Le festival des Rias de Quimperlé incarne joyeusement l’intercommunalité (29)
Chaque année, Quimperlé Communauté organise le festival d’arts de la rue Les Rias. Ce rendez-vous de fin d’été est aussi le moyen de prolonger la saison touristique. La manifestation attire plus de 60.000 spectateurs et a renforcé les liens entre les communes et les habitants.
Au sud de la Bretagne, entre Lorient et Quimper, la communauté d’agglomération Quimperlé Communauté (16 communes, 57.000 habitants) organise chaque année à la fin de l’été un festival d’art de la rue. Il est baptisé Les Rias, du nom des petits estuaires - ces embouchures de rivières - qui forment le paysage. La manifestation qui attire 60.000 personnes en cinq jours est née entre trois communes en 2009. Elle est devenue intercommunale à l’échelle du territoire dès 2012.
- Animer la fin de saison estivale
En 2008, les maires des trois communes littorales partagent l’ambition de créer un moment culturel en fin de saison estivale et décident de le faire ensemble. "L’idée de proposer un événement autour des arts de la rue est adoptée, d’abord parce que cela suppose la gratuité des spectacles et qu’il n’existe aucune manifestation à proximité", indique le président de Quimperlé Communauté, Sébastien Miossec, qui est également maire de Riec-sur-Belon, l’une des trois communes côtières.
- Partenariat avec le Fourneau, Centre national des arts de la rue
À une heure de route, la ville de Brest abrite le Centre national des arts de la rue et de l’espace public, appelé le Fourneau. Une convention de trois ans est signée par les trois communes et le Fourneau pour créer le festival des Rias dès l’été 2009. Pendant le week-end précédant la rentrée scolaire, chaque commune propose un spectacle. "Nous avons été débordés par le succès, puisque les spectacles ont réuni de 1.500 à 5.000 personnes", se souvient l’élu.
- Supplément d’âme pour l’intercommunalité
Alors que la convention arrive à son terme en 2011, et face à l’engouement autour du festival, la Communauté de communes décide d’en faire un événement intercommunal. Les élus y ont vu un moyen de construire un territoire. "Jusque-là, le 'machin communauté de communes' restait désincarné, nous avons pensé qu’il était possible à travers un événement culturel de contribuer à lui donner un supplément d’âme", explique le président.
- Trois, puis huit communes participantes
En 2012, le modèle passe ainsi de trois communes avec trois spectacles à huit communes et une trentaine de représentations sur cinq jours. L’engagement dès le départ est de se diffuser sur tout le territoire. Après trois éditions, le public s’accroît de 3.000 à 50.000 spectateurs. Une nouvelle convention sur 4 ans, de 2015 à 2018 prévoit de 60 à 70 représentations dans 10 communes. Ainsi le festival se déplace dans toutes les communes au moins un an sur deux. Il attire désormais plus de 60.000 spectateurs chaque année.
- Appui essentiel des professionnels
Le choix artistique est partagé. Le Fourneau présente ses idées aux élus au printemps chaque année. "Les élus ne formulent pas d’avis sur le fond, il n’y pas d’opportunisme politique, précise le président de Quimperlé Communauté. Nous voulons de l’art de la rue, dans toute la diversité de l’offre." Ainsi en 2018, sur 33 compagnies présentes, une demi-douzaine étaient étrangères, venues d’Espagne, d’Angleterre, de Belgique et de Suisse. L’implication des professionnels du Fourneau garantit ainsi la qualité artistique du festival.
- À la découverte du territoire
"En ce qui concerne la programmation, on écrit ensemble un chemin, c’est-à-dire quelle commune et à quel horaire", ajoute-t-il. Le festival fait ainsi découvrir le territoire… même aux locaux. "J’ai rencontré beaucoup d’habitants de ma commune, située au sud-ouest de la communauté qui n’étaient jamais allés dans des villages situés à 40 minutes de route !" À titre d’exemple, le samedi de l’édition 2018, il y avait cinq spectacles dans la plus petite commune, ce qui a réuni de 2.000 à 3.000 spectateurs dans un village de 800 habitants.
- Organisation partagée
Le Fourneau se charge de l’aspect artistique, des techniciens, de l’intendance et de la sécurité. En contrepartie, la communauté verse une subvention et assure aussi la communication, qu’il s’agisse du site internet dédié, des affiches, du programme largement distribué sur le territoire ou des insertions dans la presse régionale et nationale.
- L’agglomération porte et finance le festival
De plus, la communauté emploie les signaleurs : 80 jeunes et étudiants en gilets jaunes indiquent les parkings, les cheminements et les itinéraires pour les personnes à mobilité réduite. L’agglomération porte et finance le festival, tandis que les communes, via leur personnel technique et leurs associations, assurent les lumières, les toilettes, ou encore les véhicules anti-voiture béliers.
- Retombées positives à évaluer
Pour l’heure aucune étude chiffrée n’a été réalisée pour estimer l’impact du festival, mais une réflexion est en cours avec l’agence de développement économique locale. Toujours est-il que l’élu constate la présence de beaucoup plus de camping-cars à cette époque de l’année.
- Des associations gèrent les lieux de restauration
En termes de retombées économiques, chaque commune propose des points de restauration, tenus par des bénévoles des associations locales qui en conservent les bénéfices. Selon le président, "plusieurs milliers d’euros sont ainsi réinjectés dans les associations locales, c’est une aide indirecte".
- Cordialité et complicité
Devenue une communauté d’agglomération il y a 3 ans, l’intercommunalité possède le même périmètre depuis 2002 ; une longévité qui favorise les projets et la confiance. "J’ai le sentiment que le festival a renforcé la qualité des relations entre les communes et entre les 343 élus, estime le président. Nous avons noué une relation de plaisir et de cordialité, une certaine complicité à chaque fin d’été, nous rions, nous avons des émotions ensemble." Cette convivialité est également partagée par l’ensemble de la population, ce qui renforce l’appartenance au territoire et le vivre-ensemble.
- Ne pas devenir victime de son succès…
Une nouvelle convention doit être signée pour l’édition 2019 et les suivantes. Selon le président, "le principal problème est de savoir comment faire pour qu'il n’y ait pas trop de monde afin que chacun puisse voir les spectacles". Un enjeu certes réel, mais qui a de quoi faire des envieux?!
Budget de 540.000 euros
Le budget s’élève à 540.000 euros, dont 40.000 euros de dispositifs de sécurité depuis l’été 2016. Quimperlé Communauté verse une subvention de 260.000 euros, à laquelle s’ajoutent 60.000 euros de communication et de salaires des 80 signaleurs. D’autres financements proviennent de mécènes, ainsi que de la Drac et de la région.
Quimperlé Communauté
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