L’art dans la rue depuis 17 ans à Molineuf (41)

« Pas besoin de fréquenter les lieux culturels pour rencontrer l’art. À partir de cette proposition simple et modeste, la promenade artistique de Molineuf s’est développée au-delà de nos espérances pour devenir un rendez-vous annuel reconnu, dans l’intérêt de notre territoire et de ses habitants », explique Christine Pavy, première adjointe de Valencisse, maire déléguée de Molineuf.

Aux débuts donc, quelques œuvres dans les rues de Molineuf et aujourd’hui un comité d’organisation d’une quinzaine de personnes qui regroupe élus, artistes, entrepreneurs, habitants. Dès le début novembre, ils se réunissent chaque semaine pour sélectionner les artistes qui seront exposés en septembre, durant les 2e et 3e week-ends du mois. Pour les choisir, trois pistes : des propositions spontanées des artistes, des découvertes faites par les membres du comité ou bien le parrainage. Fin avril, tous les artistes sont identifiés, évoluant dans les arts pris au sens le plus large possible : peinture, sculpture, photographie, céramique, art textile… « Nous retenons les artistes à la majorité des présents, selon nos coups de cœur tout en privilégiant l’inhabituel, l’inattendu. »

De l’art, partout et sous toutes ses formes

Chaque édition permet de découvrir à la fois des disciplines et des personnalités. Dans la zone humide des Rinceaux, zone naturelle sensible de 10 ha qui propose une balade ludique de deux kilomètres, le land art et ses œuvres éphémères sont à l’honneur. En 2022, cet écrin de verdure a notamment inspiré Marie-Laure Hergibo qui l’a orné d’une gigantesque plume. Dans l’ancienne mairie de Molineuf, l’artiste dentellière Véronique Zimmermann présentait 25 petites sculptures de fil réalisées à l’aiguille ou au fuseau tandis qu’au début du parcours, le couple de sculpteurs KarmaX venu du Lot offrait au regard des promeneurs, une vingtaine d’œuvres en bois brûlé sous le préau et dans le jardin de la mairie. Pour ce qui concerne l’objectif de mettre l’art à portée de tous : « il est clairement atteint, estime l’élue de Valencisse. La proximité entre chaque artiste et les promeneurs est une force car l’artiste explique sa démarche, ses choix, autant d’éléments qui contribuent à l’acculturation de chacun. »

Un soutien des institutions et des entreprises

De fait, les organisateurs cherchent la concordance la plus juste entre le lieu et les créations exposées. Tout Molineuf est mobilisé pour exposer les œuvres, depuis les emplacements communaux jusqu’aux jardins privés au bord de la Cisse ou les caves troglodytes de certains propriétaires. Coté logistique, les artistes exposent gratuitement et sont accueillis dans les chambres d’hôtes et gîtes environnants, entre autres au château du Guérinet à Orchaise. Les repas restent à leur charge. Le budget total de la promenade représente 21 500 € dont 6 500 € pris en charge par la commune de Valencisse, 7 000 € par le syndicat mixte du Pays des châteaux qui récupère les taxes de séjour, 1 500 € par la région, 4 500 € par le conseil départemental, 2 000 € par une quinzaine d’entreprises. « Outre ces engagements financiers, nous bénéficions d’une couverture médiatique et de communication importante, précise Christine Pavy. La Nouvelle République retrace l’évènement et propose des portraits des artistes ; des calicots annoncent l’évènement sur les cinq plus grands ronds-points de l’agglomération et des affiches sont présentes sur les abribus. »

 Valeur ajoutée

Au fil de sa progression, la promenade artistique de Molineuf a donc gagné en notoriété et généré une forte valeur ajoutée pour le territoire : « il n’est pas rare que les promeneurs profitent de l’évènement pour visiter la région, Blois ou les châteaux de la Loire. Ce sont autant de retombées pour les hôteliers et restaurateurs. » Ceux de Valencisse, c’est certain, font table comble ces deux fins de semaine. De plus, cette renommée a maintenant dépassé les frontières du Loir-et-Cher avec des artistes et des visiteurs venant de toute la France, voire d’autres pays. Ainsi de l’invité d’honneur de l’édition 2022, le sculpteur britannique Paul Day. Quant à l’impact culturel sur la population dans son ensemble : « Au fil du temps, des personnes tant dans le comité que parmi les habitants sont devenus de véritables connaisseurs d’art et nous observons depuis plusieurs années des visiteurs professionnels qui font leur marché durant les deux jours de manifestation ».