Lutte contre l'exclusion - Des associations alertent le Premier ministre sur la situation de "millions de travailleurs pauvres"
"7,5% des travailleurs en France sont pauvres. Ils font partie des 8,5 millions de personnes qui vivent dans notre pays avec moins de 987 euros par mois." Dans une lettre datée du 26 février, les présidents de différents mouvements et réseaux associatifs (*) tentent d'attirer l'attention du Premier ministre sur la situation de fragilité économique et sociale de personnes ayant pourtant un emploi. "Bien qu'[elles] travaillent", ces personnes font face à "des problèmes sérieux pour se loger, s'alimenter, se soigner, se déplacer ou accéder aux loisirs".
Les responsables associatifs demandent donc au Premier ministre de mettre en œuvre "une politique ambitieuse" pour "lutter contre la pauvreté et la précarité en emploi", avec "un engagement budgétaire ferme de l'Etat". Et ils indiquent trois axes prioritaires : "la simplification de l'aide pour réduire le non recours, le soutien au pouvoir d'achat des salariés modestes et leur accès à un accompagnement".
Ouvrir et faciliter l'accès à la future prime d'activité
Dans la perspective de la fusion du RSA activité et de la Prime pour l'emploi, les présidents recommandent de rendre la future prime d'activité "connue, extrêmement simple à demander, à comprendre également et ouverte à tous les travailleurs pauvres, y compris les 18-25 ans et même s'ils sont étudiants ou apprentis". A l'inverse, la "généralisation du caractère familial" de cette prime "se traduirait par une perte de pouvoir d'achat brutale", alertent-ils.
Autre enjeu mis en avant : la nécessité d'agir le plus en amont possible. Au-delà des aides financières, un travailleur doit pouvoir bénéficier d'un conseil et d'un accompagnement "dès que la difficulté apparaît". Les responsables associatifs préconisent sur ce point de développer "des solutions [qui] existent déjà, autour de fonds d'action dans certaines branches professionnelles, de partenariats entreprises/associations, d'information par les syndicats de salariés".
Des réponses attendues le 3 mars prochain
Les "acteurs de l'insertion et de l'emploi" en appellent enfin à "la mobilisation de tous pour apporter aux millions de travailleurs pauvres des solutions". Ils demandent au Premier ministre de s'appuyer davantage sur l'expertise des associations pour réussir les réformes engagées dans le cadre du plan Pauvreté. Et de prévoir, "à plus long terme", une concertation sociale permettant d'aborder "l'ensemble des problématiques des travailleurs précaires".
Dans leur communiqué, les présidents des associations précisent que le Premier ministre "annoncera le 3 mars prochain la suite du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté".
(*) La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars), Emmaüs France, Coorace, le Mouvement national des chômeurs et précaires et le collectif Alerte