Habitat - Mal-logement : "Il ne faut pas désespérer"
Colère, émotion, analyse et perspective. Il y avait tout ça à la présentation du 18e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre sur l'état du mal-logement en France, vendredi 1er février, au Parc des expos de la Porte de Versailles (Paris). De quoi stimuler la flamme des 2.000 participants à la journée, et lutter contre la résignation au mal-logement.
"Il ne faut pas désespérer : la vie est toujours un combat, c'est un combat de tous les jours." Cette phrase n'est ni celle d'un politique, ni celle d'un militant du droit au logement, mais d'une mère à sa fille de six ans. Le grand frère, lui, a 17 ans. Tout trois habitent un studio de 20 m2 à Paris et dorment dans le même canapé-lit. Et pourtant, l'adulte de la famille a un emploi et un revenu de 1.500 euros par mois… A la campagne, un père au RSA s'est vu retirer la garde de sa fille pour cause de maison insalubre. L'adolescente vit en famille d'accueil. C'est aussi le cas de jumelles de six ans, dont la jeune mère est "à la rue", à Mulhouse, depuis trois mois. Voici quelques-uns des portraits saisis dans le film "Disparités territoriales, diversité du mal-logement", projeté dans la matinée. Le ton est juste, respectueux, sans pathos : un film "poignant", selon les termes de la ministre Cécile Duflot.
Une ministre très applaudie (au moins autant qu'Audrey Pulvar quand le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, a précisé qu'elle avait animé les débats de la matinée à titre bénévole). Cécile Duflot avait pourtant appréhendé de se retrouver dans la position de "la parole à la défense" car "en venant ici, j'avais plutôt l'impression de faire partie de votre famille et de votre histoire", a-t-elle confié. Il est vrai que, comme elle l'a observé elle-même : "Je ne vais pas faire un exercice de défense car vous n'avez pas attaqué le gouvernement."
L'attaque frontale n'est effectivement pas la méthode choisie par la Fondation Abbé-Pierre qui préfère mettre le nouveau gouvernement devant ses engagements. En l'occurrence, devant les quatre formulés dans le Contrat social pour une nouvelle politique du logement que le candidat François Hollande avait signé en son temps. Engagements, mesures adoptées pour y répondre... il reste à faire. La fondation a engagé le travail sur les premiers mois du nouveau gouvernement et poursuivra le suivi jusqu'à la fin du mandat du président de la République.
"Continuez à être vous-même", a encouragé la ministre, affichant toujours un certain fairplay envers ceux qu'elle considère comme des aiguillons à son travail gouvernemental, et qui lui donnent aussi des arguments dans le cadre du "diktat de Bercy" qu'elle n'a pas nié.
La ministre demeure quant à elle dans son rôle quand elle soutient que l'objectif de 150.000 logements sociaux par an est atteignable, avec la loi votée le 18 janvier dernier, la mobilisation des collectivités locales, la mobilisation d'Action Logement, l'augmentation des aides à la pierre et le travail engagé par l'USH sur la mutualisation des fonds propres des bailleurs sociaux. Un optimisme qui loin d'être partagé par tous les membres de la "famille"...