Reconvertir les friches industrielles pour contenir l’étalement urbain (34)

Le territoire de Sète agglopôle Méditerranée connaît depuis plusieurs années une poussée démographique couplée à une croissance économique qui entraîne des tensions foncières importantes. « D’autant plus importantes, fait remarquer le vice-président chargé de l’Aménagement et de l’urbanisme, Loïc Linares, que l’élaboration du Schéma de cohérence territorial, le Scot, approuvé en 2014 a fait émerger la nécessité de lutter contre l’étalement urbain pour protéger les terres agricoles et les zones naturelles, soumises à une forte pression foncière. » Les espaces littoraux comme les abords de l’étang de Thau constituent une grande richesse de biodiversité et font la convoitise des promoteurs immobiliers. Mais ils sont aussi très menacés par le changement climatique qui accélère la montée des eaux et le recul du trait de côte.

Intégrées dans le Plan local d’urbanisme (PLU), les dispositions du Scot ont contribué à réduire fortement la consommation de foncier au cours des six dernières années. Le développement économique a été principalement orienté sur les pôles urbains mitoyens que forment Sète, Frontignan, Balaruc-les-Bains et Balaruc-le-Vieux. Là se concentrent les principales friches industrielles, dont la reconversion est le principal levier de la stratégie de Sète agglopôle Méditerranée pour contenir l’étalement urbain. Là se concentrent aussi les emplois et les activités économiques ainsi que les infrastructures de services et de transports en commun.

Trouver la place de construire des logements

La reconversion de ces friches sera aussi consacrée à la construction des logements, dont Sète agglopôle Méditerranée a besoin pour répondre aux demandes de ses habitants et à l’accueil de nouveaux arrivants. Actuellement, la disponibilité de logements est freinée par la pression qu’exerce la recherche de résidences secondaires, le développement d’Airbnb et le desserrement des ménages (familles recomposées, familles monoparentales, décohabitations). « Le logement est un enjeu fort du territoire, que la diminution de l’artificialisation des sols ne doit pas entraver », assure Loïc Linares. D’autant que le territoire doit aussi composer avec le recul du trait de côte, qui oblige à anticiper le repositionnement d’activités économiques et de logements situés trop près du littoral.

Une gouvernance complexe de maîtrise du foncier

Héritée du passé, la gouvernance de ce dispositif demeure complexe. En effet, le Scot est élaboré et mis en œuvre par le syndicat mixte du Bassin de Thau, qui exerce pour cette compétence sur le même périmètre que celui de Sète Agglopôle Méditerranée, rendant la répartition des compétences entre les deux structures pas toujours évidente. « Une clarification est en cours », indique le vice-président en charge de l’Aménagement et de l’urbanisme.

Une première étape dans la simplification de la gouvernance a été franchie en juin 2021, avec la fusion des organigrammes de la ville de Sète et de l’agglomération Sète Agglopôle Méditerranée. « Cette mutualisation facilite la cohérence des actions d’aménagement et d’urbanisme ainsi que leur efficacité, assure Pierre Gallizia, directeur de l’aménagement et de l’urbanisme de Sète agglopôle Méditerranée. Nous travaillons également en interaction avec toutes les communes. Par exemple, le droit des sols et notamment les permis de construire sont traités par les services de l’agglo mais restent délivrés par les maires. » De plus, ajoute-t-il, « l’idée de fondre les 14 PLU dans un PLU intercommunal pourrait de nouveau être mise en débat. » Il serait ainsi plus aisé d’y intégrer les objectifs du nouveau Scot.

Reconvertir les friches industrielles

« L’optimisation des friches est notre principal levier d’action. Nous le mobilisons pour répondre à l’ensemble des enjeux auxquels nous sommes confrontés et continuer à développer le territoire en cœur d’agglomération sur des fonciers déjà artificialisés. Cela nous permet aussi de préserver notre identité naturelle et agricole », affirme Loïc Linares. L’agglo s’y attelle, mais l’élu comme son directeur de l’aménagement ne sous-estiment pas les difficultés de ces reconversions, notamment lorsque les terrains exigent de coûteuses opérations de dépollution pour en restaurer la viabilité.

Dans ce contexte, plusieurs démarches ont été lancées. Un partenariat fort unit l’EPCI à l’Établissement public foncier (EPF) d’Occitanie pour acquérir des friches et réaliser des études spécifiques. Plus de 10 hectares ont déjà fait l’objet d’une acquisition et celle d’autres grands sites est envisagée ou déjà en cours de négociation. En outre, un protocole avec la SNCF permet à la collectivité et à l’opérateur ferroviaire d’étudier le devenir de ses grands fonciers non utilisés. Enfin, Sète agglopôle Méditerranée bénéficiera du dispositif national Territoire pilote de sobriété foncière pour optimiser sa démarche de reconversion des friches.