Habitat - Diagnostic préalable au schéma régional de l'habitat et de l'hébergement : 950.000 Franciliens vivent en état de mal logement
Réuni en séance plénière le 2 juillet, le comité régional de l'habitat et de l'hébergement (CRHH) d'Ile-de-France a adopté le diagnostic préalable à l'élaboration du schéma régional de l'habitat et de l'hébergement (SRHH). Lors de sa séance, cette instance - coprésidée par Jean-Paul Huchon, le président du conseil régional, et Jean-François Carenco, le préfet de région - a pris acte, à l'unanimité, de l'achèvement de la phase de diagnostic préalable et considéré que ce document est suffisamment complet pour engager le travail d'élaboration du SRHH.
Un constat déjà connu, mais étayé par de nombreuses données
S'il n'apporte pas de révélations, il vrai que le document - élaboré par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) d'Ile-de-France et par le Fors Recherche Sociale (Fondation pour la recherche sociale) - est à la fois très riche et très complet.
Le constat sur le logement en Ile-de-France est déjà bien connu, mais le rapport l'illustre par de nombreuses données : production de logements insuffisante (avec toutefois quelques signes récents de redressement), manque d'adéquation entre l'offre et les besoins, prix élevé du logement mais avec de forts écarts géographiques (par exemple, 7.960 euros le m2 à Paris dans l'ancien au dernier trimestre 2014, 4.290 euros en petite couronne et 2.950 euros en grande couronne), persistance des disparités sociales et territoriales et de la spécialisation sociale des territoires, difficultés spécifiques à certains publics (jeunes, population vieillissante, gens du voyage)...
Le résultat est que la crise du logement touche fortement les ménages modestes franciliens. L'offre de logements sociaux est certes importante (1,2 million de logements en 2014), mais elle ne suffit pas à répondre à la demande, comme le montre l'écart entre le nombre de demandeurs (578.000 sur les listes d'attente) et les attributions annuelles (85.000).
Tout n'est pas tout noir
Autres caractéristiques significatives : 1,5 million de Franciliens vivent dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit 13% de la population régionale, tandis que 740.000 occupants du parc privé ont un revenu inférieur aux plafonds du PLAI (prêt locatif aidé d'insertion) et que l'Ile-de-France compte 22.000 copropriétés fragiles.
Le plus frappant reste toutefois la persistance du mal-logement. Le diagnostic préalable au SRHH estime à 950.000 le nombre de Franciliens mal logés. Ils se répartissent en 460.000 personnes vivant en "surpeuplement accentué", 404.000 personnes privées de confort, 79.000 en hébergement "contraint" chez des tiers, 42.000 sans domicile personnel, 12.000 en chambres d'hôtel, 10.000 en résidences sociales (hors FTM et FJT) et 5.000 dans des habitations de fortune.
Il ne faut pas cependant noircir exagérément le tableau. Le rapport constate en effet que la qualité du parc francilien de logements s'est nettement améliorée. La surface moyenne est ainsi passée de 25 m2 par personne en 1978 à 32 m2 en 2013, soit un gain de 28%. De même, le taux d'inconfort des logements est passé, sur la même période, de 21,8% à 0,9% du parc.
Le SRHH, un outil pour la région et le Grand Paris
Centré sur le diagnostic préalable au SRHH, le document ne formule pas de préconisations. Il identifie toutefois, pour chacun des grands thèmes abordés, un certain nombre d'"enjeux et de points de connaissance à approfondir".
Prévu par la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (Maptam), le SRHH doit être compatible avec le Sdrif (schéma directeur de la région Ile-de-France), autrement dit s'inscrire dans le respect de ses orientations et ne pas contrevenir à sa mise en œuvre.
Le SRHH doit notamment "prolonger et affiner l'exercice engagé par l'Etat de déclinaison par territoire des objectifs de construction de 70.000 logements par an (territorialisation des objectifs logement), fixés par la loi du Grand Paris et pris en compte dans le Sdrif". Il doit aussi préciser la typologie des logements à construire et définir les objectifs de construction et d'amélioration des structures d'hébergement.