Chédigny, la dynamique vertueuse engagée par les élus et les habitants (37)

Chédigny, village d’Indre-et-Loire sans cachet particulier avant les années 2000, s’est métamorphosé pour devenir un immense jardin qui attire annuellement jusqu’à 100.000 visiteurs. Cette évolution, menée en lien étroit avec les habitants, trouve ses origines dès la fin des années soixante-dix, lorsque la municipalité décide d’attirer de nouveaux habitants et d’engager avec eux un cercle vertueux économique, social et environnemental.

C’est à partir de 1977, alors que la démographie n’a jamais été aussi faible (394 habitants) et l’école menacée, que des actions successives sont menées par l’équipe municipale de Chédigny pour créer un cercle vertueux et inverser la tendance. « Elle a commencé par la création d’une zone artisanale qui a rapidement attiré des artisans et petites entreprises, raconte le maire Pascal Dugué. Ce qui est particulier à Chédigny, c’est que les nouveaux habitants arrivés avec ces emplois, ont non seulement repeuplé le village et l’école, mais ils se sont aussi rapidement et durablement impliqués dans la vie du village. » Des associations culturelles et sportives voient le jour (une quinzaine existe à ce jour), des fêtes, des spectacles, des festivals dont certains renommés, sont mis sur pied. Vingt ans plus tard, la commune compte 529 habitants et ce n’est pas terminé.

1 000 rosiers et 3 000 vivaces

À la fin des années quatre-vingt-dix, des rencontres du maire de l’époque, Pierre Louault, avec des jardiniers passionnés, le convainquent de planter des rosiers sur une dizaine d’espaces communaux, à commencer par les trottoirs. Des travaux d’enfouissement des réseaux étant également prévus, l’équipe municipale en profite pour dévier durablement voitures et poids lourds du cœur du bourg. « Les liens ont toujours été étroits entre les équipes municipales, les habitants, les commerçants et les associations. Tout le monde a compris l’intérêt de ce choix », poursuit l’édile actuel. La rue est réaménagée avec un caniveau central, les trottoirs sont conservés et leurs allées piétonnes sont détruites pour accueillir encore plus de plants de rosiers, de vivaces et d’arbustes, avec l’accord des habitants. « La mairie prenait tout en charge : travaux, plants, bâche de protection des murs, terre puis plantations et entretien des rosiers. » Le cœur du village réaménagé est inauguré en 2003 et devient une « zone de rencontre » où les piétons sont prioritaires sur les voitures, qui roulent au pas. Chaque année, une trentaine de rosiers sont plantés et de nouvelles plates-bandes créées sur chaque rue desservant le bourg. Aucun désherbant n’est utilisé depuis 2010 et le fleurissement des rues suscite celui des jardins privés. L’équipe des agents communaux passe progressivement d’une à quatre personnes. Le village compte aujourd’hui plus de 1 000 rosiers et 3 000 vivaces et a reçu de nombreuses distinctions (voir encadré).

Le presbytère s’ouvre au public

Pour les habitants, le contournement du bourg et la présence des massifs fleuris apportent non seulement de la sécurité pour la circulation des piétons mais aussi un vrai sentiment de bien-être. Ils créent alors de nouvelles associations pour valoriser les plantations à travers notamment un festival annuel des roses, qui voit le jour en 2006. Pour accompagner ce dynamisme, la municipalité récupère le presbytère (XVe s) loué depuis les années soixante mais partiellement occupé. Des travaux y sont réalisés à hauteur de 400 000 euros HT (voir encadré) en utilisant des matériaux locaux (paille de colza, argile, laine de bois, chanvre), afin de créer un lieu ouvert au public. Des gérants, qui logent dans un appartement aménagé sous les combles, sont recrutés pour s’occuper (via un bail précaire de trois ans signé avec la mairie) d’un espace de petite restauration au rez-de-chaussée ainsi que de quatre chambres d’hôtes créées à l’étage. Les locaux ouvrent en 2017.

Un habitant jardinier suggère à la mairie de remettre en état le « jardin du curé » comme au XVIIe siècle. Relevés, terrassement, création d’allées et de bordures sont engagés pour environ 150.000 euros HT. Le jardin est aujourd’hui entretenu par la municipalité, mais géré et animé par une association. En 2018, une douzaine de bénévoles plantent 700 pieds de vigne sur un terrain attenant.

100 000 visiteurs chaque année

Le village métamorphosé attire désormais jusqu’à 100 000 visiteurs français et internationaux par an dont 10 000 à 20 000 participants au festival des roses. Une quarantaine d’emplois privés dans le tourisme sont créés. « C’est un coup de pouce indéniable pour le maintien et le développement de l’économie locale », se félicite Pascal Dugué. Des nouvelles familles s’installant, la commune agrandit en 2013 le centre de loisirs (400 000 euros, voir encadré) avec, de nouveau, des matériaux locaux (paille et bois). Elle aménage des espaces de jeu ainsi qu’un sentier pédagogique dans une prairie communale, labellisée Espace naturel sensible (ENS). Le lien avec les habitants reste une priorité pour l’équipe municipale qui invite les associations, et notamment celles qui touchent les jeunes familles (centre de loisirs, associations des parents d’élèves…), à tous les temps forts de la commune. Elle mise sur la construction de cinq habitations pour accueillir de nouvelles familles et s’est attelée à l’aménagement d’une boutique éphémère dans une ancienne grange, acquise par la commune en 2013 pour élargir l’offre commerciale. La dynamique n’est pas près de s’arrêter.

Les nombreuses distinctions de Chédigny

Chédigny a reçu plusieurs prix régionaux du fleurissement et du concours « Villes et villages fleuris » (où elle est classée Fleur d’Or). Le village est inscrit dans les « Roseraies et jardins d’Europe » édité par la Société Nationale d’Horticulture de France. Il est labellisé en 2013 « Jardin Remarquable » par le ministère de la Culture et de la Communication, Rubans du Patrimoine en 2018 pour le presbytère et son jardin et Écharpe d’Or par la prévention routière. En 2020, le village est reconnu par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité́ et l'aménagement (Cerema) car le végétal apaise la circulation et favorise le mieux vivre ensemble. De plus, le village a une étoile touristique Michelin.

Sans financements, pas de projet

Sans grande capacité de financement, pas de projets possibles pour cette petite commune. Ainsi le presbytère et le jardin, aménagés pour un total d’environ 550 000 euros HT, ont reçu des aides de l’État, de la Région, du département et de la Communauté de communes Loches Sud Touraine, à hauteur de 80 %. La communauté de communes, avec le soutien d’un doctorant, a en outre apporté son expertise pour ce qui concerne l’utilisation des matériaux locaux, et la quasi-totalité des travaux a été confiée à des entreprises locales. L’extension du centre de loisirs d’un montant de 400.000 euros HT, a bénéficié d’un prêt de la Caisse des allocations familiales (Caf) de 90 000 euros ainsi que des aides de l’État, de la Région et du département à hauteur de 40 %. Les aires de jeu (parcours VTT/BMX, jeux pour les petits, terrain de ballon/basket) dont les travaux se sont élevés à environ 40 000 euros HT, ont été financés en partie par la Région et le département (qui a pris en charge à 100 % les jeux petite enfance). Les 30 000 euros d’aménagement du sentier pédagogique d’1,5 km sur la prairie ont reçu des aides de ces mêmes collectivités à hauteur de 80 %. À cela, il faut aussi ajouter la forte implication bénévole des habitants.

Commune de Chédigny

Nombre d'habitants :

557
5 place de la Mairie
37 310 Chédigny
mairie.chedigny@orange.fr

Pascal Dugué

Maire

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