Développement des territoires - La Corse et Midi-Pyrénées en tête des régions en 2011 en matière de croissance économique
La Corse et Midi-Pyrénées. Voici le duo gagnant en termes de croissance économique pour l'année 2011 d'après le cabinet Asterès qui vient de publier une étude sur le sujet. Avec respectivement 2,4% et 2,3% de taux de croissance, ces deux régions se situent en effet bien au-dessus de la moyenne française, qui est estimée à 1,6% pour 2011. Ces deux régions étaient déjà au premier rang côté croissance au cours de la décennie 2000, qui a vu passer la crise économique et la désindustrialisation. "Les régions les plus industrielles dans les années 2000 sont celles qui ont connu la croissance la plus faible", a ainsi signalé Juliette Hubert, du cabinet Asterès, lors de la présentation de l'étude le 8 mars 2011, en écho aux conclusions de Laurent Davezies, professeur à l'université Paris XII, qui estime que ce type de territoires a peu d'amortisseurs (retraites, emploi public, tourisme non marchand) pour rebondir. Les chiffres de l'Insee témoignent de cette désindustrialisation : les régions Franche-Comté, Champagne-Ardenne, Picardie, Auvergne, Alsace, Haute-Normandie, Lorraine, Pays-de-la-Loire, Bourgogne, Basse-Normandie et Centre ont ainsi perdu 340.000 emplois industriels depuis 2002, dont un tiers durant la période 2008-2009. A l'inverse, les régions de l'Ouest et du Sud ont mieux réagi. "Ces régions ne sont pas industrielles, donc elles ont moins à perdre, il y a alors eu un surcroît de croissance qui est souvent dû au tourisme et au bâtiment, deux secteurs en plein essor à ce moment-là", explique Juliette Hubert. Pour 2011, le schéma est un peu différent. Si la Corse et Midi-Pyrénées restent en tête (grâce aux subventions nationales principalement, s'agissant de la Corse, mais aussi au tourisme), "on est dans une reprise molle un peu partout, on garde un groupe de régions à croissance faible au Nord, une meilleure croissance au Sud, mais les différences sont moins importantes", explique la consultante. "Le moteur de croissance du bâtiment a du plomb dans l'aile donc la croissance est moins forte dans les régions qui en ont profité auparavant", analyse-t-elle. Ainsi, la Bretagne (1,4% de taux de croissance pour 2011) décroche, tout comme la Provence-Alpes-Côte d'Azur (1,5%) et le Languedoc-Roussillon (1,5%).
Une "nouvelle donne industrielle"
A l'inverse, certaines régions du Nord-Est, comme l'Alsace, le Nord-Pas-de-Calais, qui étaient en queue de peloton en 2000, devraient connaître des taux de croissance en augmentation : 1,5% pour l'Alsace et le Nord-Pas-de-Calais, 1,3% pour la Champagne-Ardenne et la Bourgogne. "Certains secteurs industriels peu compétitifs, comme la métallurgie et le textile, ont été laminés et ne repartiront pas. La crise a également été le prétexte pour fermer des usines qui marchaient mal", précise Juliette Hubert, qui parle d'une "nouvelle donne industrielle" pour les années à venir en France. Une redéfinition qui donnerait la part belle à cinq principaux secteurs industriels : l'aéronautique, l'agroalimentaire, la pharmacie, la parfumerie/cosmétiques et le tourisme, et qui réserverait des surprises. "Cette redéfinition joue par exemple en faveur de l'Auvergne, car l'industrie pharmaceutique y est très forte, détaille Juliette Hubert. En région Nord-Pas-de-Calais, c'est grâce à l'industrie agro-alimentaire, et en Alsace, grâce à la diversification des activités industrielles." Les variations de PIB ont des conséquences sur l'emploi, elles sont même "amplifiées au niveau de l'emploi", explique Juliette Hubert, et entraînent des migrations qui perturbent les territoires. "Parfois, les migrations sont plus importantes que les emplois disponibles sur le territoire qui attire. Cette forte attractivité peut faire augmenter le taux de chômage. On a ainsi des régions qui risquent d'être dépassées par leur succès", assure Nicolas Bouzou, directeur d'Asterès.
Alors comment aider les régions à avoir une meilleure croissance ? La solution de l'économiste tient en deux mots : la formation et l'innovation. La formation d'une part pour requalifier les ouvriers dont les profils convenaient jusque-là aux secteurs industriels mais qui ne sont pas suffisants pour la nouvelle donne, et l'innovation pour continuer à être productif et compétitif. Deux compétences qui méritent, selon le cabinet, d'être prises en charge au niveau des territoires, par les régions notamment, et non au niveau national. Et le cabinet de critiquer les politiques nationales, telles que les grappes d'entreprises, qui créent parfois de la confusion dans les politiques définies par les régions, les schémas régionaux d'innovation en l'occurrence… Reste à savoir si la réforme des collectivités territoriales permettra cette "troisième décentralisation" que Nicolas Bouzou estime nécessaire pour assurer la croissance des régions. "Rapprocher les départements et les régions me semblent mieux en matière de budget, mais ce qui m'inquiète dans cette réforme c'est qu'elle est peu lisible pour l'opinion publique", estime-t-il.