Archives

Aménagement du territoire - Grand Paris : le débat sort des frontières franciliennes

"Une vision napoléonienne de l'urbanisme", le Grand Paris ? Présenté en Conseil des ministres le 7 octobre, le projet de loi de Christian Blanc avait ainsi été critiqué par le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, et par d'autres élus locaux jaloux de leurs prérogatives. Trois semaines plus tard, le 28 octobre à l'Assemblée, le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale s'est efforcé de rassurer les membres de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée.
Ce projet de double boucle de métro automatique autour de Paris est censé favoriser le développement de l'Ile-de-France, ainsi que du pays. Or, il prévoit notamment un droit de préemption d'une future "Société du Grand Paris" sur les "territoires de développement stratégiques" qui seront tracés ultérieurement autour de quelque quarante gares. Le secrétaire d'Etat l'a assuré : ces territoires seront délimités "dans le respect des lois de décentralisation, et des compétences des communes et des communautés de communes". Selon lui, les collectivités concernées demeureront "les premières actrices de leur développement".
Au nom du groupe socialiste, la députée de Paris Annick Lepetit a demandé comment allait être associé le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), émanation de la région et des départements franciliens, et appelé à exploiter le futur réseau. Selon Christian Blanc, "le projet de loi ne touche aucunement aux compétences de la région en matière de transports" ; mais il revient à "l'Etat stratège" de s'impliquer pour le Grand Paris "au nom de l'intérêt national".
Précisément, plusieurs députés se sont préoccupés de l'intérêt pour le pays de financer un tel projet, qui coûtera selon Christian Blanc plus de 20 milliards d'euros, et pourrait créer un million d'emplois en Ile-de-France. Député UMP de Seine-et-Marne et rapporteur du projet de loi, Yves Albarello a ainsi espéré que le Grand Paris ait bien un "effet levier" au plan national. Le secrétaire d'Etat s'en est dit convaincu : il permettra de doubler la croissance de la région, ce qui "aura des effets immédiats sur la totalité des territoires". Inutile désormais, selon lui, d'opposer "Paris et le désert français" ; dans une économie mondialisée, la France dispose "d'un moteur principal, le Grand Paris : il faut le faire tourner à plein". L'UMP Philippe Meunier n'en a pas moins rappelé la crainte des autres régions de se voir "transformées en banlieue parisienne"...
Le débat sur la décentralisation est en somme relancé à l'Assemblée nationale. Christian Blanc espère que son texte sera adopté en février, et qu'en septembre 2010 pourra être initié un débat, cette fois, public, sur ce projet. Le double métro, lui, pourrait voir le jour en 2022.


Olivier Bonnin
 

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis