À Épernay, les citoyens mobilisés pour créer une ville mellifère (51)

Les abeilles, et plus généralement les insectes, sont essentielles à la production des fruits, légumes et à la reproduction de la plupart des végétaux. Près de 70 % des cultures nécessitent des pollinisateurs et plus d’un tiers de ce que nous dégustons dans nos assiettes est directement dépendant des insectes. « L’effondrement des populations d’insectes constaté ces dernières années en Europe est donc l’affaire de tous. Avec le chemin des abeilles, nous avons voulu montrer que chacun à son échelle peut faire quelque chose pour préserver la biodiversité », explique Jonathan Rodrigues, adjoint au maire d'Épernay.

Un paradis urbain pour les insectes

Concrètement, le chemin des abeilles est un projet ludique qui allie sensibilisation et engagement citoyen : il s’inspire de l’initiative « the bee highway », l’autoroute des abeilles, de la ville d’Oslo (voir Pour aller plus loin, en bas de page). Les habitants ont été incités à créer des « paradis urbains pour les insectes » : planter des fleurs et des arbres fruitiers attirant les pollinisateurs, installer un « hôtel à insectes » favorable à leur reproduction, préférer une prairie fleurie à une pelouse tondue débarrassée de ses supposées « mauvaises » herbes, proscrire tout produit phytosanitaire… Ces pratiques écoresponsables, qui peuvent être mises en œuvre à l’échelle d’un jardin ou d’un balcon, sont détaillées dans un guide de la biodiversité réalisé par la ville. Publié sur le site dédié au chemin des abeilles, cet opus présente un état des lieux de la biodiversité à Épernay, rappelle les axes de la politique communale (trame verte et bleue, lutte contre les espèces invasives…) et formule des conseils pratiques aux habitants. Ces derniers ont du reste pu profiter de subventions de la ville (de 30 à 80 %), pour acquérir des plantes mellifères ou des arbres pleinement adaptés aux conditions climatiques locales.

Carte participative

Et pour favoriser la création d’une dynamique collective autour de « la ville mellifère », les habitants ont été incités à publier leur projet sur la plateforme cartographique participative associée au site de l’opération. Après avoir créé un compte, les internautes peuvent localiser leur initiative et l’illustrer par une photo. Ces initiatives sont portées par des particuliers, des entreprises, des associations ou des services de collectivités. Au total, la plateforme compte plus d’une cinquantaine de projets et le site a reçu plus de 3 300 visites en 2022. « Les contributions ne traduisent que partiellement l’engouement. Beaucoup de personnes ont participé à l’opération sans pour autant publier leur projet sur la plateforme », commente Jonathan Rodrigues.

Du chemin au corridor transnational

Le chemin des abeilles s’inscrit dans une stratégie globale de la ville d’Épernay en faveur de la biodiversité, qui lui a valu le label de territoire à énergie positive pour un une croissance verte. La plateforme cartographique et les contenus associés représentent un budget de 6 600 euros. Pour ce projet, la ville a reçu un soutien de l’État à hauteur de 70 %. Le chemin des abeilles a été récompensé en 2019 par un trophée des Éco Maires, suscitant beaucoup d’intérêt de la part des collectivités. Les initiatives postées sur la plateforme, qui débordent largement du périmètre de la ville, peuvent en témoigner. « La crise du covid a un peu cassé la dynamique, mais nous l’avons relancée avec l’organisation d’une journée de l’abeille dont la seconde édition a eu lieu le 13 mai dernier », explique le maire adjoint. Et la ville, dont l’ancien maire Franck Leroy est devenu président de la région Grand Est, aspire désormais à créer un « corridor à abeilles » allant jusqu’à Ettlingen, en Allemagne, commune avec laquelle Épernay est jumelée.