Recherche - En 2014, les collectivités ont dépensé 1,3 milliard d'euros pour la recherche et le transfert de technologie
Selon le service statistique en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche (Sies), les collectivités territoriales ont consacré, en 2014, près de 1,3 milliard d'euros à la recherche et au transfert de technologie (R&T). Après une légère inflexion sur une période de 5 ans (*), elles reviennent ainsi à leur niveau de 2009, année "marquée par le plan de relance économique", rappellent les statisticiens du ministère, faisant ainsi bondir les dépenses des collectivités qui étaient encore de 1,09 milliards d'euros en 2008 et 0,96 milliards d'euros en 2007.
451 millions d'euros dans des opérations immobilières
Les opérations immobilières absorbent 36% de ces financements, la moitié étant inscrits aux contrats de plan Etat-région. 451 millions d'euros sont ainsi dévolus à la construction de laboratoires (universitaires ou non), de pépinières d'entreprises innovantes, ou encore de maisons d'accueil pour les chercheurs.
Le soutien aux opérations de transfert de technologie représente quant à lui 30% des dépenses R&T des collectivités, soit 378 millions d'euros consacrés à la recherche partenariale, les dispositifs de valorisation et d'autres aides à l'innovation en entreprise.
Les collectivités dépensent par ailleurs 141 millions d'euros dans des projets de recherche publique (soit 11% de leur dépense en R&T), 133 millions d'euros dans des aides aux chercheurs (10%), 101 millions d'euros dans des équipements de laboratoires publics (8%), 40 millions d'euros dans la diffusion de la culture scientifique (3%) et 15 millions d'euros dans des réseaux THD et TIC (1%).
Des politiques souvent régionales, mais pas toujours
Sans surprise, les régions apportent 66% du financement R&T local, soit 832 millions d'euros. Le poids des départements est estimé à 15%, celui du bloc local à 19% (17% pour les EPCI et 2% pour les communes).
Mais quand le Sies entre dans le détail, il observe que "les différents niveaux de collectivités territoriales sont diversement sollicités suivant les territoires". Les collectivités d'Ile-de-France ont ainsi dépensé, en 2014, 181 millions d'euros en R&T dont 68% venaient de la région, ce qui correspond à la moyenne nationale, mais 24% venaient des conseils départementaux et 7% du bloc local. Celles de Rhône-Alpes ont dépensé 148 millions d'euros dont 43% seulement venaient en 2014 du conseil régional, 23% des conseils départementaux et 35% du bloc local. Dans les Pays de la Loire, la troisième région la plus "dépensière" en termes de R&T, 73% des dépenses étaient assurées par le conseil régional, 13% par les conseils départementaux et 15% par le bloc local.
Le bloc local du Nord-Pas-de-Calais contribue pour 61%
Il semblerait que, dans les territoires les moins "dépensiers" en R&T, ce soient surtout les départements qui ont désertés. C'est flagrant en Corse, où le conseil régional contribuait à 99% des 6,3 millions d'euros consacrés à la R&T en 2014 par les collectivités (1% par le bloc local), et en Limousin où les 12,5 millions d'euros étaient assurés à 93% par le conseil régional et 7% par le bloc local. En Auvergne, les 11,6 millions d'euros de dépenses se répartissaient entre 82% pour le conseil régional, 4% pour les conseils départementaux et 14% pour le bloc local.
Quatre territoires affichent un poids des conseils régionaux supérieur ou égal à 90% : la Corse et le Limousin donc, mais aussi l'Aquitaine (90% des 81,5 millions d'euros dépensés, tandis que le bloc local contribue à 8% et les départements à 2%) et le Languedoc-Roussillon (90 %, avec 1% venant des départements et 9% du bloc local).
Le poids du financement régional était inférieur 60% dans des territoires aussi différents que : le Nord-Pas-de-Calais (34%, 5% pour les départements et 61% pour le bloc local !), Rhône-Alpes (43%, 23% pour les départements, 35% pour le bloc local), Paca (54%, 30% pour les départements, 16% pour le bloc local) et la Bretagne (56%, 20% pour les départements, 25% pour le bloc local). Mention spéciale, donc, pour les conseils départementaux de Paca qui contribuent à hauteur de 30% aux dépenses de R&T, et pour les communes et EPCI du Nord-Pas-de-Calais qui y contribuent pour 61%.
