Le conte à Pougne-Hérisson, pour faire vivre un patrimoine immatériel (79)

Il était une fois au cœur de la Gâtine dans les Deux-Sèvres, un village rural riche de légendes, qui a osé devenir le village du conte. Son festival bisannuel attire depuis plus de trente ans près de 3.000 visiteurs par an et a généré une multitude de propositions autour du conte, de la nature et de la vie ensemble.

Inédite est l’histoire de ce festival du conte qui commence à la fin des années quatre-vingt quand des Pugnaciens (habitants de Pougne-Hérisson) entendent le conteur Yannick Jaulin citer leur commune qu’il ne connaît pas encore. Captivés et curieux, les spectateurs lui proposent de revenir en leur village conter les légendes de celui-ci. À compter de ce temps, Pougne-Hérisson a osé. Osé se proclamer village du conte, osé assumer une identité décalée (plaques des rues réalisées par un artiste, sculptures originales…), osé aussi s’appeler « Nombril du Monde ». Un nom qui s’explique par la « tectonique des plaques » : « nous sommes sur la fin du bassin armoricain, explique Guillaume Motard, maire du village depuis 2014. Des roches -les chirons- affleurent de la terre et l’un de ces gros cailloux ressemble à un nombril ».

Le conte, ADN de Pougne-Hérisson

Mais le conte au fond, qu’est-ce que c’est ? « Trop souvent, il est cantonné à l’enfance, explique Violette Netzer, chargée de relations publiques, médiation et développement au Nombril du Monde, alors que c’est beaucoup plus. À la fois un lien de transmission avec les générations et un chemin initiatique qui conduit à soi-même. Profondeur et spiritualité animent le conte. De plus, sa dimension symbolique lui permet de s’adresser à chaque être, à tous les âges de la vie ». Le maire précise ainsi cette particularité du conte : « le conte c’est la transmission entre les générations. Les artistes avec lesquels nous travaillons sont intéressés par les gens, par leurs histoires. Ils savent faire émerger la parole, qu’ils subliment par leur art du conte. Les gens eux, sont heureux d’être écoutés et reconnus, d’avoir ce sentiment d’appartenance à notre communauté. » Mais le conte est encore plus au regard de l’histoire du territoire : « à travers le conte, nous défendons un patrimoine immatériel. Contre un système qui tend à l’uniformisation, le conte transmet par le langage et la parole les histoires de la ruralité », poursuit Guillaume Motard.

Une association en lien avec les habitants

Pour mettre en œuvre le premier festival à l’été 1990, se crée l’association Le Nombril du Monde, qui compte aujourd’hui six salariés et travaille avec sept artistes associés. Ceux-ci élaborent le contenu artistique et proposent la programmation, tandis qu’une trentaine de bénévoles actifs tout au long de l’année (environ 150 pendant les deux jours de festival) partagent aussi leurs envies pour le festival à venir, comme les spectacles de rue, par exemple, pour le festival 2022. Cette proximité et ce travail commun entre nombre d’habitants, l’association et le comité d’animation de la ville (qui organise les évènements) sont centraux dans la mise en œuvre du festival. D’autant plus que, « le conseil municipal a le souci du lien social, la volonté de favoriser la parole, la communication entre les gens », précise le maire.

Un jardin des histoires

Fort du succès des premières années, la communauté de communes a structuré la démarche en achetant, à l’aube des années 2000, l’Auberge de Georges et les 6.000 m² de terrain autour pour en faire un « jardin des histoires » qui accueille depuis 2004, des évènements tout au long de l’année. Sans compter les nouveaux artistes venus s’installer à proximité de celui-ci. « La dynamique est très intéressante, dit le maire, mais nous sommes aussi attentifs à répondre aux besoins de tous les habitants y compris ceux qui ne sont pas sensibles à cet art du conte. En ce sens, nous soutenons d’autres associations telle qu’As de cœur, qui propose les vide-greniers, kermesses, concours de boule… Et, nous avons rendu le jardin public en 2004 ».

Un jardin des histoires ouvert à tous donc, qui offre une multitude de propositions tout au long de l’année. D’avril à septembre, le jardin est ouvert en visite libre ou contée et propose aussi de nombreux spectacles liés aux arts de la parole. L’hiver, les visiteurs y trouvent des formations, des sorties de résidence d’artistes et peuvent bénéficier d’ateliers socioculturels, tel un atelier de sérigraphie en novembre 2021. « Décalé et rassembleur à la fois, le jardin des histoires a pour rôle de faire vivre la commune et de valoriser sa culture, mais aussi de faire découvrir des histoires d’ailleurs », explique Violette Netzer.

Un avenir en forme de légende

Pour aller plus loin encore, la commune achète, en 2008, avec le soutien du Département et de la Région, le château du Moyen Âge qui surplombe le jardin des histoires. Certains évènements du festival s’y déroulent déjà et au fil de la poursuite des travaux (500.000 € déjà investis dans la restauration), d’autres contes trouveront là leur écrin d’expression. Autre signe de la place majeure que Pougne-Hérisson a pris dans le monde du conte : le village est jumelé avec Chevilly-Larue (94), où se trouve la Maison du Conte.

Quant à l’association Le Nombril du Monde, son offre s’est développée au fil du temps, avec des formations proposées par les artistes associés, des actions auprès des publics scolaires (3.000 élèves accueillis par an), des ateliers familiaux (les labos), ainsi que des résidences soutenues par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), dans le cadre du dispositif « La Petite Chartreuse ». En 2021 et 2022, quatre artistes accompagnés par les artistes associés Anne Marcel et Titus produiront leur travail à Pougne-Hérisson et le présenteront en sortie de résidence au public. À n’en pas douter, le conte, en Gâtine et ailleurs, a encore de longs jours et de belles nuits devant lui.

Les chiffres clés du festival

  • 3.000 visiteurs au festival bisannuel
  • 480.000 € : budget d’une année avec festival
  • Budget de fonctionnement de l’association : 26 % de recettes propres environ (billetterie, boutique, bar…), 64 % de subventions et 10 % d’autres recettes (dons, mécènes…)

Les partenaires

  • Communauté de communes de Parthenay-Gâtine
  • Département des Deux-Sèvres
  • Région Nouvelle Aquitaine
  • État : Direction régionale des affaires culturelles (Drac)

Commune de Pougne-Hérisson

Nombre d'habitants :

372
2 place des Citoyens
79 130 Pougne-Hérisson
mairie-pougneherisson@wanadoo.fr

Guillaume Motard

Maire

Association Le nombril du monde

7 rue des Merveilles
79 130 Pougne-Hérisson
publics@nombril.com

Violette Netzer

Chargée de relations publiques, médiation et développement

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