Melles et ses habitants s’engagent collectivement dans l’écologie (31)

Un poulailler collectif pour réduire les déchets et manger des œufs frais. Et une cabane pastorale à trois heures de marche pour abriter les bergers en montagne. À Melles, ce n’est pas parce qu’on est peu nombreux qu’on reste les bras ballants...

Au cœur des Pyrénées, tout près de la frontière avec l’Espagne, la commune de Melles, 92 habitants, se déploie entre 250 et 2 600 mètres d’altitude. Plus d’un quart de ses 220 maisons sont des résidences secondaires. Ici, la collecte des ordures ménagères n’est pas simple à effectuer, raison pour laquelle la communauté de communes des Pyrénées Haut Garonnaises (CCPHG), qui compte 76 communes pour 15 588 habitants, incite les habitants du territoire à réduire leurs déchets. En 2022, le jeune maire de Melles, Alban Dubois, décide d’anticiper la mise en place de la loi sur les déchets organiques en créant un poulailler municipal, afin de réduire le volume des déchets. Objectif : donner les restes alimentaires aux poules et permettre aux habitants de manger des œufs frais en circuit très très court. Il s’agit aussi et surtout de rassembler la population dans un projet collectif, en faisant en sorte que ce poulailler soit construit en mode participatif avec des matériaux de récupération. « On n’invente rien, sourit le maire de Melles, on reproduit juste ce qui se faisait il y a quelques années. »

Matériaux de réemploi

Pour monter ce projet, la municipalité a fait l’acquisition d’une quinzaine de poules et du grillage nécessaire à la fabrication de l’enclos, le reste de la cabane étant réalisé avec des matériaux de réemploi. « Nous n’avions pas demandé de subvention pour le poulailler, nous avions crédité 2 000 euros au budget, mais nous avons réellement dépensé moins de 500 euros, grâce à la récupération et aux dons, précise le maire, avant d’ajouter : Le poulailler a très vite fonctionné, trois ou quatre personnes s’en occupent à tour de rôle ; les œufs sont vendus 2 euros la douzaine, ou payés en touselle, la monnaie locale ; la recette sert à acheter du grain pour les volailles. Il faut savoir que plus les années passent, plus le ramassage des ordures ménagères devient compliqué, d’autant que personne ne veut de centre de déchets près de chez soi. Ce n’est pas évident de changer les mentalités. » Depuis, ce projet en a fait germer d’autres : celui d’un composteur municipal (en cours), ou celui de l’installation d’un jeune agriculteur dans la commune, qui mettrait des terres à disposition (en cours).

Construction citoyenne de la cabane pastorale

Mais c’est surtout le projet participatif mené pour la construction d’une cabane pastorale à Aouéran, à 1 700 mètres d’altitude et à trois heures de marche du village, qui force l’admiration. Après la tempête Barbara d’octobre 2020, qui a fait chuter nombre de beaux sapins sous les grands vents, la municipalité lance un autre chantier participatif pour réaliser une cabane pastorale, avec ce bois issu d’un circuit particulièrement court. Ce projet était déjà prévu, mais la tempête et ses dégâts ont accéléré sa réalisation. Une cinquantaine d’habitants et d’entrepreneurs locaux (scieurs, charpentiers, maçons, etc.) se sont relayés, souvent bénévolement, pour écorcer les arbres, réaliser les planches, et assurer l’ensemble des travaux de construction d’une fuste écologique avec un toit végétalisé. Les fûts (troncs), assemblés dans une scierie de la commune voisine de Fos, ont été acheminés sur le site à l’aide d’un hélicoptère, le reste des travaux se faisant « à l’ancienne ». Ce chantier, ouvert à tous, façon « auberge espagnole », a mobilisé les habitants pendant cinq mois, et attiré quelque 150 personnes le jour de l’inauguration. 

Un coût modique pour la commune 

Trois heures de marche aller, trois heures de marche retour ! Et grâce au bénévolat des habitants et au soutien amical des entreprises locales, le budget du projet a culminé à 127 031 euros (fournitures, matériaux, hélicoptère). « Pour la cabane, nous avons obtenu 80 % de subventions, mais les heures travaillées des bénévoles sont entrées dans le plan de financement pour environ 20 % du montant global, ce qui signifie que la cabane ne coûte quasiment rien à la commune », précise le maire.

Zoom sur le financement

  • Budget de réalisation du poulailler collectif : moins de 500 euros (cheptel, grillage et fournitures), hors dons et récupération.
  • Budget de réalisation de la cabane pastorale : 127 031 euros (fournitures, matériaux, hélicoptère). 
  • Budget subventionné à 80 % : 
    • Europe : 53 861 euros
    • Conseil régional : 37 601 euros
    • État / Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT) : 10 162 euros

Commune de Melles

Nombre d'habitants :

92
Place de la Mairie
31 440 Melles
mairie-de-melles@wanadoo.fr

Alban Dubois

Maire

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