Le plan Destination France se déploie rapidement et affiche de premiers résultats
Le secrétaire d'Etat chargé du tourisme a présenté un état d'avancement de "Destination France" et en a profité pour donner les résultats de l'appel à projets sur le "slow tourisme", avec 73 projets sélectionnés. Parmi les sujets évoqués : les nouvelles mesures en faveur des foires et salons, le "prêt tourisme" en faveur de l'amélioration de l'hébergement, le "verdissement" des classements touristiques...
Le 1er février, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat chargé – entre autres – du tourisme, tenait une conférence de presse pour présenter l'état d'avancement de "Destination France", le plan de reconquête et de transformation touristiques. Les grandes lignes en avaient été présentées par Emmanuel Macron lors de son déplacement dans le Lot en juin dernier (voir notre article du 3 juin 2021), puis précisées lors du sommet international de Destination France en novembre (voir notre article du 5 novembre 2021). Pour sa part, Jean Castex en a détaillé la vingtaine de mesures, regroupées en cinq axes, quelques jours plus tard, dotées d'un financement de deux milliards d'euros (voir notre article du 22 novembre 2021).
73 lauréats pour le "slow tourisme" et un gros coup de pouce pour les foires et salons
Jean-Baptiste Lemoyne a commencé par rappeler les résultats, présentés le même jour, de l'appel à projets sur le "slow tourisme", organisé avec le ministère de la Transition écologique. Pas moins de 73 projets (sur 521 dossiers déposés) ont été retenus à ce titre, dont 62 en métropole et 11 en outre-mer. Chacun des projets sélectionnés recevra une dotation de 65.000 euros en moyenne, grâce à une enveloppe totale de 4,7 millions d'euros, apportée par le fonds Tourisme durable mis en place dans le cadre du plan France Relance. Les porteurs de projets retenus disposent désormais de 18 mois pour mettre en œuvre leurs projets, "période à l’issue de laquelle ils doivent être opérationnels et commercialisables". Avec la mise en place du plan Destination France, ce fonds sera rechargé et permettra de financer un nouvel appel à projets dès le premier semestre 2022, qui intégrera également des projets d'agrotourisme et d'écotourisme. Doté initialement de 50 millions d'euros, le fonds Tourisme durable va en effet être porté à 70 millions pour la période 2022-2024.
Un autre point fort de ce premier aperçu du déploiement de Destination France concerne le secteur de l'événementiel, et plus particulièrement des foires et salons, durement malmené par la crise sanitaire. L'évènementiel a déjà bénéficié d'aides importantes pour traverser la crise. Il s'agit maintenant de relancer son activité. A ce titre, et dans le cadre de Destination France, le gouvernement met en place une aide de 100 millions d'euros. Le décret correspondant devrait être publié dans les tout prochains jours. L'aide prévue se décompose en trois mesures, dont seules les deux premières sont financées sur l'enveloppe annoncée. Tout d'abord, 96 millions financeront une aide à la venue des exposants. En pratique, les exposants sélectionnés – essentiellement des PME-TPE – percevront une subvention égale à 50% du coût de location de l'espace d'exposition, plafonnée à 12.500 euros par bénéficiaire et à 1,35 million par événement (soit plus d'une centaine d'exposants aidés par manifestation). Cette aide sera gérée par le réseau des CCI (CCI France). Elle concernera les 71 foires et salons français, "les plus stratégiques dans la compétition internationale", qui se tiendront entre mars 2022 et juin 2023. En pratique, et pour éviter les effets d'aubaine, il s'agira de manifestations qui accueillaient déjà plus de 500 exposants avant la crise sanitaire. La seconde mesure consiste en une aide de 4 millions pour inciter au retour des acheteurs internationaux dont la présence est jugée essentielle au regard du thème du salon. Une partie de leurs frais pourront ainsi être pris en charge. Enfin, et hors enveloppe budgétaire, la Banque des Territoires va mobiliser des prêts sur fonds d'épargne afin de financer la restructuration de certaines infrastructures.
