Archives

Sport / Education - "Cours le matin, sport l'après-midi" bénéfique pour le bien-être, pas pour la scolarité

"Au total, s'il n'est pas avéré que les modifications introduites par l'expérimentation 'Cours le matin, sport l'après-midi' aient une influence directe sur les résultats scolaires des élèves, la convergence d'aspects positifs dans leurs réponses témoigne d'une amélioration de leur bien-être, de leur sociabilité et de leur sentiment d'autonomie." Telles sont les conclusions d'une note du ministère de l'Education intitulée "Les effets de l'expérimentation 'Cours le matin, sport l'après-midi', année scolaire 2010-2011", publiée le 31 décembre 2011.
Lancée à la rentrée scolaire 2010, "Cours le matin, sport l'après-midi" a concerné pour son premier exercice 120 collèges et lycées volontaires. Au cours de l'année, plus de 7.000 élèves ont bénéficié, en moyenne, de 2h30 de pratique sportive et de 2h de pratique culturelle supplémentaires par semaine. L'expérimentation visait principalement à "contribuer, par une pratique régulière, à la réussite des élèves ainsi qu'à l'amélioration de leur bien-être et leur santé", mais aussi à valoriser les compétences des élèves et leurs connaissances dans le domaine des activités physiques. Par ailleurs, l'apprentissage de l'esprit d'équipe, l'inculcation de certaines valeurs comme le goût de l'effort ou le respect de la règle avaient encore pour ambition de prévenir les violences à l'école.

Les enfants s'adaptent bien à leur nouvel emploi du temps

Réalisée par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) à la demande de la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO), l'évaluation s'appuie sur la comparaison entre les réponses recueillies auprès d'un échantillon d'élèves bénéficiant de l'expérimentation (dit "groupe expérimentateur") et celles d'un échantillon d'élèves (dit "groupe témoin") de niveau comparable n'en bénéficiant pas. Par ailleurs, les parents des élèves du groupe expérimentateur ont été interrogés sur les effets de l'expérimentation qu'ils auraient perçus chez leur enfant.
La première partie de l'évaluation porte sur les effets de l'expérimentation sur l'emploi du temps des élèves. Pour une majorité de parents du groupe expérimentateur, les horaires quotidiens de leur enfant n'ont pas changé pendant la semaine, sauf en ce qui concerne l'heure du retour à la maison (20% disent que leur enfant revient plus tôt, 36% plus tard). Toutefois, 38% des parents estiment que l'heure du réveil est plus matinale. Autre aspect de la vie quotidienne des élèves : les occupations du soir ne sont pas influencées par l'expérimentation. Pour les deux groupes d'élèves étudiés, la télévision et internet viennent avant les devoirs à la maison, les sorties, la lecture, etc.
La nouvelle organisation satisfait les parents comme les élèves. Une large majorité de parents estime que l'adaptation de leur enfant au nouvel emploi du temps s'est faite dans de bonnes conditions, d'une part, et se félicite de leur assiduité et du respect des horaires scolaires, d'autre part. Les élèves expérimentateurs sont plus nombreux que les élèves témoins à se déclarer "très satisfaits" de leur emploi du temps.

Neuf parents sur dix satisfaits du bien-être de leurs enfants

La deuxième partie de l'évaluation porte sur les effets sur la santé et le bien-être des élèves. Qu'ils soient inscrits en section sportive ou culturelle, 43% des élèves expérimentateurs (contre 33% dans le groupe témoin) disent se sentir mieux dans leur corps. Côté parents, on déclare que la santé des enfants est restée stable (72%) ou s'est améliorée (20%). Le bien-être et la santé de leur enfant est un des apports de l'expérimentation qui satisfait neuf parents sur dix. Autre aspect notable de l'évaluation sur la santé et le bien-être : l'expérimentation encourage les élèves à solliciter un suivi ou une aide de la part de l'infirmerie scolaire.
Les élèves des deux groupes ne se distinguent pas par leurs besoins alimentaires, même si les parents des élèves expérimentateurs remarquent un besoin de manger davantage. En revanche, les élèves expérimentateurs ressentent l'envie de boire plus d'eau. Côté sommeil, des élèves expérimentateurs disent bien dormir la nuit dans une proportion très légèrement supérieure (83% contre 80% d'élèves témoins). Ils disent surtout aller se coucher plus tôt (avant 22h pour 49%, contre 39% des élèves du groupe témoin). Enfin, l'évaluation souligne que les élèves expérimentateurs sont plus sociables et parlent davantage de leurs activités sportives et scolaires avec leurs parents.

Un effet nul sur la scolarité…

Autre aspect évalué par l'étude : les effets de l'expérimentation sur la scolarité des élèves. Chez les parents, la perception des résultats scolaires ne varie pas. L'influence de l'expérimentation sur la ponctualité, les absences et les sanctions n'est pas non plus notable. Pas plus qu'elle n'est significative sur les capacités déclarées de concentration, d'attention, de mémorisation et d'effort. Aucune différence n'est observée entre les élèves des deux groupes en termes d'efforts déployés pour le travail scolaire.
En revanche, les élèves expérimentateurs se déclarent sensibles au fait de progresser dans une discipline sportive grâce au supplément de temps dont ils bénéficient. Par ailleurs, ils mettent en avant l'apprentissage du respect des règles et l'acquisition de plus d'autonomie parmi les bienfaits de l'expérimentation. Enfin, l'appartenance à une section sportive améliore le moral, la sensation de détente, la motivation à travailler, etc. Leurs parents confirment l'importance pour leur enfant de pratiquer un sport : 64% d'entre eux constatent que leur enfant semble davantage motivé pour pratiquer une discipline sportive et bien travailler en classe. Enfin, 85% des élèves expérimentateurs se disent satisfaits de l'offre en activités sportives. Une proportion qui tombe à 67% chez ceux qui pratiquent une activité artistique ou culturelle.
Pour le ministère de l'Education, cette première approche de l'expérimentation "reste toutefois limitée. Il est nécessaire d'attendre deux ou trois années avant de pouvoir en apprécier pleinement les effets à partir notamment de l'analyse des regards qu'auront pu y porter les professeurs et les chefs d'établissement". Lancée pour une durée de trois ans, l'expérimentation "Cours le matin, sport l'après-midi" a été étendue à plus de 210 établissements et près de 15.000 élèves en 2011-2012.