Troyes cartographie ses îlots de chaleur grâce à des images satellite (10)
À l’heure où les canicules se multiplient, la connaissance approfondie des îlots de chaleur et de fraîcheur est devenue indispensable. À Troyes, la collectivité s’est appuyée sur des images satellitaires, croisées avec des mesures de terrain, pour établir une cartographie à grande échelle. À la clef, des données objectives pour adapter la ville aux fortes chaleurs et mieux vivre les canicules.
Si le bon sens nous dit qu’il fait moins chaud dans un espace vert que dans la rue, disposer d’une thermographie précise permet d’en faire un levier politique. « Nous avons voulu cartographier les îlots de chaleur et de fraîcheur pour partir de la réalité objective du terrain. Cette carte a vocation à être partagée le plus largement possible, au sein de la collectivité comme avec la population », explique Christine Thomas, adjointe au maire de Troyes, chargée de la transition écologique, des espaces paysagers, de la propreté, du cadre de vie et de la protection animale. Pour cette étude, financée en 2021 dans le cadre du programme Cœur de ville avec le soutien de la Banque des Territoires, la collectivité s’est appuyée sur des vues satellitaires. « Nous avions la possibilité de recourir à des vues aériennes – prises avec un avion - mais les images satellites ont l’avantage de fournir des données de température sur une longue période », poursuit l’élue.
Des données sur quatre ans
La collectivité a fait appel à un groupement pour cette étude. La société Kermap a ainsi travaillé sur les données satellitaires de la période 2016-2020, avec pour objectif de fournir un panorama de l’évolution des températures par année, par saison, de jour comme de nuit. L’intelligence artificielle utilisée par le prestataire permet aussi d’identifier à une échelle très fine le niveau de couverture végétale, la densité urbaine et la nature de l’occupation des sols. Les données satellitaires ont permis de cibler trois zones de fraîcheur et trois zones de chaleur pour réaliser des mesures sur site. Réalisées par la société Cereg, ces mesures de la température et de l’humidité de l’air à hauteur d’homme sont révélatrices du niveau de « stress thermique » auquel est soumis le corps humain. « Toutes ces données ont été croisées avec celles de Météo France pour vérifier qu’elles collent au ressenti. Et nous avons créé des profils de journée sur 24 heures par type d’îlot », complète Yoann Maugard, chef du service développement durable et climat.
Objectiver les débats
La collectivité possède ainsi un atlas très complet de ses îlots de chaleur et de fraîcheur. Ces données intéressent la quasi-totalité des services de la collectivité : gestion de l’eau, voirie espace vert, écoles, action sociale, communication… « Elles sont aujourd’hui régulièrement mobilisées pour des réunions de quartier, elles permettent d’objectiver les débats », souligne Christine Thomas. Des exemples ? Dans les écoles, les revêtements plastiques utilisés dans les cours de récréation ont révélé des performances thermiques désastreuses. Ces 10-15 degrés de différence par rapport à une surface végétalisée sont d’autant plus importants que les jeunes enfants, particulièrement vulnérables aux fortes chaleurs et à la déshydratation, sont plus proches du sol. Une information utile pour la rénovation des écoles, mais aussi pour les parents souhaitant protéger leurs enfants des fortes chaleurs. Et si les matériaux influent grandement sur la température, la configuration des lieux joue aussi. À cet égard, la collectivité a découvert que la zone industrielle, malgré le béton, l’aluminium et le bitume qu’elle concentre, était moins exposée à la chaleur, notamment la nuit, tout simplement parce que l’air y circule plus que dans les rues étroites du centre-ville.
Des éléments intégrés au PLU
Cette étude constitue désormais une aide pour prioriser les actions de la ville en matière de lutte et d’adaptation au réchauffement climatique. Les zones cumulant fortes chaleurs et concentration de populations à risques sont mieux identifiées. La collectivité va pouvoir s’appuyer sur des données objectives pour choisir les revêtements de sols et aménagements les plus adaptés aux fortes et chaleur. Et la création comme la préservation d’îlots de fraîcheur vont intégrer le plan local d’urbanisme.
En quelques chiffres
Coût de l’étude : 36 000 euros HT avec une subvention de 50 % de la Banque des territoires
Le volet analyse des images satellitaires sur 4 ans a été confié à Kermap, les mesures terrain sur 6 sites à Cereg.
Commune de Troyes
Nombre d'habitants :
Voir aussi
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.