Formation professionnelle - Formation des chômeurs : un problème de "prescription" selon les régions
"C’est la reprise économique qui donnera le plus de travail à tout le monde. Ceci étant, il faut aussi dans les moments de crise, dans les moments de chômage, s’assurer que nos concitoyens qui n’ont malheureusement pas d’emploi puissent être en mesure d’en accepter dès qu’une proposition leur sera faite." Le ministre délégué chargé de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, Thierry Repentin, est revenu, mardi sur RTL, sur l'objectif fixé par François Hollande, la veille, lors d’une intervention à Blois : un chômeur sur deux devra se voir proposer par Pôle emploi une formation dans un délai de deux mois. Le président de la République a rappelé que 300.000 offres d’emploi restaient non pourvues. "Il nous faut régler une fois pour toutes cette adéquation", a-t-il souligné, expliquant qu'un chômeur sur quatre devait attendre quinze mois avant de se voir proposer une formation…
Le constat est connu depuis longtemps, il vient encore d’être confirmé par la Cour des compte dans un rapport de janvier 2013 : la formation professionnelle et ses 32 milliards d’euros ne bénéficient pas à ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les chômeurs et les moins qualifiés. Pour le chef de l'Etat, qui maintient son objectif d'"inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année", tous les moyens doivent être mis en oeuvre "en dehors de la croissance" : après les emplois d’avenir, les contrats de génération et les contrats aidés (pour lesquels une réserve de deux milliards d’euros a été programmée dans le budget 2013), la formation constituera le dernier étage de la politique gouvernementale, alors que le niveau de chômage est sur le point d’atteindre le record de 1997... Mais pour Thierry Repentin, il n’est pas question de dégonfler artificiellement ces chiffres (les demandeurs d’emploi en formation n’étant plus comptabilisés) : "Je veux être très clair là-dessus, beaucoup de gouvernements successifs, beaucoup d’enquêtes ont montré qu’on pouvait faire mieux à destination des demandeurs d’emplois en matière de formation professionnelle." Une façon de tacler la précédente réforme de la formation de 2009 qui se fixait déjà cet objectif, alors que le ministre portera sa propre réforme. Annoncé initialement pour le mois de juin, le projet de loi sur la formation et l'apprentissage sera prêt d'"ici la fin de l’année", a indiqué François Hollande, lundi. Le délai entre la perte d'un emploi et l'offre de formation ne pourra "plus dépasser six mois", a-t-il assuré.
"Rationaliser les rôles entre régions et Pôle emploi"
Ce qui supposera un doublement des moyens accordés aux demandeurs d'emplois mais aussi de "rationaliser les rôles entre régions et Pôle emploi". D'ailleurs, pour les régions, la formation des chômeurs, dont elles sont responsables, est moins un problème quantitatif qu’un problème de prescription. "Pôle emploi est dans une logique de retour immédiat à l’emploi et privilégie des formations très courtes, c’est un objectif louable, mais les régions, elles, proposent des formation longues et qualifiantes", fait-on valoir à l’Association des régions de France (ARF). Il conviendrait donc, selon la même source, de travailler sur une meilleure adéquation entre Pôle emploi et les régions.
Le projet de loi comprendra aussi un volet sur l'apprentissage, qui pourrait être élargi au secteur public. La taxe d’apprentissage devra être "entièrement" affectée aux établissements accueillant des apprentis, a déclaré François Hollande, ce qui n'est le cas que pour les deux tiers des deux milliards qu’elle rapporte chaque année. Le reste sert à financer des établissements d'enseignement secondaire ou supérieur et des grandes écoles. Sur ce point, le gouvernement est en phase avec les régions qui demandent un meilleur fléchage de cet argent, tout en alertant sur la nécessité de préserver les lycées professionnels qui perçoivent aujourd'hui de la taxe d'apprentissage.
Dans son allocution à Blois, le président de la République a aussi plaidé pour une réduction du nombre d'organismes de formation (55.000 aujourd'hui) et dit vouloir "mettre de l'ordre dans les relations un peu compliquées entre l'Etat, les partenaires sociaux, Pôle emploi et les régions", les financeurs de la formation. François Hollande a précisé que l'Etat devait être "pilote en matière d'emploi" et les régions "en matière de formation des jeunes et des demandeurs d'emploi". Les régions ont obtenu de nouveaux transferts dans le projet de loi de décentralisation : la formation des personnes handicapées, des détenus, des "domiens" et des Français de l’étranger... Mais elles restent sur leur faim. Elles auraient voulu pouvoir expérimenter le pilotage du "service public de l’emploi et de la formation professionnelle".