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Ile-de-France - Grand Paris : les élus réclament un "copilotage"

Le syndicat mixte Paris Métropole s'est réuni, vendredi 25 septembre, pour arrêter une déclaration sur le Grand Paris qui sera transmise la semaine prochaine au Premier ministre. Dénonçant une "rupture de confiance", il appelle de ses voeux un "partenariat efficace avec l'Etat".

Le Tout-Paris politique est en effervescence à l'approche de la présentation du projet de loi sur le Grand Paris en Conseil des ministres. La date est fixée au 7 octobre et les prises de position, à gauche mais aussi à droite, se multiplient pour dénoncer le manque de concertation du gouvernement. Le syndicat mixte Paris Métropole, qui regroupe 99 collectivités d'Ile-de-France, s'est réuni à Neuilly-sur-Seine, vendredi 25 septembre, pour arrêter une déclaration commune. Celle-ci devra encore être validée par son bureau exécutif mardi prochain avant d'être transmise au Premier ministre. Car ni les déclarations récentes du secrétaire d'Etat au Développement de la région capitale, Christian Blanc, ni celles de François Fillon n'ont réussi à calmer les esprits. Pas plus d'ailleurs que les derniers correctifs apportés au projet, selon une troisième version qui circule, version qui donnerait un peu plus de poids aux élus dans les contrats d'aménagement autour des gares du futur métro automatique. "Le secrétaire d'Etat n'a pas pensé nécessaire de nous transmettre cette ultime version car rien n'est arbitré", a commenté Jean-Yves Le Bouillonnec, le président de Paris Métropole et député-maire de Cachan. Mais surtout, un amendement à la loi sur l'organisation des transports ferroviaires voté par les députés, le 21 septembre, a mis le feu aux poudres. Cet amendement prévoit que les infrastructures liées à l'activité de la RATP, aujourd'hui propriétés du Stif (Syndicat des transports d'Ile-de-France) et de la RATP, "appartiennent en pleine propriété à la RATP dès le 1er janvier 2010 et soient transférées à titre gratuit". Autrement dit, les 8 à 10 milliards d'actifs du Stif (dont le conseil d'administration est composé d'élus) seront transférés à la RATP. "Nous recevons moins de preuves d'amour que de déclarations d'amour", a déclaré Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, dénonçant le "double langage" du gouvernement.

 

"Rupture de confiance"

Ces derniers jours ont été émaillés de nouvelles prises de positions contre la méthode de Christian Blanc. Jeudi, le conseil économique et social régional (CESR), qui a toujours joué la neutralité sur le dossier du Sdrif (schéma directeur régional), a fait part de ses doutes sur la volonté de partenariat de l'Etat. L'Association des maires d'Ile-de-France (Amif), présidée par le maire UMP Claude Pernès, a pour sa part demandé à ce que les élus soient considérés comme des partenaires "co-décisionnaires pleinement associés au projet" et réclamé plus de temps à la concertation. Quant au Medef Ile-de-France, il a fait part de ses inquiétudes sur le "conflit politique qui risque de naître entre l'Etat et le conseil régional" et sur les retards qui risqueraient d'en découler pour la réalisation des travaux.
Alors, à quelques jours des derniers arbitrages ministériels, Paris Métropole, qui dénonce une "rupture de confiance", veut prendre l'Etat au mot et lui proposer un "partenariat ambitieux et efficace". "Les élus franciliens ne peuvent qu'être troublés par le décrochage entre la parole de l'Etat et la réalité des actes", a déclaré Jean-Yves Le Bouillonnec, allusion au discours du président de la République fin avril au palais de Chaillot invitant à la constitution d'une "Agora des élus" et aux déclarations du Premier ministre qui, la semaine dernière, s'est engagé à associer davantage les collectivités au projet.

 

"La mille et unième feuille du millefeuille"

Outre la nouvelle donne de l'amendement sur le Stif, c'est la création d'une "Société du Grand Paris", prévue dans le projet de loi, qui suscite le plus de craintes. Selon le syndicat, elle risquerait de "ralentir et complexifier la mise en oeuvre de projets". "C'est la mille et unième feuille du millefeuille", a ironisé Jean-Yves Le Bouillonnec. Mais la déclaration du 25 septembre se veut aussi "constructive". "Nous proposons donc que la logique de contrat se substitue à l'autorité du décret ou de la directive territoriale", peut-on y lire. "Il s'agit de s'inscrire dans un processus de codécision." Les élus regrettent que tout le débat tourne autour du "Grand Huit" (le métro automatique) alors que "les trois quarts de la population en sont exclus", a signalé Jean-Yves Le Bouillonnec. La déclaration énonce les priorités des élus franciliens : Arc Express, Eole à l'ouest, création du T4, prolongement des lignes 14, 11, 4 et du tramway T1, désaturation de la ligne 13, améliorations des RER, réalisation du barreau de Gonesse, tangentielle Nord et mise en œuvre effective du tous les contrats de projets. Alors que les collectivités auraient rassemblé 12 milliards d'euros, le syndicat demande à présent à l'Etat de respecter ses engagements financiers et de les chiffrer.
Le maire divers droite de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, a enfin appelé le gouvernement à privilégier "l'équilibre du territoire". "On n'a pas deux entités, un Grand Paris qui serait de droite et Paris Métropole qui serait de gauche", a-t-il déclaré.

 

Michel Tendil
 

 

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