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Habitat - La Fondation Abbé-Pierre dénonce le mal-logement en Ile-de-France

La Fondation Abbé-Pierre publie une étude sur l'état du mal-logement en Ile-de-France. La lecture du document suscite rapidement une impression de déjà-vu. Réalisée par le Fors Recherche Sociale (Fondation pour la recherche sociale), l'étude ressemble en effet comme une sœur - dans la dimension mal-logement - au diagnostic préalable à l'élaboration du schéma régional de l'habitat et de l'hébergement (SRHH), adopté par le comité régional de l'habitat et de l'hébergement (CRHH) d'Ile-de-France, en juillet dernier (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2015). Un diagnostic élaboré par le Fors Recherche Sociale et par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) d'Ile-de-France.

950.000 personnes mal logées, 70.000 sans toit

La présentation de cette étude est surtout l'occasion de valoriser la nouvelle agence Ile-de-France de la Fondation Abbé-Pierre. On retiendra néanmoins quelques chiffres significatifs sur les difficultés du logement en Ile-de-France. Ainsi, la région la plus peuplée et la plus riche de France - mais avec de forts contrastes - compte 950.000 personnes victimes du mal-logement, dont 460.000 dans des habitations surpeuplées et 404.000 dans des habitations privées du confort élémentaire.
Pire, la région compte environ 70.000 personnes sans toit, un chiffre en hausse de 84% entre 2001 et 2012. De même, il reste encore entre 7.000 et 8.000 personnes vivant dans des bidonvilles, soit 44% du total national. Les deux tiers des personnes expulsées de campements au cours du premier semestre 2015 résidaient en Ile-de-France.
Côté logement social, 576.000 ménages sont en attente d'une réponse sur leur demande locative sociale, un chiffre très proche de celui des bénéficiaires de minima sociaux versés par les CAF (543.000, dont 412.400 foyers allocataires du RSA).

Des raisons connues de longue date

Les raisons de cette situation sont connues de longue date et tiennent principalement à deux phénomènes qui s'auto-entretiennent. Le premier est le coût du logement en Ile-de-France, qui constitue une forte barrière à l'entrée. En dix ans, les loyers dans la région ont progressé de 40 à 60%, ce qui a poussé le taux d'effort vers des sommets difficilement tenables pour les ménages les plus modestes. Une situation qui est pour beaucoup dans la progression des demandes d'expulsions locatives pour impayés (+40% entre 1996 et 2013), qui représentent aujourd'hui 27% des demandes nationales.
Le second phénomène est l'insuffisance notoire de la construction de logements en Ile-de-France. Alors qu'elle accueille 18,2% de la population française, la région ne représente, selon les années, que 10 à 13% de la production nationale de logements.

Renforcer le pilotage

Face à ce constat, la Fondation Abbé-Pierre formule plusieurs propositions "pour améliorer les politiques du logement et de l'hébergement défaillantes face aux enjeux de mal-logement". On y retrouve les préconisations habituelles de la Fondation.
Celles-ci portent en priorité sur l'accélération de la production de logements accessibles aux plus défavorisés, mais aussi de places d'hébergement. Cet effort de production devrait se doubler de l'élaboration d'une vraie stratégie de lutte contre les expulsions et contre l'habitat indigne, ainsi que d'une meilleure prise en compte de la dignité et des besoins des personnes sans logement (incluant la fin des expulsions de squats et de bidonvilles).
La Fondation en appelle aussi à un renforcement du pilotage et de la cohérence des politiques du logement, avec en particulier l'intégration des politiques en faveur des mal-logés, dans les politiques générales du logement et de l'habitat.
 

 

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