Des logements sans artificialisation des sols, le pari gagnant de Longuesse (95)
La commune agricole de Longuesse vient de se doter d'une offre locative de logements sociaux à bas loyer. Et projette un lotissement. Le tout en respectant les clous du « zéro artificialisation nette ». Une opération où tout le monde est gagnant, se réjouit le maire. Mais qui a nécessité de doubler l'investissement et de bien réfléchir aux choix des aménagements et des matériaux.
« Ce n'était pas forcément une gageure », souffle le maire du bourg, Norbert Lalloyer, pas mécontent du résultat. Car la commune compte aujourd'hui trois logements sociaux à loyer très modéré, dont un adapté pour une personne en situation de handicap, et tandis qu'un lotissement doit émerger au cœur du village, sans mordre sur les terres agricoles.
La commune a commencé par acheter en 2014-2015, un corps de ferme mis en vente à la suite du décès de son propriétaire. Un bâtiment juste en face de la mairie. Idéal pour une réhabilitation afin d'y aménager « deux ou trois logements à loyer très modéré pour faire venir des jeunes couples ». La commune a obtenu des prêts PLAI (prêt locatif aidé d'intégration). Le loyer à la sortie est de 6 euros le mètre carré pour le locataire. La commune gère en direct ces logements devenus communaux.
Le parc naturel régional du Vexin a attribué une subvention en contrepartie de l'utilisation de matériaux compatibles pour réduire l'empreinte écologique et la facture énergétique des futurs logements. « Cette partie du travail a été fastidieuse, reconnaît le maire, mais la commune a été bien accompagnée, notamment dans le montage du cahier des charges par Soliha. » Les logements sont équipés d'une chaudière à granulé à bois, avec un compteur calorifique par logement. « À raison de 2 000 euros de granulés par an pour les trois logements, eau chaude incluse, l'économie est réelle pour les ménages », soupèse le maire.
Densifier le tissu urbain
La commune a également saisi la « chance du village d'avoir des terrains non construits dans son tissu urbain » pour projeter un lotissement de 24 lots, là encore « sans artificialisation ». Il s'agit d'anciens jardins, en friche, entourés de murs, non exploités, explique le maire. Ce projet permet de « relier deux secteurs du village ». Six des huit propriétaires de ces terrains ont accepté de les vendre. La commune a confié l'opération à un aménageur. « Car elle était financièrement impossible à réaliser pour nous et ce n'est pas notre métier », résume l'élu. Le permis d'aménager vient d'être reçu. Les travaux d'aménagement, de voirie, de réseaux, doivent démarrer d'ici fin 2022, pour une livraison des premières maisons en 2024.
Là encore, le projet est travaillé en lien étroit avec le PNR du Vexin. Sur les aspects environnementaux et paysagers. « Ils nous ont aidés à réfléchir sur le choix des essences d'arbres à implanter, le type de trottoirs, puisque le béton est interdit si l'on veut que l'eau pénètre dans les sols », cite en exemple le maire. La commune réfléchit aussi à des « parkings drainants », à la récupération des eaux de pluie, etc. Autant de règles qu'il faut aussi mettre en regard de celles de l'architecte des Bâtiments de France, en raison de l'église classée du village. Le maire sourit. Certaines discussions ne sont pas simples… « Mais c'est un travail d'équipe bigrement intéressant ! » assure-t-il.
L'école municipale respire
Depuis la mise en location des logements sociaux en 2017, quatre enfants de plus ont été inscrits à l'école. « Des couples sont déjà partis, pour raison professionnelle notamment, remplacés par d'autres qui étaient sur la liste d'attente. Et un ancien couple locataire a choisi de s'installer dans une longère du village, ce qui nous permet de garder les enfants inscrits à l'école et d'accueillir de nouveaux couples » récapitule le maire, satisfait. Car c'était bien, aussi, l'objectif de la municipalité, que d'assurer la pérennité de son école communale. Le lotissement devrait permettre de consolider cela, assure le maire. Il estime que la population du village va ainsi augmenter de 15 à 20 % (soit entre 60 et 70 personnes). Il sait que des couples ont déjà réservé leur future maison.
Une addition multipliée par deux
Sans les contraintes imposées par le parc naturel régional du Vexin, la réhabilitation de la ferme en trois logements aurait coûté quelque 300 000 euros en moins soupèse l'élu. Les subventions du PNR ne compensent pas totalement le surcoût des matériaux imposés. Tout compris, acquisition et réhabilitation, le projet s'est monté à près de 887 000 euros. La municipalité a contracté un emprunt de 561 000 euros sur 40 ans auprès de la Caisse des Dépôts. Elle a investi 111 021 euros de fonds propres, et obtenu des subventions, pour près de 215 000 euros : 93 382 euros du Conseil régional pour l'acquisition et la reconstruction ; 56 700 euros de l'État au titre de l'aide aux petites communes, 64 500 euros du PNR.
Commune de Longuesse
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