Saint-Mandrier-sur-Mer replante sa forêt incendiée avec l'aide de ses habitants (83)

Le 29 juillet 2019, 30 hectares de forêt partaient en fumée à Saint-Mandrier-sur-Mer. Sur cette surface, 20 hectares de forêt publique. Moins de 4 mois plus tard, la ville lançait sur ce site la plantation participative de sa forêt communale, avec le soutien financier et pratique de ses habitants. 3 ans plus tard, l'opération est un succès : les plants ont repris à 90 %, le remplacement du couvert végétal est amorcé afin de créer une forêt moins sensible aux feux. Il faudra toutefois attendre plusieurs dizaines d’années avant de retrouver une ambiance forestière.

Le 27 juillet 2019 à 12 h 30, l'alerte est donnée et la sirène retentit à Saint-Mandrier-sur-Mer. Le feu a pris en bordure d'un sentier dans la forêt communale, dans le quartier de Pin Rolland. Attisé par un fort mistral, il se propage jusqu’au Domaine de l'Ermitage, une ancienne propriété rurale ouverte au public, appartenant au Conservatoire du Littoral depuis 2014, lieu de sensibilisation à l'environnement et de production agricole. Ce seront finalement 30 hectares qui partiront en fumée, dont 20 de forêts publiques, ainsi que l’entrepôt à matériel du métayer du Domaine. C'est près de 10 % de la surface de cette petite commune, si l'on ne tient pas compte des terrains militaires de la Marine Nationale, non accessibles aux habitants. « Quand on nous agresse, il faut répondre tout de suite, nous avons donc décidé de replanter rapidement le site, en aidant la nature », indique Gilles Vincent, maire de la commune.

Une replantation active par dérogation

Première étape : mettre le site en sécurité et l'organiser pour une régénération naturelle. « La technique consiste à faire des mises en fascines, » indique Ryan Aubard, directeur adjoint des services techniques. Les troncs d’arbres brûlés sont abattus et installés perpendiculairement à la pente pour éviter les coulées de boues lors les orages d’automne, conserver les graines locales sur site et laisser les insectes xylophages amorcer la décomposition naturelle, avant que les arbres ne reviennent naturellement. Ces travaux ont débuté dans la semaine suivant l'incendie, pilotés par la Métropole Toulon Provence Méditerranée - gestionnaire de la forêt - et le Conservatoire du littoral - propriétaire du site. « C'est la technique employée partout en France aujourd'hui par l'ONF mais nous voulions aller plus loin en replantant activement cette forêt », indique le maire. La surface conséquente brûlée en regard de la superficie de la commune et sa proximité avec la ville ont convaincu le Ministère et le Conservatoire : le maire a obtenu une dérogation pour replanter et ne pas seulement attendre la régénération naturelle.

D'autres essences d'arbres pour limiter le risque incendie

La forêt qui a brûlé était principalement composée de pins d'Alep. « C'est un arbre qui recolonise naturellement les terrains après un incendie, car la chaleur disperse ses graines, souligne le directeur adjoint. Il laisse aussi un maquis dense exister sous ses branches, ce qui rend le site plus fragile au risque incendie. » Conseillée par un spécialiste de la forêt méditerranéenne, la mairie de Saint-Mandrier décide alors de modifier les essences en place et replanter la forêt endémique méditerranéenne : pins parasols sur les collines, chênes verts et chênes-lièges dans les vallons plus ombragés. « Le pin parasol laisse moins passer le soleil ce qui limite la formation du maquis sous ses feuilles, le milieu devient donc moins sensible au risque incendie », précise le maire.

L'implication des citoyens volontaires

Dès le lendemain de l'incendie, un administré qui n’est autre que le fils du maire lance une cagnotte en ligne pour aider à la replantation de la forêt. 30 000 € sont récoltés auprès des habitants mais aussi de contributeurs venus d'ailleurs et attachés à la commune. Au-delà de la participation financière, la commune, en partenariat avec l’association de reboisement de la presqu’île, choisit de replanter avec l’aide de volontaires. « C’était la plus belle partie de notre forêt, il n'y a eu aucune difficulté à mobiliser des personnes, la plupart se sont spontanément proposées », souligne le maire. Habitants, scolaires de la maternelle au collège, salariés d'entreprises privées, militaires de l'école de la Marine Nationale, écoles de Jeunes Sapeurs-Pompiers… quelque 1 000 volontaires participent à la replantation à l'automne 2019. Une vingtaine d'élus, le comité des feux de forêt (CCFF) et une dizaine de techniciens encadrent les volontaires répartis en différents groupes : « Chaque responsable avait un secteur, les volontaires plantaient environ 10 arbres chacun, c'est une grosse organisation logistique », souligne le directeur adjoint.

Une bonne reprise

Durant les étés 2020 et 2021, des tournées d'arrosage bénévoles ont permis d'aider les jeunes plants à passer la saison chaude. « 3 ans après, le taux de reprise est de pratiquement 90 % et nous avons juste dû remplacer 300 arbrisseaux, brûlés par les embruns, indique le directeur adjoint. Nous n'avons bien sûr pas arrosé durant l'été 2022 du fait des restrictions. » « La plantation participative a impliqué les habitants dans la vie communale, elle les a sensibilisés au respect de la nature, ajoute le maire. Tout seul, on n'y serait tout simplement pas arrivés ». Une classe de collégiens en a même profité pour travailler sur la repousse du site l'année suivante : pas de surprise, c'est le pin d'Alep qui redémarre le plus vite. Il va donc falloir faire de la sélection afin que les pins parasols, plus lents à pousser, se fassent une place. Restent les 10 hectares de forêt privée qui avaient aussi brûlé lors de l'incendie et qui sont restés en l'état avec leurs arbres calcinés sur pied. Le maire a rencontré les cinq propriétaires concernés : trois d’entre eux pourraient céder à l’avenir leur terrain au Conservatoire du littoral pour s'ajouter à la forêt publique avec un plan global de régénération.

Les chiffres clés de l'opération

  • 20 hectares de forêt publique replantée
  • 8 000 arbres replantés (taille 1 m et plants forestiers)
  • 68 150 € de coût global d'opération de régénération/replantation dont 48 % financés par des dons (cagnotte participative + dons d'entreprises), 40 % par Toulon Métropole, 9 % par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 3 % par le département du Var
  • En sus, la commune a dû engager 40 000 € pour remplacer le matériel agricole du domaine : tracteur, rotavator, gyrobroyeur et pulvérisateur de vigne qui avaient brûlé lors de l'incendie. Le département a contribué, avec une subvention de 2 000 €.
  • Enfin, 5 000 € de cagnotte participative ont été attribués au métayer pour remplacer son propre matériel (tondeuse, débroussailleuse…)

Commune de Saint-Mandrier-sur-Mer

Nombre d'habitants :

5842
Hôtel de Ville Place des Résistants
83 430 Saint-Mandrier-sur-Mer

Gilles Vincent

Maire

Ryan Aubard

Directeur adjoint des services techniques

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