Ungersheim, une approche systémique en faveur de la biodiversité (68)

La commune d’Ungersheim, dans le Haut-Rhin, s’étend sur près de 1 400 hectares, au pied du massif vosgien entre Mulhouse et Colmar. Ancien bassin de potasse, ce village est aujourd’hui un exemple de la transition écologique en France et a été reconnu Meilleure petite ville pour la biodiversité dans le cadre du concours Capitale française de la biodiversité de 2021, notamment grâce à ses actions sur la production agricole et la renaturation.

L’histoire commence dans les années 1970, avec l’implication de l'association Maisons paysannes d'Alsace dans la création de l’Écomusée d’Alsace, ouvert en 1984. Une friche industrielle de près de 100 hectares, liée aux anciennes mines de potasse, devient un village constitué de maisons traditionnelles entourées de haies, d’arbres, d’espaces sauvages, de rivières et d’étangs.

Un territoire résilient favorable à la biodiversité

Dans la continuité de ces travaux de renaturation, la commune initie en 2017-2018 un programme baptisé Terre résiliente, dont l’objectif est de construire un territoire favorable à la biodiversité, notamment par le biais de la préservation de la ressource « eau », en qualité et en quantité, avec environ trois millions d’euros de dépenses jusqu’en 2026. Il aboutit en une quinzaine d’années à la mise en place des systèmes d’épuration et de filtration des eaux des surfaces, la création de plans d’eau, la plantation de vergers et haies bocagères sur 1,3 km, la préservation des 27 km de cours d’eau qui cheminent dans la commune… Depuis 2006, la commune a par ailleurs abandonné les produits phytosanitaires et engrais chimiques et sélectionné des produits de nettoyage écologiques.

Le conseil municipal développe également une filière agroécologique avec une ferme maraîchère en chantier d’insertion en 2012 (fermée en 2022 et reprise par la commune) et la création en 2015 d’une régie municipale avec du maraîchage bio mais aussi des céréales, variétés anciennes panifiables et maltables des prairies sur un total en 2023 de 17 hectares. La commune a également financé via le programme Terre résiliente, la création d’ateliers de transformation (légumerie-conserverie, pressoir à fruits, microbrasserie…), complétée dans un 2e temps par une pression à huile et une distillerie pour plantes médicinales. Une grande partie des produits est destinée à la cantine, « 100 % bio » depuis 2009. « Ces exemples et expérimentations ont également vocation à développer de nouvelles filières rentables et à favoriser le changement de pratiques des agriculteurs locaux », précise le maire de la commune, Jean-Claude Mensch. Plus de la moitié de la surface agricole est encore destinée au maïs, cultivé principalement en conventionnel.

Habitat économe

Enfin, le conseil municipal a décidé en 2005 d’acheter le domaine Champré, 2 ha, pour favoriser des constructions durables et innovantes. Depuis, il a cédé 3 800 m2 à un collectif qui habite depuis 2015 dans éco-hameau de neuf logements, s’inspirant du modèle britannique « Bedzed » avec une très faible empreinte énergétique et environnementale. Un second hameau de 10 logements est en cours.

Les résultats de cet ensemble d’actions sont probants. Selon les partenaires universitaires du programme Terre résiliente, les actions ont contribué à la protection du captage d’eau et évité la pollution de la nappe par des produits phytosanitaires. Les aménagements comme la renaturation du carreau minier ont augmenté la biodiversité notamment grâce à de nouveaux habitats : création de collines sèches, landes et zones plus humides. En 2011, la ville d’Ungersheim a décidé de réaliser un atlas communal de la biodiversité, qui a permis de recenser 4 800 espèces végétales et animales.

Concilier économies et écologie

Tous ces projets ont été développés dans une approche systémique et avec les citoyens, impliqués par exemple dans l’atlas de la biodiversité, des chantiers participatifs ou par l’aménagement de sentiers pédagogiques. « Acheter des végétaux, remplacer certains produits d’entretien, mobiliser des citoyens, ce ne sont pas des grosses dépenses, on y consacre environ 15 000 à 20 000 euros par an », ajoute le maire de la commune. Des subventions publiques et privées sont également mobilisées pour ces projets.

Finalement, depuis 2004, les impôts communaux n’ont pas augmenté et certains investissements, comme l’installation de panneaux solaires, procurent des recettes régulières ou favorisent l’emploi et l’économie locale. « Récemment, nous avons aussi abandonné les plantations annuelles de fleurs pour installer des plantes vivaces. Cela répond à des questions d’environnement, surtout avec la sécheresse mais on va aussi limiter aussi les frais d’entretien », conclut le maire.