissement des tâches matérielles et d'accueil. Les directeurs pourront participer à la procédure de recrutement de l'EVS. Une fiche nationale de profil sera diffusée, indiquant notamment le niveau souhaité de formation.
Un autre document doit être rédigé avant la rentrée 2006. Il s'agit d'un vade-mecum juridique du directeur d'école. Réalisé par la direction des affaires juridiques (DAJ) du ministère, il précisera "les responsabilités, obligations et compétences" des directeurs d'école à l'égard des élèves, des personnels, des parents et des partenaires de l'école. Une dernière proposition du protocole concerne la revalorisation indemnitaire des fonctions de directeur. L'indemnité de sujétion spéciale (ISS) sera augmentée de 15% pour tous les directeurs. Cette augmentation sera applicable au 1er septembre 2006.
Le 22 mars, devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, le ministre avait indiqué qu'un décret en Conseil d'Etat fixerait les conditions de formation, de recrutement et d'exercice des fonctions de directeur d'école. La concertation actuelle devrait permettre de finaliser ce texte.
Catherine Ficat