Murviel-lès-Montpellier revitalise un hameau agricole (34)
En bordure de la métropole montpelliéraine, Murviel-lès-Montpellier a réussi à revitaliser un hameau rural en y accueillant des porteurs de projets agricoles. Tout en dynamisant son économie locale, la petite commune lutte aussi contre l'enfrichement qui menace cette terre de garrigues. Trois ans après l'installation du premier porteur de projet aux Quatre-pilas, la démarche porte ses fruits et le modèle pourrait se développer sur d'autres sites communaux.
À Murviel-lès-Montpellier, commune périurbaine de près de 2.000 habitants, les portes de la grande ville voisine sont à 7 kilomètres. Pour autant, pas question de n'être considérée que comme une commune-dortoir. « Nous avons élaboré un projet global qui vise à soutenir la vie sociale des habitants sur place, qui propose une offre culturelle, privilégie la rénovation du bâti à la construction neuve et développe l'activité économique, souligne Isabelle Touzard, maire de la commune depuis 2014. La revitalisation du hameau des Quatre-pilas est une des facettes de ce projet global. »
La déprise agricole, des risques multiples
Sur ce territoire de garrigues, de bois et de viticulture, la déprise agricole est importante. « C'est un risque important en termes de feu de forêts ou de présence de sangliers, souligne le maire. Cela joue aussi sur la perte de biodiversité et la fermeture des paysages. » D'où l'idée d'accueillir de nouveaux porteurs de projets agricoles sur les terrains publics dont dispose la commune. Sur le hameau des Quatre-pilas, la mairie de Murviel est propriétaire de 38 hectares et d'une bergerie : acquis par l'équipe municipale précédente, ils devaient être transformés en parc d'attractions, projet abandonné par les nouveaux élus en 2014. La mairie vise alors l'installation d'un éleveur d’ovins ou de caprins, activité qui existait ici par le passé. Elle se tourne en 2017 vers l'association Terres Vivantes, membre de la fédération des Associations pour le développement de l'emploi agricole et rural (ADEAR). « C'est essentiel de s'assurer que nous aurons des porteurs de projets solides. Terres Vivantes nous apporte son savoir-faire. »
Un prêt gratuit des lieux dans un premier temps
Un éleveur de chèvres, disposant déjà d'un troupeau mais trop à l'étroit, visite les Quatre-pilas à l'été 2017. Le site correspond parfaitement à son projet mais il va falloir faire vite : il doit rentrer dans les lieux avant la mise bas de ses chèvres, en début d'année suivante. « En tant que propriétaire, nous avons réalisé pour 15.000 € de travaux afin d'assurer les branchements en eau et électricité et le clos couvert puis signé en février 2018 un commodat, prêt gratuit dans un premier temps », indique le maire. L'objectif étant, dès 2019, de passer en bail rural classique dès lors que le projet dans les lieux se confirmerait. L'éleveur et ses chèvres emménagent en mars 2018. Il prend rapidement ses marques dans le secteur, vend ses fromages au marché local, est contacté par les viticulteurs locaux (8 d’entre eux sont installés en bio sur la commune) pour que ses chèvres viennent pâturer en hiver dans les vignes. Trois ans après son installation, l'exploitation est passée de 2 à 4 personnes et un atelier de transformation flambant neuf vient d'être réalisé dans la bergerie.
Un projet de contournement routier accélère le projet
En 2019, le conseil départemental de l'Hérault recherche de terrains pour assurer la compensation environnementale d'un projet de contournement routier, qui passe près de Murviel. Il missionne alors le conservatoire des espaces naturels régional qui prend contact avec la mairie, souhaitant acquérir les 38 hectares des Quatre-pilas à cette fin. Au même moment, Murviel repère que le département met en vente un des bâtiments du hameau. « Le département a accepté de nous céder ce bâtiment à l'euro symbolique en échange d'un bail emphytéotique de 30 ans sur les 38 hectares de l'exploitation », souligne le maire. L'éleveur a préalablement confirmé son intérêt pour la démarche : les compensations environnementales vont permettre de réinstaurer les fonctionnalités écologiques sur ces terres « dégradées ». « Le bail rural et le plan de gestion doivent être signés d'ici février 2022 entre le département et l'éleveur, date de la fin de notre commodat », précise le maire.
Des locaux supplémentaires pour muscler le projet de hameau agricole
Avec ce bâtiment supplémentaire, la mairie se tourne à nouveau vers l'association Terres Vivantes pour trouver d'autres porteurs de projet. En 2019, un couple d'apiculteurs installe sa miellerie sur la moitié de la surface, logement de fonction compris, et contracte un bail rural avec la mairie. L'éleveur de chèvres a également le projet d’occuper une petite surface du nouveau bâtiment pour l'affinage de ses fromages, et la transformation de la viande de chevreaux. Puis, une tentative d'installer un boulanger n'aboutit pas. « On peut encore accueillir un ou deux porteurs de projets, nous allons relancer nos recherches à la rentrée 2021 », indique le maire. Aux Quatre pilas, d'autres bâtiments privés hébergent aussi des locataires non agricoles. La mairie aimerait les racheter pour y loger tous les agriculteurs exerçant sur le site, qui seraient ainsi plus proches de leur exploitation. « Sur ce dossier, nous demanderons le soutien de la métropole, qui accompagne désormais les communes sur ces projets », indique le maire, également vice-présidente en charge de l'agroécologie à Montpellier Méditerranée Métropole.
Demain, d'autres noyaux agricoles sur la commune ?
La réussite du projet de hameau agricole aux Quatre-pilas pousse désormais Murviel à s'intéresser à d'autres sites. « Nous sommes en veille pour réaliser des acquisitions foncières sur 2 secteurs où nous disposons d'une première assise foncière municipale, des sites stratégiques pour la reconquête et l'entretien de terrains en friche, souligne le maire. Il s'agit de constituer de premiers noyaux fonciers de départ, peut-être de construire un bâti agricole, qui permettent à un porteur de projet de s'installer. » Partisane d'un modèle où la collectivité reste propriétaire des terrains et du bâti pour garantir leur destination agricole même si le porteur de projet se désengage, le maire conclut : « Le rôle de la collectivité, c'est de mettre à disposition des moyens, d'être réactif, sans orienter le projet, pour que l'agriculteur reste libre de ses investissements. »
Éléments financiers
Si les premiers travaux sur la bergerie des Quatre-pilas (15.000 €) ont été intégralement autofinancés par la commune, cette dernière devrait être aidée à 80 % sur ceux programmés en 2021 (35.000 €) par le fonds d'aide à l'investissement communal du conseil départemental de l'Hérault. En cédant ses 38 hectares de terrains en bail emphytéotique au département, la commune s'est privée d'un loyer annuel de l'ordre de 700 €. En revanche, la location du bâtiment de 600 m2 qu'elle a acquis pour l'euro symbolique lui rapporte déjà 7.500 € par an alors qu'il n'est qu'à moitié occupé. « Au final, le retour sur investissement, subventions déduites, sera très rapide. »
Commune de Murviel-lès-Montpellier
Nombre d'habitants :
Isabelle Touzard
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