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Installation du comité stratégique du tourisme outre-mer, en sérieuse difficulté

Issu du Livre bleu de 2018, le comité stratégique du tourisme outre-mer (CSTOM) a tenu sa première réunion, le 3 février, dans un contexte très difficile pour le tourisme ultramarin, surtout dans les Antilles.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, et Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué chargé du tourisme, ont installé, le 3 février, le premier comité stratégique du tourisme outre-mer (CSTOM). Cette première réunion a rassemblé environ 200 participants. La création de cette instance était prévue par le Livre bleu des outre-mer de 2018. Sa mise en place avait été annoncée lors des rencontres du tourisme en 2019. Mais cette annonce avait été battue en brèche par la survenue de la crise sanitaire au début de 2020, qui a conduit à reporter l'installation du comité à plusieurs reprises.

Un contexte local difficile

La mise en place du comité intervient dans un contexte très difficile pour le tourisme outre-mer et tout spécialement pour le tourisme antillais. Selon le baromètre Orchestra, réalisé pour le magazine spécialisé L'Echo touristique, le "volume d'affaires" touristique de janvier 2022, comparé à celui de janvier 2019, est en hausse de 13%. En revanche et pour la même période, il est en recul de 39% en Martinique et de 47% en Guadeloupe. De son côté, Ziléa, le "cluster du tourisme en Martinique", annonce une perte de chiffre d'affaires de 51% pour les hôtels de l'île par rapport à 2019 et de 90 à 95% dans les agences de voyage.

Cette situation très dégradée est liée à la crise sanitaire aux Antilles. Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont d'ailleurs annoncé l'inscription de la Guadeloupe (y compris Saint-Barthélemy et Saint-Martin) sur la liste noire des destinations formellement déconseillées (liste des pays de niveau 4, le plus élevé), en raison du très haut risque de contamination par le Covid-19. Deux mois plus tôt, le Département d'Etat américain avait déjà déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Guadeloupe, mais cette fois-ci en raison du climat social dégradé autour de la contestation des vaccins et du passe sanitaire. Lors de son récent point sur le déploiement du plan Destination France (voir notre article du 3 février 2022), Jean-Baptiste Lemoyne avait indiqué que le gouvernement n'entendait pas contester la décision d'un Etat souverain, mais il est plus que probable que la question a été évoquée lors du comité. A noter que, selon le dernier bulletin de Santé publique France pour la Guadeloupe daté du 4 février, si "les indicateurs épidémiologiques restent à des niveaux très élevés", ils enregistrent une deuxième semaine consécutive de baisse.

L'enjeu est d'autant plus important que, comme le précisent les deux ministres dans leur communiqué au sortir de la réunion, "le tourisme est un secteur vital pour les économies ultramarines : 3 millions de visiteurs par an, près de 10% des effectifs salariés du secteur marchand, 10% du PIB ultramarin et jusqu'à 30% sur certains territoires en tenant compte des effets induits".

"Des mesures concrètes et de nouvelles opportunités"

Lors de ce premier CSTOM, les deux ministres ont rappelé les mesures prises pour soutenir le tourisme ultramarin. Celui-ci a bénéficié de "mesures d'aide d'urgence spécifiques, adaptées et prolongées pour tenir compte de la situation particulière des outre-mer". Le 27 janvier, à l'occasion d'une visioconférence avec les élus des territoires d'outre-mer, le président de la République a également annoncé le maintien du fonds de solidarité dans les territoires touchés par des restrictions d'activité liées à la crise sanitaire.

Pour le reste, cette première réunion du comité stratégique a été principalement consacrée à la déclinaison du plan Destination France (voir notre article du 22 novembre 2021) aux territoires ultramarins. Les deux ministres ont échangé sur ce point avec les élus et acteurs locaux et rappelé les quatre axes du plan et son impact possible pour le tourisme en outre-mer. Ils ont également présenté "des mesures concrètes et de nouvelles opportunités [...] qui seront déclinées outre-mer par bassin régional, avec l'appui de l'opérateur Atout France".

Dans une actualité du 31 janvier, le Cese (Conseil économique, social et environnemental) se réjouit de l'installation du CSTOM, rappelant au passage qu'il avait préconisé la création de cette instance dans son avis de 2018 "Promouvoir le tourisme durable dans les outre-mer". Le Cese doit en outre rendre, le 9 février, un nouvel avis de sa délégation aux Outre-mer, portant sur la mise en œuvre du plan de relance dans les territoires ultramarins. Le tourisme ne devrait pas manquer d'y occuper une place importante.   

 

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