Chaumont ancre son identité autour du graphisme (52)

À Chaumont, ville centre d’un territoire rural et vieillissant, les élus ont réussi à faire de leur territoire le centre national du design graphique, avec 25 000 visiteurs chaque année, 35 000 les années de la Biennale. Une identité de mieux en mieux reconnue et intégrée, y compris par les Chaumontais et les habitants du territoire.

À l’origine est le trésor laissé à sa ville par Gustave Dutailly, député de la circonscription et collectionneur d’affiches. Depuis 1906, Chaumont se trouve ainsi détentrice d’un fonds précieux de près de 4 500 affiches, le deuxième après celui de la Bibliothèque nationale de France. Redécouverte par une bibliothécaire de la ville à la fin des années quatre-vingt, la collection donne lieu dix ans plus tard, sous l’impulsion du maire, au premier Festival international de l’affiche. Il devient en 2008 Festival Chaumont Design Graphique, premier festival français dans cette catégorie.

« C’est à compter de cette époque que les élus ont imaginé un lieu pérenne dédié au graphisme et à ses savoir-faire. C’est une manière à la fois de développer l’identité de notre commune autour de cette culture, d’accueillir des artistes et d’attirer une population plus jeune faite de professionnels et de visiteurs », explique Christine Guillemy, maire de Chaumont. La commune rachète alors le bâtiment de la Banque de France et en confie la rénovation et extension au cabinet Moatti & Rivière. Coût total de l’opération, 16 millions d’euros : 72 % sont financés par les subventions (État, région, conseil départemental), le reste par la municipalité.

Inauguré en octobre 2016, le Signe se déploie sur 2 000 m², dont la moitié en salles d’exposition, auxquelles s’ajoutent des espaces d’ateliers et de bureaux. Est créé dans la foulée entre l’État, la Région et la commune, un groupement d’intérêt public (GIP) culturel.

Visite gratuite

Ouvert toute l’année du mercredi au dimanche, le Signe, qui compte 17 emplois à temps plein, pratique une politique de gratuité totale : « Dans un souci démocratique, nous avons voulu rendre cette discipline accessible au plus grand nombre, pour la découvrir aussi bien que pour la pratiquer, pour les enfants et pour les jeunes, aussi bien que pour l’ensemble de nos concitoyens », précise Christine Guillemy. 35 % des visiteurs viennent de la Haute-Marne, 60 % de la région Grand Est.

Le budget de fonctionnement annuel du Signe s’élève à 2,2 millions d’euros, dont 800 000 euros de subventions (État et région à parts égales), 750 000 euros sont pris en charge par la ville, le reste est assuré par différents contributeurs et par les ressources propres du Signe via la librairie boutique, les éditions du Signe, le mécénat…

Éducation et formation au graphisme

Le Signe accueille tout au long de l’année près de 5 000 élèves des classes primaires et des collèges qui découvrent et pratiquent le graphisme au sein d’ateliers animés par les médiateurs du lieu, souvent en présence de graphistes professionnels. Ces derniers sont également invités dans les classes où, en lien avec les enseignants, ils partagent leur art, notamment dans le cadre des projets artistiques globalisés (PAG) de l’Éducation nationale. Pour Mariina Bakic, responsable de création et de transmission du Signe, « il est particulièrement intéressant que la ville ait, à partir d’un patrimoine existant, développé une identité axée sur le contemporain, sur la vitalité de cette discipline, avec l’intention de la transmettre ». Le développement des formations est aussi un axe privilégié avec un Bac Arts appliqués pour l’un des lycées de la ville, plusieurs BTS et, en lien avec l’Université de Reims qui a, pour ce faire, créé une antenne à Chaumont, une licence professionnelle Édition et Graphisme.

Créer un écosystème

Prochain enjeu pour la municipalité, faire venir plus de jeunes à Chaumont et les garder. « Pour relever ce défi, précise Christine Guillemy, nous avons l’ambition de créer place des Arts, où se situe le Signe, un véritable écosystème autour des savoir-faire du graphisme. Nous réhabilitons en face du centre, un autre bâtiment qui accueillera prochainement des artisans d’art. Notre idée est que les jeunes formés à Chaumont, trouvent inspirant d’y travailler et, pourquoi pas, de s’y installer. » Dans le même sens, la municipalité a retenu en 2022 cinq graphistes prestigieux (Atelier Baudelaire, Simon Renaud, Justine Figueiredo, Philippe Baudelocque, Grégoire Romanet) qui réalisent un parcours graphique dans cinq lieux emblématiques de la ville. Et elle poursuit avec la signalétique de l’ensemble de la commune, récemment confiée au cabinet Baldinger Vu-Huu.

Petite fille du Festival annuel d’affiches, la Biennale internationale de design graphique 2023 a attiré 1 500 postulants, issus de tous horizons géographiques : pays d’Europe, mais aussi Chine, Japon, Corée du Sud… Parmi eux, 200 artistes ont été sélectionnés pour cette édition par un jury international, présidé par Atelier 25 et composé d’artistes français, brésiliens, néerlandais. « Si les expositions se poursuivent jusqu’en octobre, nous tenons au caractère festivalier de la Biennale avec le week-end de lancement fin mai, qui marque le début des conférences, ateliers, salon de l’édition graphique, évènements musicaux… », précise Mariina Bakic. Quant aux affiches, elles poursuivent leur voyage dans le cadre de nombreux partenariats avec divers musées du monde : hier à Mexico, aujourd’hui à Montpellier ou à Paris, au Grand Palais.

Le Signe en chiffres en 2022

  • 25 000 visiteurs
  • 5 000 scolaires
  • 2,2 millions d’euros de budget de fonctionnement

Commune de Chaumont

Nombre d'habitants :

21770
10 place de la Concorde
52 000 Chaumont

Christine Guillemy

Maire

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