Épaignes transforme les pommes des habitants en jus et en farine (27)

Sur sa ferme communale, la mairie d’Épaignes, dans l’Eure, a contribué à mettre à disposition des habitants un pressoir à pommes, leur permettant de consommer leur propre jus de pommes. Tout est parti du besoin d’une habitante, Marie-Paule Leblanc. « Pour ma retraite, je souhaitais trouver une solution pour utiliser les fruits de mon verger non utilisés, malgré les nombreuses tartes et compotes préparées. Je ne savais pas qu’entre-temps, j’allais devenir maire de la commune. J’ai donc proposé l’idée au conseil municipal, afin d’en faire bénéficier la population locale. » L’idée séduit. Une dizaine de bénévoles créent en 2017 l’association Les 3 pommes Épagnoles, qui évolue en Société coopérative d'intérêt collectif (Scic) par la suite, pour mener le projet. Les bénévoles commencent par aménager le laboratoire composé de trois salles, louées à la mairie au sein de la ferme communale. Ils y installent ensuite le pressoir, puis le matériel pour filtrer, pasteuriser, embouteiller ou ensacher le jus de pommes.

72.000 litres de jus de pommes en quatre ans

Chaque automne, l’activité des lieux bat son plein. Sur rendez-vous, et s’ils en apportent au moins 50 kg, les habitants du territoire viennent presser leurs pommes pour repartir avec un savoureux jus de fruit, frais et pasteurisé. Ils participent pour cela à hauteur de 1,20 euro la bouteille d’un litre ou 3,50 euros la poche plastique de trois litres. « Le jus se conserve un an en bouteille, deux ans dans la poche », précise Elina Gonzalez, chargée du développement du projet, recrutée par la mairie pour l’association. Dès la première saison en 2017, l’initiative a suscité un engouement immédiat, puisque 22 tonnes de pommes ont été pressées par une centaine de particuliers, qui sont repartis avec 13.000 litres de jus. Avant qu’elle ne soit transformée en Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) en juin 2021, l’association comptait 400 adhérents et avait déjà produit, en quatre années, 72.000 litres de jus de pommes. « Certains adhérents parcourent une centaine de kilomètres, séduits par ce service et surtout par la convivialité du lieu », se félicite l’édile. Les visiteurs sont accueillis par la douzaine de bénévoles actifs qui se relaient et soutiennent les deux saisonniers recrutés à temps plein pendant la saison, par l’association. Des stagiaires en provenance d’un des foyers du secteur pour personnes en situation de handicap apportent aussi leur aide.

Le marc de pomme valorisé en farine

« Les particuliers qui amènent leurs pommes sont associés au pressage et au conditionnement du jus de fruit. Ils repartent donc avec leur produit mais aussi avec un nouveau savoir-faire », poursuit la maire, jamais à court d’idées. Elle s’est en effet rapidement interrogée sur la valorisation du marc des pommes pressées, ce résidu jusqu’alors inutilisé. Après quelques recherches par connaissances et via Internet, elle découvre qu’il peut être utilisé déshydraté, sous la forme d’une farine qui parfume les desserts. La chargée de développement détaille : « nous avons commencé à commercialiser la Fari’pommes cet automne en petits sachets de 350 et 500 grammes pour débuter, car il faut permettre aux habitants d’en découvrir son utilisation. Nous la vendons sur place, dans un commerce de la commune et auprès d’épiceries fines qui la demandent. » Ce nouveau volet du projet a été lauréat de l’appel à manifestation 2019 pour une économie circulaire en Normandie. Un livre de recettes est en préparation.

Une Scic qui implique tous les acteurs du projet

Entre-temps, en juin 2021, l’association s’est transformée en une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) afin de permettre à une vingtaine de bénévoles, habitants et salariés ainsi qu’à la municipalité d’être pleinement associés au projet. Outre le fait qu’elle valorise localement les produits des vergers, cette initiative incite leurs propriétaires à conserver leurs arbres fruitiers et à d’autres habitants même, à en planter, comme ça a été le cas d’un jeune couple très intéressé par le projet. Il permet en outre d’enrichir les actions menées par la mairie sur la ferme : accueil d’une vingtaine de ruches conservatoires de l’abeille noire de Normandie qui appartiendront aux habitants, installation prochaine d’une brasserie et d’un magasin de producteurs…