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Décentralisation - Jean-Paul Huchon défend sa région face au Grand Paris

"Cet esprit partisan n'est pas dans votre nature !" La remarque vise Jean-Paul Huchon ; elle est du député UMP Christian Jacob, président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, qui l'auditionnait mercredi 4 novembre. Le président de la région Ile-de-France venait livrer son point de vue sur le projet de loi sur le Grand Paris, présenté le 7 octobre par le secrétaire d'Etat Christian Blanc. Jean-Paul Huchon s'en est justifié : "Ce projet est absolument contradictoire avec ce que nous croyons en tant qu'élus locaux."

La volonté gouvernementale de lancer un double métro automatique de 130 km autour de Paris manifeste, selon lui, "un grand mépris des élus locaux", qui relève d'un plus général "dessaisissement des libertés locales". Jean-Paul Huchon s'est notamment préoccupé du futur tracé de la double boucle. Il devrait, selon lui, être soumis au syndicat Paris Métropole, ainsi qu'au Stif (Syndicat des transports d'Ile-de-France), qu'il préside. En outre, il a relevé que ce futur équipement, de plus de 20 milliards d'euros selon Christian Blanc, devrait à terme être transféré au Stif. "Si c'est pour absorber 20 milliards d'euros de dettes, le Stif en est incapable !", a mis en garde Jean-Paul Huchon. Le président de région propose, pour sa part, que le Stif prenne en charge l'ensemble du réseau, "avec deux conseils d'administration si nécessaire" - l'un se chargeant du double métro automatique, avec une représentation possible de l'Etat, et l'autre menant les projets portés par le conseil régional.

A ce sujet, le président de région a de nouveau condamné "l'amendement scélérat" introduit par le gouvernement à l'Assemblée, sur un texte sur les transports ferroviaires, prévoyant le transfert de biens du Stif à la RATP. Selon lui, le patrimoine du syndicat francilien a ainsi été "dépouillé de 8 milliards d'euros". Jean-Paul Huchon a annoncé que cet amendement serait "attaqué au plan constitutionnel".

Quant aux communes riveraines des futures gares, où la Société du Grand Paris devrait avoir un droit de préemption, Jean-Paul Huchon estime qu'elles seront soumises à un "autoritarisme contractuel" : elles pourront passer des contrats avec l'Etat, mais à défaut, "au bout de dix-huit mois, l'Etat fera ce qu'il voudra". Pour le président de région, le texte va ainsi "priver les maires de leurs pouvoirs d'urbanisme" et "organiser une spéculation foncière autour des gares".

Christian Jacob, pour sa part, a reconnu le besoin de concertation. Il a néanmoins jugé l'Etat "indispensable" pour représenter l'intérêt général. "Je ne crois plus à l'intérêt général décidé par l'Etat", lui a répondu Jean-Paul Huchon. En dehors des fonctions régaliennes, "tout le reste peut être pris en charge par les collectivités locales".


Olivier Bonnin

 

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