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Conférence sociale - Formation des chômeurs : les régions prêtes à se retrousser les manches

A la veille de la conférence sociale, les régions se disent prêtes à mettre en place "instantanément" le plan d'urgence sur la formation des chômeurs évoqué par le président de la République. Pour ce faire, elles recoureraient à des avenants à leurs plus gros marchés.

Les régions se disent prêtes à relever le défi d'un plan d'urgence pour la formation des chômeurs. "Ce plan pourrait démarrer très vite, dès septembre, et s'étaler en deux promotions jusqu'en 2015", a expliqué Pascale Gérard, vice-présidente de la région Paca et de la commission Formation à l'ARF (Association des régions de France), lors d'un point presse, le 18 juin, en prévision de la deuxième conférence sociale des 20 et 21 juin à Paris. L'emploi et la formation seront au cœur de cette conférence avec une première table ronde animée par Michel Sapin le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation. L'occasion d'affiner le plan d'urgence évoqué par le président de la République dans l'émission Capital sur M6, le 16 juin, et qui fixerait un objectif de 100.000 chômeurs à former. Un chiffre qu'il faudra "affiner", selon Pascale Gérard. "On ne fera jamais de la formation obligatoire, cela ne marche pas. Il faudra affiner cet objectif en fonction des besoins des branches, des territoires et la gestion des files d'attente", a-t-elle précisé. En 2011, seulement 566.000 demandeurs d'emploi sont entrés en formation (-4,5% par rapport à 2010), selon la Dares (ministère du Travail).
Les régions veulent se mettre en ordre de marche le plus vite possible. "La loi autorise des avenants à nos marchés, plafonnés à 20 par le Code des marchés publics, après commission d'appel d'offres. On peut donc instantanément, après l'avoir demandé à nos prestataires, accueillir des places supplémentaires", a-t-elle proposé, précisant cibler les "gros marchés" : "Si on veut un plan d'envergure […] il n'y a que sur les gros marchés qu'on peut faire la différence."

Soigner et prévenir

Saluant la "méthode" instaurée par le gouvernement lors de ces conférences sociales, reposant sur un "dialogue social élargi" entre Etat, régions et partenaires sociaux, la vice-présidente a demandé à ce que chacun des partenaires "dise, lors d'un tour de table, ce qu'il est prêt à débourser pour mettre en place le programme en région". Reste à convaincre patronat et syndicats, jusqu'ici réticents à réorienter une partie des fonds de la formation des salariés vers les chômeurs. Aujourd'hui, les régions sont le principal financeur : elles ont assuré 57% des frais pédagogiques de la formation des demandeurs d'emploi en 2011.
Alors que le taux de chômage n'a jamais été aussi élevé depuis quinze ans, les régions entendent "démultiplier les énergies" pour que cela "reparte", en préparant les qualifications des métiers de demain (dans le domaine de la transition énergétique) et en formant aux métiers vacants, notamment dans l'industrie. Selon la CFDT, les besoins dans l'industrie mécanique seront de 45.000 emplois par an dans les cinq ans à venir.
Il faut à la fois "soigner et prévenir", a souligné la vice-présidente, évoquant les dispositifs "former plutôt que chômer" mis en place par nombre de régions au plus fort de la crise, mais aussi les outils de prospective sur les territoires, comme la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) et la GTEC (gestion territoriale de l'emploi et des compétences).
La vice-présidente est également revenue sur l'implication des régions dans le dispositif des "emplois d'avenir", indiquant que certaines d'entre elles travaillent à "financer une partie de supplément de rémunération aux petites associations qui ne peuvent pas payer, voire aux petites communes", en conditionnant cette aide à des parcours de formation qualifiante.

Des assouplissements à la garantie jeunes

Pascale Gérard a par ailleurs demandé des assouplissements aux critères retenus pour la mise en œuvre de la "garantie jeunes" européenne qui bénéficiera d'une enveloppe de six milliards d'euros entre 2014 et 2020 (dont la moitié du Fonds social européen et l'autre moitié en provenance d'une ligne budgétaire spécifique). Cette initiative pour l'emploi des jeunes – qui ne doit pas être confondue avec la "garantie jeunes" française expérimentée dans dix territoires pilotes – sera réservée aux régions dont le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25%. En France, seule une poignée de régions pourraient en bénéficier : les collectivités d'outre-mer, la Champagne-Ardenne, la Picardie, la Haute-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, l'Aquitaine, l'Auvergne et le Languedoc-Roussillon. Mais l'élue fait valoir que certaines agglomérations qui ont un très fort taux de chômage des jeunes passeraient à la trappe car elles appartiennent à une région qui, elle, se situe en dessous du seuil. La région Paca "affiche un taux de 22,5%, mais à Marseille il atteint 35%, voire 60% dans certains quartiers", a fait valoir Pascale Gérard : "Nous plaidons pour un abaissement de ce seuil."
Les régions demandent enfin à être davantage associées au Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), par le biais d'une convention tripartite avec l'Etat et les partenaires sociaux. Pascale Gérard a également mis en avant les expérimentations régionales et donné des précisions sur la création en Paca du fonds régional de continuité professionnelle voté en octobre 2011 (voir ci-contre notre article du 20 avril 2012) : "Il va bientôt voir le jour […] sans doute sous forme de régie." Il permettra d'organiser des actions conjointes avec l'Etat et les partenaires sociaux.


Michel Tendil