Val de Garonne, un plan de végétalisation aux multiples facettes (47)
Val de Garonne a lancé un plan de végétalisation en 2020. Combinant boîte à outils pour les communes, sites pilotes et formations des différents acteurs de la végétalisation, cette approche originale et concrète vise à multiplier les projets, y compris dans les petites communes rurales. Point d'étape, trois ans après son lancement.
À Marmande, le tout nouveau jardin Espiet constitue la figure de proue du plan de végétalisation de Val de Garonne agglomération. Avec le concours d'un conseil participatif d'habitants mené par la ville, l'ancienne friche de 2 000 m2, utilisée jusqu'alors comme parking, a été transformée en jardin. Bien que le parc de la Filhole soit situé à proximité, ce nouvel îlot de fraîcheur est le bienvenu, au sein d’un centre-ville fortement minéralisé. « La végétalisation du site permet aussi de redonner de l'attractivité au centre-ville, qui connaît de la vacance », souligne Catherine Bernard, vice-présidente en charge d’Action cœur de ville à l'agglomération.
Ici, la végétalisation est un outil transversal : elle permet de soutenir les communes dans la revitalisation des centres bourgs et centres-villes (en lien avec les dispositifs Action cœur de ville et Opération de revitalisation du territoire), tout en étant un outil concret d'atténuation du changement climatique. Elle est intégrée au Contrat de Transition Écologique (CTE) signé fin 2019 avec l’État, ainsi qu’au Plan climat-Air-Energie Territorial adopté en 2022. « Le plan de végétalisation a démarré avec la réalisation d'une carte des îlots de chaleur sur l'agglomération, indique Laure Perségol, chargée de mission développement durable. Ça a été un formidable outil de sensibilisation de tous les élus. On y voyait très clairement les îlots de chaleur dans les centres urbains, y compris des petites communes, et l'impact rafraîchissant des espaces naturels ou des fontaines. » Une enquête menée à l'été 2021 recueillant 320 réponses a également permis de situer le positionnement des élus vis-à-vis de l'apport de la nature : « Pour eux, la végétalisation est un atout : la nature apporte un sentiment de bien-être et peu de contraintes », souligne Juliette Gasnier, cheffe de projets Action Cœur de Ville.
Un guide pratique
« Nous avons voulu attaquer la végétalisation par le concret, en apportant de la méthode et de la compétence à chacun », souligne Marie-France Bonneau, vice-présidente en charge du développement durable et de la transition écologique. Plusieurs communes ne comptent en effet que quelques centaines d'habitants : les élus y sont les seuls « techniciens espaces verts », déléguant souvent les travaux à des prestataires de services. Avec le soutien du Cerema et avec le concours de CDC Biodiversité, Val de Garonne agglomération a donc d'abord concocté un guide. « C'est une véritable boîte à outils, souligne Laure Perségol. Son premier volet, paru en novembre 2022, présente les bienfaits de la nature et propose des outils : la noue, le permis de végétaliser, les jardins collectifs… ». Un deuxième volet du guide est en préparation : il détaille les préconisations pour les documents d'urbanisme et les clauses dans les marchés publics. Le guide des essences locales, publié dix ans plus tôt, est également en train d'être remis à jour : il précise les essences mellifères, leur tolérance au changement climatique et il est notamment complété par une présentation des espèces envahissantes et de celles qui sont comestibles.
Des sites pilotes témoins
Pour faire la preuve par l'exemple et viser la réplication, le plan de végétalisation de l'agglomération compte 3 sites pilotes. Chacun aborde des problématiques particulières de végétalisation. Deux sont situés sur les communes Action cœur de ville de Marmande et Tonneins, le 3e est sur la commune de Meilhan-sur-Garonne, engagée dans l’Opération de revitalisation de territoire, suite à appel à projets. Chaque site a bénéficié d'un diagnostic, puis d'un scenario d'aménagement. « Même si les réalisations sont portées par les communes, l'agglomération sert de tremplin et accélère le projet », souligne Juliette Gasnier. À Marmande, le jardin Espiet a été inauguré en mai 2023. À Tonneins, l’îlot Jules Ferry permettra de lier végétalisation et mobilités apaisées : « Le projet est toujours en cours de réflexion, car la commune a élargi le périmètre afin d’y intégrer la cour d'école voisine. Elle va recruter le futur maître d’œuvre », indique Juliette Gasnier. Dernier site pilote, la cour d'école de Meilhan-sur-Garonne : « Les enfants ont travaillé un premier scénario qui a été présenté aux habitants lors d’une réunion publique. La commune poursuit les réflexions sur ce projet. »
Les communes se saisissent du sujet
« Les écoles sont un très bon point d'entrée car chaque commune est concernée, remarque Marie-France Bonneau, qui a végétalisé la cour de l'école de Saint-Martin-Petit, dont elle est maire. Avec un budget modeste – 25 000 € - nous avons réalisé un projet pertinent que nous perfectionnons au fil des usages. » C'est bien là le message de Val de Garonne : « En suivant les préconisations du guide, on peut réaliser de petits aménagements efficaces », ajoute Catherine Bernard. À l'image de la commune de Saint-Barthelemy-d'Agenais, qui a végétalisé les pieds de murs sur sa traversée du bourg. Au-delà des sites pilotes, chaque expérience communale devient ainsi un lieu de retour d'expérience. Val de Garonne constate ainsi que les mairies la sollicitent plus souvent : « Depuis la sortie du guide et sa présentation à tous les maires des 43 communes, nous sommes davantage identifiés comme un lieu de conseil », souligne Laure Perségol.
La prochaine étape sera de former les agents des collectivités. « Nous venons de recenser les besoins : l'eau et la gestion écologique ressortent fortement. Nous souhaitons proposer une session par an, débutant à l’hiver 2023, avec apports théoriques et techniques, pourquoi pas en lien avec des associations locales aux compétences naturalistes », poursuit la chargée de mission. Dans un second temps, Val de Garonne proposera ces formations aux prestataires œuvrant sur le territoire. L'agglomération prévoit également de faire évoluer ses fonds de concours pour inciter au verdissement. « Nous avons ouvert la porte à la nature en ville, mais il ne faut pas oublier qu'on arrive d'une génération zéro herbe. C'est un virage à 180 degrés, il y a encore beaucoup de pédagogie à faire ! », conclut Marie-France Bonneau.
Chiffres clés
124 460 € : le coût du plan de végétalisation, autofinancé à 29 % par Val de Garonne Agglomération. Le projet a bénéficié de subventions, à hauteur de :
- 20 % de la part de l'Ademe
- 27 % de la part de la Banque des Territoires (27 %) via la démarche SGREEN
- 24 % de la part du Cerema
Val de Garonne agglomération
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