Avec les grandes régions, les phénomènes de concentration deviennent moins visibles
Si le classement des régions les plus dynamiques en termes de financement de R&T (plus de 115 millions d'euros) faisait apparaître en tête de liste les régions Ile-de-France, Rhône-Alpes et Pays de la Loire, et en queue de liste la Corse, le Limousin et l'Auvergne, les nouveaux contours régionaux changent la donne. "Les regroupements opérés équilibrent les niveaux de financement des territoires régionaux, la concentration des financements R&T devenant ainsi moins forte qu'elle n'apparaissait auparavant", note le Sies. Dès lors, la moitié des territoires régionaux apportent plus de 100 millions d'euros à la R&T et seulement trois régions (la Corse, la Bourgogne-Franche Comté et le Centre-Val de Loire) dépensent moins de 70 millions d'euros en faveur de la R&T. Le territoire auvergnat se retrouve ainsi propulsé à la seconde place, la nouvelle région "Auvergne-Rhône-Alpes" affichant des dépenses de 159,4 millions d'euros de R&T, juste derrière l'indéboulonnable Ile-de-France (181 millions d'euros) et suivie de l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Les Pays de la Loire, seuls, sortent du trio de tête et occupent désormais l'honorable quatrième place (119,7 millions d'euros). Le Limousin est haussé à la cinquième (107,2 millions d'euros) à la faveur de son regroupement avec l'Aquitaine et Poitou-Charentes.
32,4 euros/habitant en Pays de la Loire, deux fois moins en Ile-de-France
Le financement vu sous l'angle du financement par habitant fait apparaître d'autres champions. Les Pays de la Loire arrivent largement en tête avec 32,4 euros/habitant, suivis de la Basse-Normandie-Haute Normandie avec 27 euros/habitant, puis la Bretagne avec 22,8 euros par habitant et Paca avec 22,6 euros par habitant. L'Ile-de-France n'est plus qu'à 15,1 euros par habitant, soit largement sous la moyenne située à 19,2 euros/habitant. Auvergne-Rhône-Alpes est à 20,4 euros par habitant et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine à 22,1 euros par habitant. La Corse est finalement au-dessus de la moyenne (19,4 euros par habitant), les grandes régions les moins mobilisées pour la R&T deviennent la Bourgogne-France-Comté (12,2 euros/habitant), le Centre Val-de-Loire (13,6 euros par habitant) et Nord-Pas-de-Calais-Picardie (13,6 euros par habitant également).
Là encore, avec les nouvelles régions, "les efforts en faveur de la R&T des territoires, dans leurs nouveaux contours, apparaissent lissés. Ainsi, aucun effort en faveur de la R&T n'est inférieur à 10 euros par habitant". Les anciens découpages pointaient du doigt Poitou-Charentes (7,4 euros/habitant), la Bourgogne (8,4 euros/habitant) et l'Auvergne (8,5 euros par habitant).
41% des dépenses R&D des entreprises sont réalisées en Ile-de-France
On est naturellement très loin des dépenses intérieures de recherche et développement (Dirde) réalisées par les entreprises qui s'établissaient en 2014 à 31,5 milliards d'euros, ce qui représente une augmentation de 2,3 % en volume en un an (c'est 1,48 % du PIB, soit +0,2 point en 7 ans).
Ces dépenses sont concentrées dans trois régions, qui réalisent 68% des dépenses et emploient 65% des effectifs de R&D en entreprise : l'Ile-de-France (13,1 milliards d'euros en 2014, soit 41% de la Dirde et 40% des effectifs de R&D nationaux), l'Auvergne-Rhône-Alpes (4,5 milliards d'euros) et la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (3,4 milliards d'euros). Dans trois grandes régions, les entreprises dépensent moins de 1 milliards d'euros en R&D. Il s'agit des Pays de la Loire, des Haute-Normandie-Basse-Normandie et du Centre-Val-de-Loire.
Valérie Liquet
(*) 1,19 milliards d'euros en 2010, 1,18 milliards d'euros en 2011, 1,21 milliards d'euros en 2012, 1,20 milliards d'euros en 2013.