À Libourne, la végétalisation d’une école crée un havre de fraîcheur (33)

Une cour d’école auparavant très minérale a été plantée d’arbres et d’arbustes. Né d’une concertation exemplaire auprès des enseignants, des écoliers et des services techniques, ce nouveau paysage urbain est le fruit d’une véritable co-construction.

C’est une école élémentaire construite dans les années soixante, composée de bâtiments de plain-pied sans qualité particulière, implantés autour d’une vaste cour de récréation entièrement bitumée. L’école Sud se situe dans un quartier populaire en périphérie de Libourne. La plupart de ses 180 écoliers vivent dans des immeubles et n’ont que peu de contact avec la nature. Dans cet environnement très minéral, enfants et enseignants souffraient de la chaleur dès les beaux jours, dans les classes mais aussi dans la cour, dont le revêtement sombre devenait brûlant sous le soleil.

Située à 40 kilomètres à l’est de Bordeaux, Libourne est une cité viticole de 25 000 habitants qui s’est développée à la confluence de l’Isle et de la Dordogne, autour d’une bastide fondée au XIIIe siècle. La ville mène depuis 2015 une démarche d’adaptation au changement climatique : utilisant la nature comme levier d’action, elle s’appuie sur les continuités écologiques, la gestion alternative des eaux pluviales, et les services écosystémiques rendus par les arbres.

C’est l’animateur des activités périscolaires de l’école Sud, Julien Kowalewski, résolu à développer des ateliers pédagogiques sur le thème de la nature et du potager, qui le premier a eu l’idée de végétaliser la cour de récréation. Cette idée répondait au projet politique des élus, soucieux d’assurer l’équité entre les quartiers et d’offrir à tous un accès à un espace vert de proximité. Elle s’inscrivait tout autant dans la stratégie de lutte contre les îlots de chaleur. Séduit par l’idée, le maire de Libourne, Philippe Buisson, demande alors au directeur adjoint des services techniques, Sylvère Millon, de l’approfondir, en relation étroite avec l’animateur. Fin connaisseur des lieux, des usages, des enseignants et des besoins des écoliers, celui-ci va guider et accompagner le projet du début à la fin, à grand renfort de croquis, d’échanges, d’enthousiasme et de ténacité.

Réintroduire un sol vivant et perméable dans la cour

La cour de l’école Sud est alors plantée de quatre mûriers malingres, enchâssés dans des fosses de plantation si étroites qu’elles ne permettent pas aux eaux de pluie de s’infiltrer, ni au sol de respirer. La ville va confier le projet de végétalisation à une jeune agence de paysagistes implantée depuis peu sur la commune, l’atelier Clap (Creative Landscape Process). La municipalité est en effet très attachée à faire travailler les entreprises locales et à « tester » de nouveaux professionnels. Les paysagistes proposent de réintroduire un sol vivant et perméable dans la cour, favorisant l’infiltration des eaux pluviales. Au-delà de la simple plantation d’arbres, ils suggèrent la création d’une « cour forêt », un nouveau paysage urbain composé de bosquets et d’espaces ombragés, à l’écart de l’agitation de la récréation, où les enfants pourraient jouer au calme et s’isoler. Ils présentent un devis et une méthodologie basée sur la concertation avec les usagers.

Les paysagistes envisagent la cour comme « un tableau noir », support d’actions pédagogiques. Une composition de volumes végétalisés et d’espaces différenciés gomme son austérité. Une maquette modulable est présentée aux enseignants : invités à placer et déplacer les différents modules, ces derniers suggèrent de planter des arbres devant les classes les plus exposées au soleil. Dont acte : les lanières arborées, plantées d’arbres tiges et de cépées, vont créer un couloir ombragé et rafraîchissant. Les écoliers sont associés à la conception des nichoirs et des supports de biodiversité. Les perspectives spatiales, les trajectoires sont calculées depuis le point de vue des élèves. Les jardiniers de la ville et les équipes d’entretien sont également invités à donner leur avis sur les aménagements et plantations proposés. « L’écoute attentive de chacun des acteurs à l’égard des autres a permis de construire un projet collectif répondant subtilement aux attentes de chacun. Aucun d’entre eux n’a adopté la posture de sachant, les remarques de tous ont été entendues et prises en compte », commente Sylvère Millon, directeur adjoint des services techniques de Libourne.

Limiter l’entretien, proscrire l’arrosage

Quatre bosquets pédagogiques équipés de bancs sont organisés autour d’un salon de lecture, où les écoliers se rassemblent, seuls ou autour de leur enseignant. Des bacs potagers complètent l’ensemble. La stratégie de végétalisation est élaborée afin qu’à terme, tout arrosage soit inutile, les surfaces perméables devant suffire à absorber les eaux pluviales nécessaires. Le choix se porte sur une palette xérophyte de végétaux rustiques, résistants à la sécheresse. La concertation a acté la volonté commune de privilégier les plantes comestibles, plus susceptibles d’intéresser les enfants : noisetiers, arbousiers, lauriers sauce et arbres de Judée, notamment. Les végétaux comestibles devront être consommables avant et après les vacances d’été.

« La ville souhaitait que le premier projet de végétalisation de cour d’école soit réalisé dans un quartier très populaire. La cour forêt a apaisé le climat scolaire, et permet de travailler sur de nouveaux projets pédagogiques », explique Thierry Marty, 7e adjoint du maire de Libourne, délégué à l’éducation, à la vie scolaire et périscolaire.

Depuis sa livraison définitive, le 30 octobre 2020, la cour forêt s’est épanouie. Au fil des saisons, les écoliers apprennent à planter les graines, à les observer pousser, à découvrir que les fleurs des fraisiers deviennent fruits… Les enfants savourent le goût de la menthe, de la ciboulette ou de la sauge, et sont initiés au cycle de la nature dans un paysage considérablement embelli, un climat apaisé. Une haie isole désormais la cour du parking public mitoyen. L’intimité est préservée, la cour est devenue jardin, l’espace est rafraîchi. Précisons que ce projet a été récompensé au Palmarès du paysage 2021, décerné par la Fédération française du paysage, catégorie « Approche participative ».

Aménagement paysager et biodiversité cour de l’école élémentaire Sud

Budget : 73 000 euros HT, soit 30 euros le m2, auxquels s’ajoutent 10 % d’honoraires pour l’Atelier Clap

Surface : 2 300 m2 environ

Commune de Libourne

Nombre d'habitants :

24660
42 place Abel Surchamp
33 500 Libourne
contact@libourne.fr

Thierry Marty

Maire adjoint, en charge de l‘éducation

Sylvère Millon

Directeur adjoint des services techniques

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