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Commerce en 2023 : avec la hausse du prix de l'énergie, les perspectives sont préoccupantes

Si le commerce spécialisé a rebondi de janvier à septembre 2022 après la période difficile du covid, il n'atteint pas le niveau d'avant crise et fait face à de nouvelles difficultés, au premier rang desquelles la hausse du coût de l'énergie. Dans un bilan présenté ce18 octobre, Procos met en avant les urgences : bloquer les prix de l'énergie, lancer le plan Commerce 2030 et soutenir les investissements des entreprises du commerce pour les aider à poursuivre leur transformation.

"Les rebonds sont là, après la période covid, mais on a du mal à réatteindre le niveau d'avant crise et les crises se succèdent sans discontinuer". Le diagnostic d'Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, est assez sombre. La fédération du commerce spécialisé présentait ce 18 octobre 2022 le bilan de l'activité depuis le début de l'année 2022 et les perspectives pour début 2023.

Au total, de janvier à septembre 2022, les ventes magasins ont été très supérieures à 2021, année durant laquelle les magasins faisaient encore l'objet de fermetures ou d'horaires restreints en lien avec la crise sanitaire. Mais les ventes 2022 restent inférieures à celles de 2019 : -2,5% en termes de chiffres d'affaires. Seuls l'alimentaire spécialisé (+16,2%), l'équipement de la maison (+6,4%) et le sport (7%) réalisent des chiffres d'affaires magasins supérieurs à l'avant covid. Et les ventes internet sur la même période (janvier-septembre 2022) ont quant à elles chuté de 15,8%. Seul le secteur de la chaussure s'en sort bien en ligne (+7,2%).

Une fréquentation des magasins fortement impactée

La fréquentation des magasins est fortement impactée : elle est inférieure à celle de 2019 à la fois dans les centres-villes et dans les centres commerciaux, avec une moyenne de -15%. Une "tendance à une moindre fréquentation des magasins probablement définitive, a souligné Emmanuel Le Roch, car il y a un changement de comportement du consommateur qui prépare davantage son achat et fait moins de 'lèche-vitrine'". Le télétravail explique aussi en partie ces résultats. Cette dégradation de la fréquentation se fait au fil des mois, et particulièrement au nord de la Loire, en Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Normandie et Hauts-de-France.

Après les gilets jaunes, les grèves SNCF, la crise covid, l'inflation et la hausse des coûts de l'énergie viennent encore compliquer la tâche des commerçants. Un contexte qui impacte une nouvelle fois la fréquentation, en particulier celle des centres commerciaux de périphérie. La baisse est estimée à -20% pour le début du mois d'octobre pour ces centres, sans compter les mouvements sociaux en cours.

Des perspectives pour 2023 préoccupantes

"Les perspectives pour 2023 sont plutôt préoccupantes", a insisté Laurence Paganini, présidente de Procos, avec un coût de l'énergie à la hausse, qui s'ajoute à l'inflation et à la baisse du revenu disponible, et aux difficultés de trésorerie des entreprises de commerce. "La situation actuelle n'est pas facile pour des acteurs déjà fragilisés, a expliqué Emmanuel Le Roch, le problème du coût de l'énergie est un sujet extrêmement inquiétant ; cela va dépendre de la capacité de l'Etat à trouver des solutions. On peut imaginer que le coût reste élevé à long terme, mais là, il est insupportable". A l'heure actuelle, 40% des acteurs du commerce spécialisé n'ont pas encore négocié leur contrat pour 2023. Procos propose de plafonner le prix de l'énergie pour 2023 et de rétroagir sur les contrats déjà signés, sans quoi les défaillances risquent de se multiplier rapidement, alerte la fédération.

Autres propositions : clôturer les assises du commerce, pour impulser une politique du commerce en France, à travers un Plan commerce 2030. D'après Procos, qui a rencontré récemment Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, cela pourrait intervenir d'ici la fin de l'année 2022.

Soutenir l'investissement des entreprises du commerce

L'indexation de l'indice des loyers commerciaux à +3,5% pour les loyers de toutes les entreprises en 2023, la prolongation des prêts garantis par l'Etat (PGE) et la confirmation de la suppression de la CVAE font aussi partie des pistes préconisées par Procos.

"Nous tentons aussi avec le gouvernement de chercher des solutions pour soutenir l'investissement des entreprises du commerce de toute taille car il ne faut pas oublier les autres thèmes de transformation", a détaillé Emmanuel Le Roch. Au-delà de la gestion de la situation actuelle, le délégué général de la fédération du commerce spécialisé estime en effet qu'il faut penser à l'avenir, et investir pour la transition écologique et la transformation de l'offre.

Enfin, dernier point, la fiscalité : Procos estime qu'il ne faut pas accroître la fiscalité du commerce omnicanal sous prétexte de fiscaliser les entrepôts de pure players du e-commerce. 

 

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