L’Ouvèze retrouve son lit de sédiments, sa biodiversité et ses berges (07)
Par la recréation d’un lit de sédiments au moyen de l’apport de galets issus des berges et la suppression des seuils présents sur la rivière, la communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche restaure depuis 2011 le fonctionnement des écosystèmes de l’Ouvèze. Les résultats sont au rendez-vous.
Au cours de l’été 2022, tandis que le débit de nombreux cours d’eau ardéchois était au plus bas, l’Ouvèze affichait un état encourageant, meilleur que celui observé des années auparavant. Inversement, en période de forte crue, « le courant est désormais significativement ralenti », se réjouit par ailleurs Gilbert Moulin, vice-président en charge du cycle de l’eau, de la collecte des déchets et de la transition écologique à la communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche. La collectivité est en charge de la gestion de la rivière, qui fait l’objet de plusieurs travaux de renaturation depuis 2011. Enfin, les inventaires successifs de biodiversité révèlent, selon les sites, « une forte augmentation de colonisation par la loutre et le castor du fait de milieux en bon état, une augmentation de la diversité et de la densité des espèces de libellules avec 25 espèces recensées un an après les travaux, dont deux espèces protégées à enjeu européen », ou encore « le développement d'une forêt alluviale typique composée d'espèces inféodées aux bords de rivières : saules, aulnes et peupliers… », comme le détaille Émeric Charron, chef du service Gemapi de la communauté d’agglomération. Bref, les indicateurs sont au vert pour cette rivière dont l’état s’était considérablement dégradé.
Toboggan
Plusieurs facteurs avaient concouru à cette situation préoccupante, comme l’explique Émeric Charron : « tout d’abord, l’extraction directe de galets dans le lit de la rivière entre 1960 et 2000, des curages massifs réalisés à partir des années 1970 pour accélérer l’écoulement de l’eau et enfin la construction de grands seuils sur l’Ouvèze et ses affluents qui ont interrompu les transferts de sable et de galets. » En conséquence, le lit de l’Ouvèze s’est enfoncé en moyenne de 1,5 m à 2 m et l’eau s’est mise à couler à même la roche, « comme sur un toboggan ». Or, poursuit le chef de service, « les galets constituent les supports de vie du début de la chaîne alimentaire, les poissons s’y reproduisent. Enfin, les galets retiennent l’eau sous les alluvions où poussent les végétaux et donc favorisent la ripisylve, cette végétation qui se développe aux abords des cours d’eau. » Le contact de l’eau sur la roche mère associé à la faible profondeur et à l’absence d’ombrage aboutissaient à un échauffement de l’eau de l’ordre de 3 degrés par kilomètre.
Informer
Depuis 2011, plusieurs travaux de renaturation, articulant réhabilitation du lit de la rivière et travaux sur les seuils, ont été entrepris afin de rétablir un bon fonctionnement écosystémique et hydrologique à l’Ouvèze. Par exemple, à l’instar de ce qui a été réalisé en 2011 sur le site de Rompon, un chantier a été engagé en 2021 à Flaviac sur une distance de 400 m. La communauté d’agglomération projette ici de « restaurer la morphologie de la rivière en lui redonnant un lit de blocs et de galets et [… d’] assurer la franchissabilité du seuil de Mûre pour les poissons, en rehaussant le fond du lit de la rivière. » Le fond du lit de la rivière en aval de l’ouvrage est surélevé d’1,5 mètre en y replaçant « les galets prélevés sur les berges », détaille Gilbert Moulin. Afin de permettre leur maintien, « des « barrettes » constituées de blocs rocheux sont disposées sur les 400 m du tronçon travaillé », précise une plaquette éditée par la collectivité en charge de la compétence Gemapi.
« Il faut beaucoup informer et discuter avec les habitants en amont car au début des travaux, cela ressemble à un chantier. La renaturation et la modification des seuils touchent au patrimoine et à l’histoire locale. Il n’est pas simple d’expliquer pourquoi et comment on va intervenir, mais il faut le faire afin que les habitants comprennent les différents intérêts de l’opération et aussi que le paysage va changer dans le temps, conseille le vice-président de la communauté d’agglomération. Il faut aussi évidemment discuter très en amont avec les acteurs de la rivière tels que la fédération départementale de pêche et les propriétaires riverains, d’autant que certains sont susceptibles de devoir céder du terrain pour les travaux. »
Le point sur le financement
L’ensemble des travaux de renaturation de l’Ouvèze réalisés par la communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche entraîne le budget suivant :
50 000 € pour le site de Coux (100 m linéaires de rivière) financés totalement par l’Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC),
900 000 € pour le site de Rompon (900 m linéaires de rivière) financés à hauteur de 74 % par l’Agence de l'eau RMC, à 16 % par la région Rhône Alpes, pour 10 % d’autofinancement,
480 000 € pour le site de Mure (400 m linéaires de rivière) dont 70 % par l’Agence de l'Eau RMC et 30 % d’autofinancement.
Communauté d'aglomération Privas Centre Ardèche
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Gilbert Moulin
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