Le prêt tourisme monte rapidement en charge et les classements verdissent
Le soutien à l'amélioration de l'hébergement touristique est un autre grand volet du plan Destination France. Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué que Bpifrance va, comme prévu, recharger de 750 millions d'euros supplémentaires le "prêt tourisme", destiné à soutenir l'investissement dans le secteur. Au 31 décembre 2021, 845 millions d'euros avaient déjà été accordés et 715 millions d'euros effectivement décaissés, au profit de 1.788 bénéficiaires (à 93% des PME et des TPE). Avec les 750 millions supplémentaires, le gouvernement espère le financement de 3.000 projets au total. Le secteur de l'hôtellerie-restauration est également confronté à de sérieuses difficultés de recrutement. Entre février 2020 et février 2021, il a en effet perdu 237.000 salariés. Comme prévu dans le cadre du plan, une campagne nationale de communication, dotée de 10 millions d'euros, va donc être déployée en 2022-2023 (5 millions chaque année), sur le modèle – efficace – des campagnes de recrutement des armées.
Toujours sur le thème de la montée en gamme de l'hébergement, Jean-Baptiste Lemoyne a également rappelé l'action de "verdissement" des classements touristiques. L'arrêté relatif au classement des meublés touristiques est ainsi entré en vigueur le 1er février. Celui relatif aux hôtels de tourisme entrera en vigueur le 1er avril et le gouvernement travaille à l'arrêté sur le classement des auberges collectives, en vue d'une entrée en vigueur le 1er juillet.
Concertations et premiers résultats des vacances d'hiver
Lors de sa conférence de presse et des questions-réponses, Jean-Baptiste Lemoyne a également apporté d'autres informations plus ponctuelles. C'est le cas de la mise en œuvre du fonds public de réassurance pour les opérateurs de voyages, qui pourra couvrir jusqu'à 1,5 milliard d'euros de sinistres. Par ailleurs, tous les dossiers de remboursements consécutifs au dépôt de bilan des agences Thomas Cook devraient avoir été soldés au printemps 2022.
En termes de concertation, Jean-Baptiste Lemoyne et Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, rencontrent, le 3 février, le comité stratégique du tourisme d'outre-mer, afin de décliner et d'adapter les mesures du plan. Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur la décision des Etats-Unis, annoncée le 31 janvier, de classer la Guadeloupe (y compris Saint-Barthélemy et Saint-Martin) sur la liste noire des destinations formellement déconseillées (liste des pays de niveau 4, le plus élevé), en raison d'un très haut risque de contamination par le Covid-19. Deux mois plus tôt, le Département d'Etat américain avait déjà déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Guadeloupe, mais cette fois en raison du climat social dégradé autour de la contestation des vaccins et du pass sanitaire. Si le ministre a indiqué que le gouvernement n'entendait pas remettre en cause la décision d'un Etat souverain, il n'en reste pas moins que l'enjeu est de taille, lorsque l'on sait que plus de 4,5 millions de touristes américains voyagent dans les Caraïbes entre janvier et septembre.
Le ministre va également rencontrer, le 15 février, les vice-présidents chargés du tourisme de l'association Régions de France. L'occasion de voir si certaines régions souhaitent s'associer au plan Destination France. Par ailleurs, deux sujets sont à l'ordre du jour de la conférence des ministres européens du tourisme, qui se tiendra en mars à Dijon, dans le cadre de la présidence française de l'UE. Il s'agit en l'occurrence de l'accent à mettre sur la force et l'importance du tourisme intra-européen et de réfléchir aux moyens de faire de l'Europe la première destination touristique durable. La Commission européenne travaille par ailleurs à un "agenda 2030" du tourisme, ainsi qu'à une initiative sur la location de courte durée.
Enfin, Jean-Baptiste Lemoyne a donné quelques premières indications sur le déroulement des vacances d'hiver. Les stations affichent à ce jour un taux d'occupation de 72,4%, proche de celui d'avant la crise sanitaire. Pour sa part, le niveau de réservation des hébergements locatifs est en retard de seulement 5 points sur celui de 2019. Et le mois de mars s'annonce plutôt positif avec un retard de l'ordre de 1,6 point.