Bras-sur-Meuse et son festival du numérique et des « makers »(55)

À propos de la manifestation, Stéphane Grzymlas, maire de Bras-sur-Meuse : « j’ai été frappé lors du dernier festival en juin 2023, par les échanges fructueux entre amateurs éclairés et professionnels du numérique. De toute évidence, cette journée a élargi les réseaux pour les individus et pour le Numéripôle. C’est aussi un événement qui fait connaître la commune et valorise le numérique en milieu rural et péri rural ». De fait, le pari lancé il y a treize ans par la municipalité de ce village de 750 habitants est largement gagné. Créé pour proposer des formations au grand public afin de limiter la fracture numérique, Numéripôle est devenue une association forte de deux salariés à temps plein, accompagnée d’un conseiller numérique France Service et d’une vingtaine de bénévoles. Numéripôle a ainsi été lauréat en 2021 de l’appel à manifestation d’intérêt Fabriques de territoires.

Des activités multiples

Au fil du temps, Numéripôle, installée dans les locaux de la mairie, a proposé de nouvelles activités : web tv, fab lab, repair café, espace gaming… Chaque année, une journée Portes ouvertes permettait aux habitants du village et des environs de découvrir cette offre. « Nous voulions renouveler et enrichir cette journée, mettre en avant le faire soi-même, montrer à quoi servent les outils numériques et faire participer le public, en proposant un maximum d’activités. Nous voulions aussi travailler avec d’autres structures du Grand-Est », explique Loïc Patenere, responsable du Numéripôle. Résultat : le festival du numérique et des « makers » (bricoleurs qui fabriquent avec les outils numériques) a, pour sa quatrième édition, accueilli près de 800 personnes (500 en 2022), dont de nombreux jeunes et enfants. Au total, une vingtaine d’exposants (quatorze en 2022) ont proposé des ateliers tout au long de la journée : fab lab de Metz, youtubeurs, « makers » en tout genre, artisans ou artistes… La médiathèque de Verdun a présenté une machine à recycler les bouteilles en plastique, lequel plastique alimente les bobines utilisées par l’imprimante 3d de la médiathèque. Des professionnels de l’audiovisuel ont capté des images avec un drone et certains habitants ont pu s’initier à cette pratique, grâce à un simulateur de drones. Les conseillers numériques du département de la Meuse et du Pays de Verdun ont aussi animé des ateliers de sensibilisation aux réseaux sociaux.

2 000 personnes formées

Pour 30 euros par an, toute personne habitant Bras-sur-Meuse ou les environs (les formations touchent des personnes dans un rayon de 30 à 40 km) bénéficie de l’espace de formation dédié aux particuliers. « Mettre le numérique à disposition de chaque citoyen, sans laisser qui que ce soit dans l’isolement, est notre objectif depuis le début », précise le maire de Bras-sur-Meuse. De plus, répondre à la volonté massive de vieillir chez soi induit, de plus en plus, un usage des objets connectés. Près de 2 000 personnes ont été initiées ou formées depuis l’ouverture du Numéripôle. Le secret du succès : l’écoute des besoins et l’adaptation à la demande. Le responsable du Numéripôle explique : « Trois fois par semaine, nous proposons une thématique : utiliser son smartphone, gérer sa messagerie, archiver ses images, découvrir des objets connectés… De fait, une grande part de notre public est composée de séniors qui, à la retraite, retrouvent plus de latitude dans leur emploi du temps et souhaitent notamment, rester en lien avec leurs petits-enfants. »

Capter l’attention des jeunes

Lutter contre l’isolement des plus âgés est un enjeu majeur pour les élus, mais pas seulement. Faire sortir les jeunes de leur chambre est aussi un véritable défi ! « Notre objectif est de faire venir le jeune à la salle de gaming, où il joue avec d’autres jeunes dans ce même espace ». Stéphane Grzymlas l’a constaté lors de ses visites régulières au Numéripôle : « les jeunes jouent ensemble, puis passent la soirée ensemble et créent des liens d’amitié. De plus, ils font du sport sans s’en rendre compte ». Création la plus récente présentée au festival 2023 : le Hado gaming, sorte de « balle aux prisonniers » nouvelle génération, où les équipes (à partir de 7 ans) s’affrontent en s’envoyant des boules d’énergie. Ces séances d’e-sport sont aussi l’occasion de mobiliser les jeunes lors d’ateliers traitant des sujets d’actualité : les fake news, l’e-réputation… Le conseiller numérique poursuit ce type de transmission directement dans les établissements scolaires.

Des enjeux budgétaires

À des élus venus d’un village de l’Aisne, le maire de Bras-sur-Meuse n’a pas caché les implications financières d’un tel projet. Certes, l’association consacre une grande part de son budget de 150 000 euros aux salaires, à l’organisation du festival et autres activités, mais elle est accueillie dans les locaux de la mairie, ce qui génère des dépenses de fluides (électricité, chauffage…) de l’ordre de 12 000 à 15 000 euros annuels environ. À ce sujet, la municipalité a proposé à la communauté d’agglomération du Grand Verdun, un transfert de compétences pour alléger cette dépense. Quant au matériel, le responsable de l’association ne compte pas son temps pour remplir des dossiers et argumenter dans des appels à projet en vue d’obtenir des subventions, souvent avec succès. Les fonds européens Leader ont financé une grande partie du matériel, soit 12 ordinateurs dédiés à la formation, 10 ordinateurs et 5 consoles pour les gamers, 7 imprimantes 3d. Pour la création de Hado gaming, l’association a, dans le cadre du budget participatif Ma FaMeuse Idée (137 projets soumis, 43 lauréats), reçu une subvention du département d’un montant de 30 000 euros.