Caen enlève le bitume de ses trottoirs (14)
En 2020, Caen a lancé en programme de débitumisation pour végétaliser des trottoirs avec le soutien de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, sur un total de 40 000m2. Objectif : faciliter l’infiltration des eaux de pluie et améliorer la santé des arbres, dans un contexte d’adaptation au changement climatique.
« En tant qu’élus, nous avons comme mandat de remettre de la nature en ville, autant que possible, car nous devons faire avec les contraintes sur le territoire, en surface et en sous-sol. Nous avons lancé le programme de débitumisation des trottoirs de Caen en 2020. 23 000 m2 de bitume ont déjà été enlevés et l’objectif est d’atteindre 40 000 m2 fin 2023 », explique l’adjointe au maire en charge de la transition écologique, Julie Calberg-Ellen.
Ce programme, soutenu par l’Agence de l’eau Seine-Normandie à hauteur de 80 % pour un coût d’environ 800 000 euros (soit un peu plus de 20 euros hors taxe par mètre carré) a pour objectif de désimperméabiliser les sols, pour faciliter l’infiltration des eaux de pluie. En effet, les zones fortement urbanisées accentuent le ruissellement de l’eau, limitant son absorption par le milieu naturel et le rechargement des nappes phréatiques. Lors de grandes pluies, il y a davantage d’engorgement des systèmes d’évacuation des eaux. Par ailleurs, la commune de Caen est intégrée dans le plan de prévention des risques majeurs (PPRM) de la basse vallée de l’Orne, qui réglemente par exemple les mesures de prévention de submersion.
Des surfaces perméables
« Notre ville a été reconstruite après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale avec de larges avenues et des alignements d’arbres, par lesquelles nous avons commencé. Nous avons beaucoup de surfaces de trottoirs et l’objectif est de remplacer le bitume par des surfaces perméables, notamment de l’herbe. Cela améliore aussi la santé des arbres qui, trop encastrés, ne peuvent pas se nourrir correctement », précise l’adjointe au maire. Le travail d’entretien sera aussi facilité. Le désherbage thermique des trottoirs est remplacé par environ quatre tontes par an. Enfin, bien que la commune n’ait pas fait d’étude technique approfondie en ce sens et que l’impact serait limité et localisé, le remplacement du bitume par de l’herbe devrait améliorer le confort des habitants en cas de fortes chaleurs.
Deux opérations par an
La commune organise deux opérations par an, une à l’automne et une au printemps, qui sont confiées à une société extérieure. Les emplacements à végétaliser sont décidés par les élus, en lien avec les habitants à travers les conseils de quartier, et un agent du service espaces verts travaille quotidiennement sur le sujet : il identifie les zones adaptées sur la base du patrimoine arboré, prend en compte les contraintes légales d’une largeur minimum de deux mètres de trottoir à conserver pour les personnes handicapées, se rend sur place et travaille avec les autres services pour savoir s’il y a déjà des travaux prévus…
Informer les habitants
« Avant les travaux, il y a toujours une information des habitants et l’on peut revenir sur place pour ajuster après, par exemple si on a enlevé trop de bitume près d’une entrée de garage où des camions vont rouler ou pour réimplanter du gazon si l’été a été trop sec. On a aussi vu que dans des zones passantes, il faudrait protéger l’herbe avec une signalétique pendant les premiers mois. On a aussi testé différents substrats en novembre 2020 pour des endroits plus ou moins passants », rapporte l’élue. Ces opérations sont bien acceptées, selon elle, même si pour certains habitants cela peut entraîner une modification de l’usage de certains trottoirs. Les prochains travaux seront consacrés à la végétalisation de la place Foch mais aussi à des portions de rue : « on va faire dans le détail, en concertation avec les habitants », note l’élue.
Une politique globale sur l’urbanisation
« C’est un outil qui s’intègre dans une politique globale, on a aussi des volets de création de parcs, d’implantation d’arbres… Mais pour continuer à bien vivre à Caen dans une vingtaine d’années, il faut que cela s’intègre dans une réflexion à l’échelle de la communauté urbaine sur l’urbanisation et les sols », conclut Julie Calberg-Ellen.
Une étude sur l’imperméabilisation des sols
Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) a noué une convention de partenariat de recherche avec Toulouse Métropole, afin de développer des outils d’évaluation du potentiel de débitumisation ainsi que des services écosystémiques rendus par les aménagements végétalisés de gestion des eaux pluviales.
Plus d’information : www.cerema.fr/fr/actualites/accompagnement-toulouse-metropole-identifier-potentiel
Chiffres clefs de l'expérience de Caen
- Fin 2022, 33 000 m² sont effectivement désimperméabilisés, pour un montant cumulé de 621 000 € HT
- Fin 2023, cette surface atteindra 4,7 hectares, pour un montant cumulé de 924 500 € HT
- Subvention de l’Agence de l’eau : 80 %
Commune de Caen
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