Avec ses filets anti-déchets, Anglet sensibilise à la propreté de la mer (64)

Mégots de cigarettes, emballages de bonbons, bouchons, sédiments… 510 kg de matériaux divers ont été récoltés de décembre 2021 à mars 2022 dans les filets anti-déchets. Positionnés sur un collecteur d’eau de pluie aboutissant au ruisseau du Beyris à Anglet, ces filets ont intercepté ces matériaux avant qu’ils n’aboutissent dans l’océan.

Signataire depuis 2019 de la charte Plage sans déchets plastiques, la Ville d'Anglet a mis en place de nombreux outils pour lutter contre l'arrivée de déchets dans l'océan. « Toutes nos plages sont équipées de poubelles, nous avons un dispositif de récupération des mégots de cigarette avec notre partenaire Tree6clope et nous finançons chaque été la distribution de cendriers de plage », indique Valérie Dequeker, adjointe à l'environnement. Plusieurs opérations ponctuelles de nettoyage des plages sont aussi régulièrement menées, notamment avec des scolaires et les plages sont nettoyées réalisé quotidiennement l'été par des agents municipaux. Mais les déchets maritimes peuvent venir de plus loin, et notamment des eaux se déversant sur le littoral. D'où l'idée d'aller les piéger en amont avec des filets anti-déchets.

Un dispositif repéré en Bretagne et en Angleterre

La Ville d'Anglet a repéré l'expérience menée en Angleterre et en Bretagne, dans le cadre du programme Interreg Preventing Plastic Pollution. Un des outils testés consiste à poser des filets anti-déchets dans les ruisseaux ou exutoires d'eaux de pluie pour capter les déchets avant qu'ils ne rejoignent l'océan. Après avoir trouvé un partenaire local capable de poser ce type de filet qui retient tous les déchets de plus de 9 mm (taille d'un mégot), la commune a décidé d'expérimenter cette solution sur un exutoire tombant dans le ruisseau du Beyris. « Nous nous sommes fait aider par une entreprise spécialisée pour décider du lieu le plus adapté, indique Pierre-Yves Dartigue, directeur du développement urbain et de l'environnement. Après avoir envisagé d'installer le dispositif sur un ruisseau donnant sur la plage mais où la fixation des filets était compliquée, nous avons repéré ce site en aval d'une zone commerciale. L'idée était de cibler un lieu très fréquenté, très urbain, d'un hectare environ. » Tous les déchets récoltés ont donc été charriés par les eaux de pluie tombées sur une zone commerciale proche.

Mégots de cigarettes et plastiques

Le premier levage des filets a eu lieu en mars 2022 après 4 mois de fonctionnement. À l’aide d'une grue, le filet lourd de 510 kg a été remonté puis trié par des agents municipaux aidés par une entreprise spécialisée. 63 kg de déchets ont été triés, après avoir mis de côté les matières organiques et les sédiments (90 %). « Nous avons dénombré un à un les déchets collectés, composés à 60 % de mégots, le reste étant quasi exclusivement des matières plastiques variées : fragments de sacs plastiques, bouchons, emballages… », indique le directeur adjoint. Bien caractériser ces déchets, c'est aussi affiner les messages à faire passer à la population. L'opération de levage et l'analyse du contenu ont ainsi fait l'objet d'une communication importante : articles dans la presse locale, reportage sur France 3, messages sur les réseaux sociaux…

Un nouveau site

« Cette opération a permis de prouver au grand public que tous les déchets jetés dans l'espace public finissent dans l'océan et que sa propreté commence bien en amont », note l'adjointe. Pour autant, les filets anti-déchets ne semblent pas être amenés à constituer demain un outil de la politique publique déchets, par ailleurs de compétence communautaire : « Au vu de la proportion relativement limitée de déchets récoltée en regard de la quantité de sédiments et du coût conséquent d'un tel dispositif - près de 13 000 € pour le seul achat des filets - nous ne pensons pas généraliser ces filets, » indique l'adjointe. En revanche, après un second levage en septembre 2022 sur le même site, la Ville prévoit de déplacer, sur un autre site, ces filets dont elle est désormais propriétaire. « La sensibilisation est une politique des petits pas et un art de la répétition, souligne le directeur. Il nous semble intéressant de communiquer à chaque fois qu'on fera un lever, pour ancrer petit à petit des comportements plus responsables » conclut-il.