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Environnement - Changement climatique : la recharge des nappes d'eau souterraines pourrait baisser de 10 à 25% en 2070

La recharge des nappes d'eau souterraines pourrait diminuer de 10 à 25% sur l'ensemble de la France à l'horizon 2070, avec un impact plus marqué au sud d'une ligne allant du Havre à Grenoble selon les résultats du projet de recherche Explore 2070 présentés jeudi 16 avril par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Coordonné par le groupement BRGM/Armines et achevé en 2012, ce projet, commandé par le ministère de l'Ecologie, s'est appuyé sur sept modèles de climat issus du scénario médian d'émission de gaz à effet de serre du quatrième rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Aujourd'hui, on estime en moyenne à 100 milliards de m3 (100 km3) les ressources en eau dans le sous-sol métropolitain, souligne le BRGM, dont près de 34 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour répondre aux différents besoins. Selon les nappes, les volumes soutirés vont de 1 à 10% de leur débit naturel, mais ce pourcentage peut localement atteindre 50%, voire 100%.
Avec un réchauffement de l'ordre de 2°C, l'évapotranspiration, autrement dit la part des eaux souterraines absorbée par la végétation, risque d'augmenter de 10 à 15%. Conjugué à la baisse attendue de la pluviométrie, ce phénomène peut entraîner selon les scientifiques une baisse de 20% de la "pluie efficace", c'est-à-dire celle qui s'infiltre dans le sol et contribue à la recharge des nappes. Deux zones géographiques seraient alors plus particulièrement touchées : le bassin de la Loire où la baisse de la recharge des aquifères pourrait atteindre jusqu'à 30% sur une moitié du bassin-versant du fleuve, et le sud-ouest avec une baisse comprise entre 30% et 50%. Ces différences s'expliquent notamment par la variation des précipitations suivant les régions, "plus difficiles à anticiper que les effets du changement climatique sur les températures, qui sont assez homogènes", a expliqué Florence Habets, directrice de recherche du CNRS en hydrométéorologie, qui a travaillé sur le projet Explore 2070.
Les changements climatiques auront également un effet sur les débits moyens des cours d'eau, selon les experts du BRGM. Une baisse de 10 à 40% du débit moyen mensuel est attendue sur la moitié nord de la France. Elle pourrait atteindre de 30 à 50% (voire localement 70 %) dans la moitié sud du pays. La situation pourrait être particulièrement critique en période d'étiage, quand les fleuves et rivières atteignent leur plus bas niveau, entre août et octobre. Autre conséquence envisagée : la surélévation du niveau marin, qui expose les aquifères côtiers à une intrusion croissante d'eaux salées. Le pourtour méditerranéen, de Perpignan jusqu'à la Camargue, est particulièrement exposé à ce risque, de même que les zones basses de marais sur le littoral atlantique, a souligné Serge Lallier, directeur adjoint eau-environnement du BRGM.
"Il conviendra donc de mieux répartir les prélèvements dans l'espace et dans le temps, d'optimiser la gestion de la ressource et, suite à la remontée du niveau marin et au développement urbain en bord de mer, de déplacer les ouvrages de prélèvements proches du milieu littoral", préconise l'organisme de recherche. Il recommande aussi une "gestion active de la ressource, par le stockage en aquifère ou la recharge artificielle".

Anne Lenormand

Eaux souterraines : un niveau globalement favorable en fin d'hiver
83% des réservoirs d'eau souterraine de France affichent en cette fin d'hiver 2014-15 un niveau égal ou supérieur à la normale, selon le dernier bilan du BRGM. Ces six mois d'automne et d'hiver, semestre durant lequel la végétation est en sommeil et les précipitations en principe plus abondantes, sont décisifs car ils permettent la reconstitution des nappes.
"Cette situation globalement satisfaisante est à nuancer en fonction des régions", souligne toutefois l'organisme, après deux années consécutives exceptionnelles,  marquées par un excédent de 20%. "Le niveau actuel des réservoirs souterrains permet d'envisager sereinement la prochaine période estivale, mais la vigilance reste de mise en fonction des régions."
La tendance est favorable surtout pour le sud-est, le bassin Artois-Picardie, l'amont pyrénéen et la Corse, énumère l'établissement public, qui suit l'évolution en temps réel des eaux souterraines sur 1.200 points. Les aquifères du Bassin parisien, du bassin Adour-Garonne et du Languedoc-Roussillon présentent aussi une situation satisfaisante. En revanche, la recharge est moins bonne sur la nappe d'Alsace, au nord de Colmar, et sur la nappe de la Côte-des-Bars en Champagne-Ardenne. Une situation liée à une météo hivernale plus humide qu'à l'ordinaire dans le Limousin et dans les régions méridionales. Un temps sec a au contraire dominé dans la moitié nord. En moyenne sur le pays, la pluviométrie a été déficitaire de près de 20%, rappelle le BRGM. A.L.
 

 

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